Etre avec les abeilles

 Ciné-rencontre le samedi 18 septembre à 20h en présence d’Emmanuel Vidal de l’ADEP (Association des Entomologistes de Picardie)

A Compiègne, Cinéma Majestic, Place J. Tati

Bande-annonce :https://www.jupiter-films.com/film-etre-avec-les-abeilles-108.php

Plusieurs dizaines de personnes pour cette séance sur la vie des abeilles, les ruchers, les problématiques apicoles, les néonicotinoïdes, etc.

Emmanuel à donc du intervenir (seul) pour répondre aux multiples questions. Ces dernières, majoritairement ciblées sur l’apiculture. Le débat a eu l’avantage de faire prendre conscience de l’intérêt majeur des insectes pollinisateurs et de leur protection.

Trichoferus pallidus (Olivier, 1790)

C’est en juillet et en août que ce discret Cerambycidae se manifeste. Crépusculaire et nocturne, il ne s’intéresse qu’au bois mort et sec des feuillus avec une nette préférence pour le chêne.

Trichoferus pallidus mâle, Photo : J.-L. Hercent, 2021 Tous droits réservés.

Réputé assez rare ou rare selon les auteurs, il est venu à la lumière le 22-08- 2021, lors d’un inventaire de lépidoptères nocturnes à la Maison du Parc Naturel Oise-Pays de France, et photographié par J.L. Hercent.

Sa présence en forêt de Chantilly pourrait être favorisée par les nombreux chênes plus ou moins dépérissants depuis les sécheresses de ces dernières années.

Trichoferus pallidus femelle, Alain Berly — Image sous licence CC BY NC

Mante religieuse

S’il y a bien un insecte connu par le plus grand nombre, il s’agit bien de la mante religieuse (Mantis religiosa). Il existe plusieurs espèces en France. Dans le Nord de la France seule notre fameuse « religieuse » est présente. En Picardie, nos trois départements lui offrent gîtes et couverts et il n’est plus rare de la voir dans les milieux chauds et secs, y compris dans nos jardins.

Mante religieuse, Photo L Colindre

Comme venue d’une autre planète, elle est parée d’une tête triangulaire rotative et flanquée de longues pattes ravisseuses souvent jointes (d’où la symbolique de son patronyme). L’insecte –volant- de 50 à 70 mm surprend toujours l’entomologiste qui la trouve sur son chemin. Encore faut-il voir l’animal qui se confond comme aucun autre dans son environnement. Son manteau vert (parfois grisâtre) et son immobilité lui assurent souvent une discrétion salutaire face aux prédateurs et l’observateur peu attentif passera très souvent devant l’insecte sans même s’apercevoir de sa présence !

Mante religieuse Photo L Colindre.

C’est surtout en septembre, époque de la ponte des femelles gravides à l’abdomen bien rempli de la future génération, que l’observation est la plus régulière. Mais il n’est pas rare d’en voir entre juin et octobre.

Ponte d’une femelle sous un nez de marche, Bienville 60 Photo L Colindre.

Ci-dessus, cette femelle observée sous un nez de marche d’une maison dans l’Oise (05 septembre 2021) qui finit son cocon (visible à droite de l’image), appelé « Oothèque » (sorte de « mousse » liquide qui durcit à l’air libre et dans lequel environ 200 à 300 œufs protégés émergeront en juin l’année prochaine).

« Vieille » oothèque. On y observe les loges ouvertes au centre. Photo : L. Colindre.

Quelques photos de Mantes que vous ne verrez pas en Picardie (pas encore !)

Ameles decolor. Provence 2014 Photo L Colindre.
Empusa pennata (le Diablotin). Provence 2014 Photo L Colindre.

Hippodamia tredecimpunctata – ch’ti reportage

Observation, dimanche 17/08 d’une profusion de nymphes de coccinelles sur Menthes aquatique situées au-dessus d’une mare peu profonde de Cahon-Gouy dans la Somme (peut-être 20 pieds concernés). Parfois 3-4 nymphes par pied. Ce qui fait du monde !

Parmi elles, une larve en train de se nymphoser et, enfin, pour confirmer mes hypothèses, un adulte en train de manger ce qui ressemble aux restes d’une nymphe … de congénère (?). Drôles de mœurs !

L’occasion de (re)voir à quoi ressemble une nymphe de cette coccinelle.

Photos : Hippodamia tredecimpunctata, X. Lethève.

Blanc bonnet ou bonnet blanc… Les Piérides !

Identifier les Pieridae

Accouplement de Piérides © Carole Derozier

Des papillons blancs sont visibles un peu partout depuis le début du printemps : « Tiens ! Une piéride ! »

Facile à dire… mais laquelle ? Les identifier n’est pas toujours aisé. Cependant, les possibilités de rencontres dans la famille des Pieridae sont dans les Hauts-de-France trois fois moins nombreuses que dans le Sud de la France, en nombre d’espèces.

© Carole Derozier

==================================== Certains Pieridae sont faciles à reconnaître

car ils ne sont pas intégralement blancs :

► C’est le cas de l’Aurore, Anthocharis cardamines, (chenilles sur Cardamine, Arabis…), avec un notable dimorphisme sexuel entre le mâle et la femelle, cette dernière ne possédant pas les angles des ailes orangés du mâle.

Anthocharis cardamines, l’Aurore (ici un mâle) © Carole Derozier

► Le Souci, Colias crocea (ainsi que les rares Soufré, Colias hyale et Fluoré, Colias alfacariensis, seulement discernables par des spécialistes) se distingue par sa belle couleur jaune d’or :

Colias croceus, Le Souci © Carole Derozier

► et le Citron, Gonepteryx rhamni (chenille sur Nerprun), aux élégantes ailes en forme de feuille, de couleur jaune pâle, un papillon qui hiberne en imago, sans geler malgré les frimas car son corps contient un antigel naturel ! C’est la raison pour laquelle il est un des premiers papillons visible en fin d’hiver, début de printemps, dès que les températures se réchauffent suffisamment :

Gonepterix rhamni, le Citron © Carole Derozier

► ainsi que la trop parcimonieuse et migratrice Piéride du Réséda, Pontia daplidice (sur réséda et brassicacées) et le désormais trop rare Gazé ou Piéride de l’Aubépine, Aporia crataegi (sur Aubépine, Prunellier et  Sorbier) :

Aporia crataegi , le Gazé © Dominique Messin
Aporia crataegi, le Gazé © Xavier Lethève

========================================Restent 4 espèces de Piérides blanches possiblement observables au nord de Paris, voire 5 si on compte aussi une bébête qui monte, qui monte vers le nord depuis quelques années…

1 Pieris napi, la Piéride du Navet, (chenilles sur Brassicacées, plusieurs générations d’avril à octobre) : on distingue au-dessous des ailes des suffusions grises le long des nervures, surtout sur la 1ère génération, et une coloration jaune pâle. Les nervures grises sont également un peu visibles du dessus :

Pieris napi, la Piéride du Navet © Carole Derozier

2 ► Pieris rapae, la Piéride de la rave, (chenilles sur Brassicacées, plusieurs générations) dont le mâle possède deux petites taches grises au centre des ailes antérieures, tandis que la femelle présente deux grosses taches sombres. Si les nervures des ailes sont visibles, elles ne sont pas soulignées de gris, même si une suffusion grise est visible sur le haut des ailes. Le dessous des ailes antérieures peut être blanc à jaunâtre. Enfin, la marque noire à l’apex des ailes antérieures ne forme  pas un angle régulier et est peu marquée :

© Carole Derozier
© Carole Derozier

3 ► La Piéride du Chou, Pieris brassicae (chenilles sur Brassicacées, parfois capucine) : autrefois très commune, cette espèce est en régression. Elle vole sur 2 générations, vernale puis estivale. Elle se distingue au premier abord par sa taille : elle est pratiquement une fois et demie plus grosse que les deux espèces précédentes.

© Carole Derozier

La femelle se reconnait à ses deux grosses taches noires presque carrées visibles sur le dessus et le dessous des ailes antérieures ; elles ne sont visibles que de dessous chez le mâle. En revanche, tous deux possèdent une marque bien noire à l’angle des ailes antérieures, équitablement répartie sur les deux bords des ailes :

© Carole Derozier

4 ► La Piéride de la Moutarde ou Piéride du Lotier, Leptidea sinapis (chenilles sur légumineuses). Ce papillon vole de mai à juin puis à partir de fin juillet jusqu’au début d’août. Espèce plus rare, elle se distingue par sa très petite taille, l’étroitesse de ses ailes arrondies, non anguleuses comme chez les trois autres Piérides. Elle se ferme dès qu’elle se pose et ne présente pas de motif, seulement de vagues ondulations grises, moins visibles sur la seconde génération.

5 ► Pieris mannii, la Piéride de l’Ibéride ; profitant des Ibéris de nos jardins, cette espèce remonte discrètement mais sûrement vers le nord de la France, où elle est sans doute souvent confondue avec Pieris rapae, les critères pour différencier ces deux espèces étant très ténus, semant un peu plus de confusion dans les déterminations de ces jolis papillons blancs.

Si les Piérides sont très présentes dans nos campagnes, elles ne sont pas pour autant des papillons faciles à identifier et nécessitent un bon entraînement et de la circonspection :

alors, blanc bonnet ou… bonnet blanc ?

Les chenilles : Une autre façon d’étudier Les papillons

© Carole DEROZIER (Saturnia pyri, stade 5)

Vous ne courez pas vite ? Vous avez oublié votre filet ? Vous avez envie de voir de nouvelles espèces… Avez-vous pensé à rechercher les chenilles ?

On peut rencontrer des chenilles en toutes saisons car certaines hibernent en se cachant sous les feuilles ou en s’enterrant. Mais la belle saison est évidemment plus propice à leur observation, principalement sur leurs plantes nourricières sur lesquelles on les trouve isolées ou bien en groupe.

© Carole DEROZIER

Que ce soit à vue, au battage des branches ou au fauchage des herbes basses, il est fréquent d’observer des chenilles, jusque sur les plantes, arbres ou arbustes du jardin qu’elles ne dédaignent pas. On en trouve également sur des supports plus ou moins naturels, certaines chenilles se promenant sur des bâtiments ou dans des chemins à la recherche d’un lieu propice à leur nymphose (dernière mue qui les fait passer à l’état de chrysalide).

© Carole DEROZIER

Se nourrissant de feuilles, ou parfois de lichens, elles se confondent en général avec leur support : elles peuvent ressembler à une nervure de feuille, une branchette, un bourgeon, de l’écorce, un rayon de soleil sur une feuille… Mieux vaut avoir l’œil !

© Carole DEROZIER

Et lorsqu’elles sont bien colorées, leurs couleurs sont parfois mimétiques avec leur support,  tout en indiquant à d’éventuels prédateurs qu’elles ne sont pas comestibles. Certaines se nourrissent en toute discrétion, cachées à l’intérieur des feuilles dans lesquelles elles s’enroulent, comme le Vulcain (Vanessa atalanta). D’autres se font passer pour… une fiente d’oiseau, comme Robert-le-diable (Polygonia c-album).

© Carole DEROZIER

Leurs poils, lorsqu’elles en sont couvertes, servent également à les protéger des prédateurs, mais aussi des chutes en leur servant d’amortisseurs. Dans ce cas, il vaut mieux éviter de les toucher, sous peine d’irritations parfois très graves (chenilles de Processionnaires du chêne ou du pin = DANGER ne pas approcher !)

© Carole DEROZIER

Les chenilles, larves des papillons, ne ressemblent pas aux adultes (imagos) qu’elles deviendront, en général leurs couleurs diffèrent complètement. Et elles ne sont pas plus faciles à identifier que les papillons…

© Carole DEROZIER

Si vous désirez connaître l’identité de l’une d’elles, observez plusieurs critères : le support, le comportement, la façon dont elle se déplace, la taille, la pilosité, le nombre de paires de vraies pattes et de fausses pattes (gare aux « fausses chenilles », qui sont en fait des larves d’hyménoptères).

© Carole DEROZIER

Observez bien votre chenille vue du dessus, de profil et de face car même la tête peut présenter des critères intéressants. N’hésitez pas à la photographier, si possible. Sachant que la chenille se développe par mues successives et que selon le stade de développement, elle peut parfois changer assez radicalement d’apparence…

© Carole DEROZIER (Saturnia pyri, stade 2 à droite, stade 3 à gauche)

© Carole DEROZIER

Alors, pour faire connaissance et approfondir le sujet, le plus simple reste l’élevage ! En effet, les chenilles représentent des possibilités d’observations multipliées, une autre façon d’observer, et leur élevage est une excellente façon d’apprendre à connaître de nouvelles espèces. L’envol de l’imago représente un moment magique. Si vous êtes tenté par l’élevage vous trouverez quelques conseils ici :

http://adepentomo.fr/elever-des-chenilles-un-jeu-denfant/

© Carole DEROZIER

Comportement atypique d’une grande sauterelle verte, Tettigonia viridissima (L., 1758).

Nous pouvons observer sur la photo ci-dessous, l’oviscape de cette femelle en position de ponte. Rien d’étonnant pour un adulte, mais ici, il s’agit d’une larve de grande sauterelle verte (bien qu’à un stade avancé du développement larvaire)… Remarquez la taille réduite des ailes qui dépasseront au stade imago, les genoux et l’abdomen.

Un comportement précoce (et inné) ?

Photos : L Colindre – Béthisy St Martin (60) le 27/06/2021.

Arthropodes & infrastructures agroécologiques en agriculture biologique, Ferme du développement durable, Herleville, Hauts-de-France.

M. Proot G., exploitant agricole, a fait appel en octobre 2019 à l’Association des Entomologistes de Picardie pour obtenir des éléments de valorisation de leurs actions menées en agriculture biologique, en particulier en faveur de la biodiversité. L’ ADEP a proposé la réalisation d’un état des lieux de la connaissance de neuf groupes d’arthropodes dans les infrastructures agroécologiques (I.A.E.) : haies, bandes enherbées et prairies temporaires, l’intérieur des parcelles de cultures n’étant pas concerné.

Télécharger le poster pour consulter les résultats. Rapport d’étude complet disponible sur demande au secrétariat.

Atlas de fourmis du Luxembourg

Pour les passionnés des fourmis, nous vous proposons de retrouver l’intégralité de l’atlas des fourmis du Luxembourg dirigé par notre collègue Philippe WEGNEZ.

Cet atlas myrmécologique est le résultat d’une recherche
quinquennale (2013–2017) menée sur l’ensemble du
territoire du Grand-Duché du Luxembourg et ciblant
tous les types de milieux possibles afin d’obtenir la
meilleure représentativité de la faune luxembourgeoise
des fourmis, avec leurs spécificités et exigences écologiques.
Une liste globale reprend les 66 espèces qui ont
été trouvées au Luxembourg depuis plus d’un siècle
avec une indication sur leur statut de conservation, des découvertes et une clé d’identification.

Mon merveilleux criquet et journée prenante, pleine de péripéties

Nous somme en aout 2008 précisément le 14, ce soir-là bien qu’étant à 50 kms à vol d’oiseau de Kourou, nous entendons le tir d’Ariane et même sentis des vibrations de sol. Ensuite quelques minutes plus tard nous avons assisté dans les cieux noirs à la séparation des réservoirs.

Photo : R. Boulanger

Cette nuit-là nous avions prévu une chasse dans une éclaircie marécageuse et prometteuse. Nous avons dîné tôt comme toujours car il se doit que le piège lumineux soit opérationnel dès 18h pour profiter des premiers insectes crépusculaires. Sur la piste, roulant trop vite, je ne peux éviter dans un virage un gros morceau de bois tombé, un des bouts formant un pointe et rentré dans le passage de roue droit de la Laguna et a terminé entre les jambes de mon passager. Plus de peur que de mal sauf au rendu de la location !

Nous arrivons à l’endroit repéré dans l’après-midi, au bout de la piste du PK28 sur la route de Kaw, mais à peine installé, nous sommes déjà assaillis par les moustiques. Étant debout près des lampes, ils nous laissent un peu tranquille mais  c’est une position inconfortable, malgré tout, nous collectons rapidement des odonates intéressants, une belle Hespérides ainsi qu’un papillon de jour assez rare Panacea bleuzeni sans doute dérangé de son support pour la nuit. Mais les agressions de moustiques sont insupportables. Par deux reprises nous nous réfugions dans la voiture, mais ils nous suivent et nous les tuons sur le tableau de bord et l’intérieur du pare-brise à coup de cartes routières. Nous essayons aussi de nous protéger avec des K-way mais ces petits vampires nous piquent tout de même au travers de nos pantalons et ainsi vêtus, avec  la chaleur, il est impossible de chasser correctement. Aussi,  nous abandonnons au bout de 2 heures cette chasse qui devait nous emmener au petit matin. Si nous avions insisté, on aurait retrouvé plus tard nos corps exsangues.

Comme tous les jours, cette journée avait commencé dès le lever du jour pour chasser le fabuleux Morpho Eugenia. Ensuite, nous avons arpenté la piste au Pk 40, trois ou quatre fois dans toute la longueur, collectant de-ci de-là une des neuf espèces de morpho présentent en Guyane, des gracieux heliconides et d’autres papillons et insectes. Avec de la chance un sphinx diurne.

Nous approchons midi et nous sommes sur le retour. A moins de 300 m de notre voiture, filet sur le dos, je presse le pas et je ne suis plus en action de chasse. Mais soudain à ma droite, quinze mètre devant moi ! Un petit éclair rouge-orange attire mon attention. Je me dirige vers l’endroit, mais rien, je me prépare à repartir mais instinctivement avec mon épuisette, je bouge les herbes du bas-côté et là, un superbe criquet s’envole et va se poser huit mètre plus loin, je veux le poursuivre, mais un fossé assez profond me fait obstacle et en voulant le franchir, dans la précipitation, je m’empierge dans les lianes au sol et je tombe lourdement. Je mets un certain temps à me relever et j’ai perdu mes repères, ou est-ce criquet ? S’il et encore là !

J’avance très doucement dans la direction qu’il avait prise et soudain il s’envole à cinquante centimètre de moi, je tente un coup filet, mais je raccroche le haut des herbes et je ne voie plus l’insecte. Je suis dépité car je n’avais jamais vue cette espèce de criquet et je ne l’ai d’ailleurs jamais revu lors de mes voyages suivants. Amer, je fais demi-tour mais je replace ma poche de filet et miracle, l’animal est dedans. Il aurait pu se sauver mais non, il attend sagement. C’est une énorme chance que j’ai réussi à attraper ce criquet dans ces conditions d’autant que j’étais certain de l’avoir raté.

Régis BOULANGER

Avant de prendre le temps de le mettre en sécurité, je serre la poche contre le manche de mon épuisette et je récupère, mon cœur bas la chamade, gros coup d’adrénaline surement.

Au bout de quelques minutes, je le collecte précautionneusement à la main et je le mets dans un bocal.

Ensuite je retraverse sans précipitations le fossé et je rejoins la voiture ou m’attend déjà mon compère. A la vue de ce superbe criquet, il sera admiratif et surement envieux.

Ce superbe et rare criquet se dénomme Aenelacris casternaulti.

Photo : R.B.

Merci à dame nature

Régis Boulanger

Observer les insectes

DISCOURS DE LA MÉTHODE

Ou comment l’on chasse et pourchasse les insectes et autres arthropodes pour les observer ou inventorier

Il existe toutes sortes de méthodes, utilisées par les entomologistes et naturalistes pour provoquer l’occasion de rencontrer leurs chères bestioles ; des procédés les plus aléatoires et hasardeux, du déploiement de moyens actifs, voire hyperactifs aux méthodes plus passives, voire passoires. Nous allons tenter ici d’en dresser un petit inventaire, non exhaustif, à destination des débutants et de tous les curieux de nature.

Illustration Noémie Derozier

LA RECHERCHE « À VUE » DE NUIT, avec une lampe torche ou une lampe frontale ; cette méthode combine l’attraction lumineuse au plaisir de la balade nocturne. De nombreux insectes, attirés par la lumière viennent volontiers se faire observer. Ah… les feux de la rampe !

Illustration Noémie Derozier

► LES FOUILLES PLUS POUSSÉES SUR LE TERRAIN : quand à la mauvaise saison ne volent plus que des feuilles mortes, on peut patienter en attendant le retour des beaux jours en débusquant les petites bêtes jusque dans leur refuge hivernal ; dans les souches, sous les écorces des arbres, dans les grottes et cavités et toutes sortes de cachettes (jusque dans les maisons).

Illustration Noémie Derozier

► LE FILET À PAPILLONS qui peut attraper au vol les papillons bien sûr, mais aussi de multiples familles d’insectes volants. Un « filet de voiture » a même été inventé : fixé sur une voiture, ce grand filet permet de capturer les insectes se déplaçant sur le trajet de la voiture. On peut bien sûr l’utiliser de nuit, l’éclairage des phares de la voiture attirant d’autant plus.

Illustration Noémie Derozier

► LE FILET TROUBLEAU  pour aller chercher les petites bêtes vivant au fond de l’eau ; ce petit filet, fixé au bout d’un manche solide, sera enfoncé dans les herbiers aquatiques et la vase dans lesquels vivent des coléoptères, punaises, larves de libellules, etc.

► LE FILET-FAUCHOIR, plus solide que le filet à papillons, il permet de ratisser les herbes basses en faisant un mouvement de va-et-vient pour y collecter les petites bêtes qui s’y trouvent.

Illustration Noémie Derozier

► LA MÉTHODE DU BATTAGE utilise le parapluie japonais, encore appelé nappe de chasse ; cet objet présente une toile plane sur une armature légère que l’on tient horizontalement sous les branches des arbres que l’on va battre pour en faire tomber chenilles, araignées, punaises et toutes sortes de petites bêtes qui se croyaient bien tranquilles.

Illustration Noémie Derozier

► LES TAMIS ; dispositifs permettant par exemple de filtrer la litière et de la séparer des multiples petits arthropodes cachés dedans. Indispensables pour l’étude des fourmis, par exemple. Certains tamis sont fixés au fond d’un filet-fauchoir pour que les bêtes capturées ne se sauvent pas illico.

► L’ÉLEVAGE (c’est-à-dire le nourrissage de chenilles et autres larves, ou la mise en caisse de bûches contenant des larves de coléoptères xylophages, par exemple) ; vous avez la fibre maternelle ? Alors adoptez une chenille, une larve de coléoptère, de punaise ou autre. Fournissez-lui les conditions nécessaires à sa jeune vie et attendez patiemment la fin des métamorphoses : vous pourrez alors découvrir qui se cachait derrière la jolie petite larve !

Illustration Noémie Derozier

► LA MÉTHODE DITE DE « LA MIELLÉE » ; il s’agit de concurrencer les sources nectarifères par une gourmandise savamment préparée et étalée pour y attirer les insectes, de jour comme de nuit. Chacun y va de sa recette, mêlant bière, confitures, jus de fruits, sucres, fruits avancés, vin rouge, miel et autres mixtures… mais chut ! La recette reste secrète, chacun la sienne ! Cette mixture sucrée peut être introduite dans une bouteille trouée et suspendue dont les insectes ne pourront ressortir. Il est également possible d’attirer certains coléoptères avec… de la truffe, m’sieurs dames, rien que ça !Ou les fourmis avec des rillettes de poisson ! Moins gourmande, mais particulièrement attirante pour les insectes nécrophages (= mangeurs de cadavres) : la pose d’un cadavre de petite bête en voie de décomposition pourra permettre d’observer les indispensables insectes nettoyeurs qui profitent de cette source de nourriture, dans laquelle ils peuvent également pondre leurs larves.

Illustration Noémie Derozier

– LE PIÉGEAGE PAR ATTRACTION LUMINEUSE (piège lumineux sur dispositif vertical, horizontal, pyramidal, cubique, etc.) ; autant d’entomologistes, autant de dispositifs ! Le principe restant de dérouter et détourner les insectes se déplaçant incognito la nuit en les attirant par une lumière spéciale (lampe led ou à UV) qui les incite irrésistiblement à se poser sur la surface réfléchissant la lumière (souvent un drap ou un mur blanc).

Illustration Noémie Derozier

► LE PIÉGEAGE PAR PHÉROMONE ; cette méthode permet de sélectionner d’avance l’espèce que l’on cherche à attirer au moyen d’une phéromone qui lui est propre. L’idée est de disposer un petit tube imprégné d’une imitation chimique de l’odeur émise par la femelle pour attirer les mâles et se reproduire (phéromone). Cette phéromone est mise dans une boîte dans laquelle le mâle va rentrer sans pouvoir en ressortir. On peut aussi utiliser une femelle vierge (c’est-à-dire venant d’éclore) pour attirer des mâles. Cette méthode fut notamment utilisée par Jean-Henri Fabre.

Illustration Noémie Derozier

– LES PIÈGES AU SOL : ce sont des pièges en forme de  gobelet, que l’on enterre au ras du sol, et qui contiennent soit un mélange attractif soit un mélange d’eau saturée de sel et d’un peu de liquide vaisselle permettant de conserver les bêtes qui coulent au fond. Cette méthode permet d’échantillonner les petites bêtes qui se déplacent au sol dans le secteur du piège. Il faut régulièrement venir récolter les insectes et araignées tombés dans le piège.

Illustration Noémie Derozier

► LA MÉTHODE DU PIÉGEAGE PAR COULEURS, dans le même registre, consiste à disposer au sol des récipients vivement colorés (jaune, bleu ou blanc) en fonction des familles d’insectes que l’on cherche à attirer. Un peu de liquide (eau salée pour la conservation + quelques gouttes de liquide vaisselle pour éviter que les insectes flottent à la surface du récipient) permettra de conserver les bêtes jusqu’au retour de l’observateur. Les rubans « tue-mouche » de nos grands-mères utilisaient cette attraction par la couleur, en piégeant non plus avec un liquide, mais avec une glu.

Illustration Noémie Derozier

► LES PIÈGES À INTERCEPTION : il s’agit de dispositifs la plupart du temps verticaux et invisibles (voilage, plastique transparent), situés sur la trajectoire des insectes, qui s’y engouffrent et sont ensuite capturés dans un réceptacle. Ce principe peut être décliné de multiples manières selon les matériaux et récipients utilisés. C’est le principe utilisé par la tente malaise, par exemple.

Etc. ! La plupart des objets décrits peuvent être bricolés par l’amateur et perfectionnés selon ses besoins et expériences, et même combinés entre eux. Par contre, les enfants veilleront à se faire accompagner d’adultes expérimentés, car les rencontres avec les bestioles ne sont pas toujours simples à gérer (frelons, guêpes, chenilles de processionnaires… sans parler des vilaines tiques).

Illustration Noémie Derozier

Pour une bonne pratique, respectueuse des espèces sensibles, l’amateur commencera par les techniques les plus douces, sans prélèvement, afin de perfectionner ses connaissances et de ne pas tuer inutilement les insectes dont chacun a désormais conscience que s’il est utile de les inventorier et de les mieux connaître pour les préserver, il faut également veiller activement à leur conservation et à celle de leurs milieux de vie : ils sont notre bien commun !

On l’a vu, les méthodes sont multiples, mais quelles que soient celles utilisées, le plus efficace est de les varier en fonction de la saison, du matériel à disposition, des milieux prospectés, des bêtes recherchées.

Avec une unique motivation : le plaisir de la découverte !

Les périodes d’essaimage des fourmis parasites du sous-genre Chthonolasius observées dans la région Hauts-de-France

Les périodes d’essaimage des fourmis parasites du sous-genre Chthonolasius sont ici étudiées dans le Nord de la France. Ce travail,
mené entre 2014 et 2020, permet de mieux comprendre leur stratégie de parasitage des espèces hôtes. Le rôle du piégeage dans
le cadre de l’étude de ce groupe d’insectes est souligné, notamment celui du piège lumineux qui semble être la technique la plus efficace pour détecter les individus appartenant à ce sous-genre. Les données recueillies permettent également de s’interroger sur
la valeur patrimoniale de ces espèces.

Photo de mise en avant : C. Lebas (AntArea).