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article traitant d’araignées

Arthropodes & infrastructures agroécologiques en agriculture biologique, Ferme du développement durable, Herleville, Hauts-de-France.

M. Proot G., exploitant agricole, a fait appel en octobre 2019 à l’Association des Entomologistes de Picardie pour obtenir des éléments de valorisation de leurs actions menées en agriculture biologique, en particulier en faveur de la biodiversité. L’ ADEP a proposé la réalisation d’un état des lieux de la connaissance de neuf groupes d’arthropodes dans les infrastructures agroécologiques (I.A.E.) : haies, bandes enherbées et prairies temporaires, l’intérieur des parcelles de cultures n’étant pas concerné.

Télécharger le poster pour consulter les résultats. Rapport d’étude complet disponible sur demande au secrétariat.

Fiche espèce : Pseudicius encarpatus (Walckenaer, 1802)

Si le dimorphisme sexuel est marqué, la livrée du mâle ne passe pas inaperçue. Zébrée longitudinalement de noir et blanc, cette petite Salticidé (5 à 7 mm) se trouve sur les écorces (ici sur un tronc d’arbre bien exposé).

Pseudicius encarpatus mâle, Photo LC

L’espèce semble peu commune avec seulement 3 observations picardes (base ClicNat). Le mâle de la photo a été observé à Pierrefonds fin mai 2020.

Femelle Photo : Luc Gizart sous licence CC site www.internet insecte.org

Araignées saltiques les plus courantes en région picarde

Voici une sélection de quelques Saltiques communes, présentes en région, pour lesquelles il est bon de savoir si leurs identifications peuvent être envisagées sur simple photo ou s’il nécessite obligatoirement un examen précis sous binoculaire.

Ballus chalybeius (Walckenaer, 1802)

Petite espèce de 3 à 4 mm se trouvant sur la végétation basse. La femelle a un céphalothorax gris et un abdomen brun roux avec des taches noirâtres. Les pattes antérieures sont rougeâtres, les postérieures sont claires avec des traits et des anneaux. Le mâle est globalement noirâtre. La présence d’un trait noir sur la patte IV (1) s’arrêtant au tibia évitera la confusion avec B. rufipes dont le trait se poursuit sur le tarse et le métatarse.

Ballus chalybeius femelle
Ballus chalybeius mâle

Dendryphantes rudis (Sundevall 1833)

Araignée de 5 à 6 mm, habituée des résineux, la femelle de couleur rousse-verdâtre a deux taches blanches triangulaires sur l’abdomen, ainsi qu’une bande claire sous les yeux. Le mâle plus uniforme possède lui une ligne claire au-dessus des yeux.

Dendryphantes rudis femelle
Dendryphantes rudis mâle

Evarcha arcuata (Clerck, 1758)

Espèce commune de 6 à 7 mm, la femelle de coloration variable, beige à brun, a sous les yeux une double bande blanche. L’abdomen a une fine bande médiane noire sur l’avant et deux doubles taches latérales noires sur l’arrière accompagnées d’une petite tache blanche. Les pattes sont peu annelées. Le mâle est globalement noir avec aussi deux bandes blanches sur la face oculaire, des pattes noires avec des poils blancs sur les faces internes. Cette espèce préfère les milieux humides et herbeux. Si la femelle ne présente pas des motifs bien nets, l’identification peut s’avérer hasardeuse.

Evarcha arcuata femelle Photo NV
Evarcha arcuata mâle Photo NV

Evarcha falcata (Clerck, 1758)

Espèce forestière, ici il est préférable de laisser de côté la femelle qui peut trop se confondre avec d’autres. Le mâle typique présente des nuances de noir, beige et blanc crème. Parfois une barre sombre traverse le prosoma sur les plus jeunes. Le mâle ne dépasse pas 5 mm.

Evarcha falcata mâle Photo NV
Evarcha falcata mâle Photo NV

Heliophanus

Genre d’araignées de 3 à 6 mm affectionnant les plantes basses et les fourrés. Elles ont un corps sombre contrastant avec des pattes jaune-verdâtre claires parfois striées de noir. Chez les deux sexes on trouve ordinairement une fine ligne de soies blanches à l’extrémité antérieure de l’abdomen. Certaines espèces arborent d’autres macules blanches sur l’abdomen. Les mâles sont davantage irisés ou à reflets métalliques. Quatre espèces ont été identifiées en région, les photos en font l’illustration. Le passage à la loupe binoculaire s’avère nécessaire.

Heliophanus auratus Photo NV
Heliophanus cupreus Photo NV
Heliophanus flavipes Photo NV
Heliophanus tribulatus Photo NV

Marpissa muscosa (Clerck, 1758)

Espèce plus grande que ses cousines, 6 à 10 mm. Son aspect velu, son abdomen longiligne et ses couleurs mimétiques la rende facile à reconnaître. On la rencontre sur les écorces, les palissades, les piquets…

Marpissa muscosa Photo NV
Marpissa muscosa Photo LC

Myrmarachne formicaria (De Geer, 1778)

Habitus très différent des autres saltiques, cette espèce a l’apparence d’une fourmi, d’où son nom. Le céphalothorax est cassé en deux parties, l’avant est noir et le reste brun. Sur l’abdomen une couronne sombre est fréquente chez la femelle. Les pédipalpes sont aplatis. Chez le mâle, l’abdomen est souvent plus sombre et les pédipalpes démesurés, le fémur antérieur est noir. On la retrouve dans les plantes basses des sites ensoleillés et sous les  pierres.

Myrmarachne formicaria Photo NV

Pseudeuophrys

Deux espèces dans notre région,  de 3 à 5 mm, souvent sur les murs, toitures et parfois à l’intérieur des maisons. Poils bruns, roux et beiges, pattes bien annelées. Le critère du céphalothorax blanc chez P. lanigera est encore trop hasardeux pour distinguer cette dernière de P. erratica, une capture pour examen est conseillée pour éviter les erreurs.

Pseudeuophrys Photo NV
Pseudeuophrys Photo NV

Salticus

Genre représenté par trois espèces en région, 5 à 6 mm, 3 à 4 mm pour S. zebraneus. Salticus scenicus se retrouve principalement sur les murs et palissades tandis que S. cingulatus et S. zebraneus évolue plutôt sur les troncs des résineux. Araignées noires et blanches, les mâles portent de fortes chélicères. S. scenicus présente des motifs en chevrons sur son abdomen, les pattes sont peu annelées. Les motifs abdominaux sont légèrement différents pour S. cingulatus. Quant à S. zebraneus les motifs peuvent être fortement estompés. La proximité des aspects oblige à un prélèvement pour identifier à coup sûr les individus.

Salticus scenicus Photo NV
Salticus sp Photo NV

Photo de mise en avant : Emmanuel VIDAL

Les araignées tissent des fils

Le 28/09/2019, un atelier intitulé « Les araignées tissent des fils » a été animé par le réseau picard d’étude des araignées associant Picardie nature et l’Association des Entomologistes de Picardie dans le cadre de la programmation culturelle 2019- 2020 de la médiathèque de Corbie (Communauté de communes du Val de Somme).

Un diaporama et la présentation de spécimens vivants ont levé le voile sur les différentes espèces d’araignées et leurs secrets. De la globuleuse « Epeire à quatre points » (photo ci-dessous) en passant par la filiforme Tetragnathe à la fameuse Tégénaire, visitant souvent les intérieurs en automne, toutes auront contribué à montrer leurs différentes capacités à se mouvoir dans l’espace.

Cet évènement a permis de répondre aux nombreuses questions d’un public très curieux et de faire manipuler avec précaution des animaux finalement extrêmement fragiles.

Animateurs : Sébastien Legris (Picardie Nature) & Emmanuel Vidal (ADEP).

Parade amoureuse chez Pardosa amentata (Clerck, 1757)

Parade amoureuse chez Pardosa amentata (Clerck, 1757), genre aussi appelé « araignée loup » ; mai 2010, abord du canal de la Somme, Blangy-Tronville (E. Vidal).

Le mâle lève ses pédipalpes en les alternant…

…et en marquant des pauses puis…

…les agite frénétiquement devant la femelle.

Le mâle lève cette fois ses pattes avant, pour signifier au photographe son agacement.

Ce dernier cliché montre une femelle pas encore séduite.

Séminaire Entomologique de Senlis 2018 : Les araignées d’Ermenonville.

 

 

 

 

 

 

Par Céline PAGOT.

A Senlis, le mardi 16 octobre, Emmanuel Vidal, arachnologue de l’ADEP, a présenté en compagnie de Jean-Luc Hercent (PNR Oise-Pays de France) les résultats de son travail sur les araignées en Forêt Domaniale d’Ermenonville.

Photo : Céline Pagot

La présentation s’est déroulée en deux parties avec une introduction sur la forêt d’Ermenonville et la mise en place de la Réserve Biologique Dirigée dans un premier temps. Sur les 3000 ha de landes connues auparavant, ce sont 150 ha qui resteraient aujourd’hui, selon les explications de Jean-Luc Hercent. Les derniers aménagements forestiers ont permis de créer la Réserve Biologique Dirigée au cœur de la forêt domaniale justifiée par la biodiversité particulière retrouvée lors des diagnostics Habitats-flore-Bryologie et Araignées.

A suivie une présentation détaillée de l’étude sur l’arachnofaune de la RBD. Les  échantillonnages ont permis d’étudier divers aspects paysagers de cette partie de la forêt dont les caractéristiques landes sèches à callune. Des affinités de groupes d’espèces d’araignées aux conditions écologiques particulières rencontrées sur le terrain ont pu être mises en évidence.

Jean-Luc Hercent et Emmanuel Vidal (au micro) Photo : C. Pagot.

Cet inventaire a permis de déceler une nouvelle espèce pour la France : l’araignée Anyphaena furva (ci-dessous), araignée forestière et thermophile. Cette découverte très intéressante pour la forêt d’Ermenonville conclut que celle-ci n’a pas fini de nous dévoiler quelques surprises…

Photo : Jean-Hervé Yvinec

Pour plus de renseignements sur l’étude : secretariat@adepentomo.fr ou télécharger directement le pdf sur le site.

Fiche espèce – Misumena vatia (Clerck, 1758)

 

 

Cette araignée de la famille des Thomisidae, se tient toujours à l’affût sur les inflorescences. L’araignée évolue en toute discrétion. Elle est en outre, capable de changer de couleur en quelques jours (Théry et Casas, 2009) pour se confondre avec son environnement. Les espèces douées d’homochromie variable ne sont pas rares et certains coléoptères sont d’ailleurs capables de changer de couleur en moins d’une minute (Fiszman, 2017).

L’araignée est capable de tuer des proies beaucoup plus volumineuses. Afin de ne pas être emportée par les insectes volants qui viennent butiner, le venin injecté est très rapide et… efficace (Roberts, 2009).

Le dimorphisme sexuel est grand. Le mâle est facilement identifiable. Plus petit que la femelle ( 4 mm contre 10 mm), il possède une tâche blanche sur le céphalothorax et deux bandes foncées sur l’abdomen. Les deux premières paires de pattes sont annelées. Les deux dernières paires sont diaphanes.

 

Mâle Misumena vatia sur pissenlit. Photo : L Colindre (2013).

Détail du mâle sur renoncule. Photo : L. Colindre (2018).

La femelle est plus « ronde ». Sa couleur varie du jaune au blanc en passant par le vert. Des bandes rougeâtres sur les côtés de l’abdomen apparaissent parfois (non systématique).

Femelle jaune…. Photo : L. Colindre (2013).

…ou blanche… Photo : D. Messin (2010).

…ou blanche à bandes rougeâtres. Photo : L. Colindre (2012). Ici la femelle tisse un nid au bout de la feuille.

L’espèce peut être parfois confondue avec Ebrechtella tricuspidata (Fabricius, 1775) [synonymie = Misumenops tricuspidatus (Fabricius, 1775)] mais cette dernière a toujours un céphalothorax vert caractéristique (cf. photo ci-dessous, L Colindre – 2013).

Bibliographie :

  • Fiszmann Pierre-Louis (2017) « Les mécanismes physiologiques responsables de l’homochromie variable dans le monde animal Thèse doctorat vétérinaire « Faculté de médecine de Créteil. 112 p.
  • Roberts M.J., (2009) « Guide des araignées de France et d’Europe » Ed. Delachaux & Niestlé » 383 p.
  • Théry M., CASAS J. (2009) « The multiple disguises of spiders : web colour and décorations, body colour and movement ». Philos. Trans. R. Soc. B Biol. Sci. 364, 471-480.

araignée crabe.

Les Dysdera : des araignées pas si faciles à déterminer !

Textes : Carole Derozier & Laurent Colindre

Photo de mise en avant : Laurent Colindre

 

 

C’est une question récurrente sur les blogs naturalistes. Comment distingue t-on les deux espèces présentes chez nous à savoir D. crocata C.L. Koch, 1838, et D. erythrina (Walckenaer, 1802) ?

Au risque d’en décevoir beaucoup, la présence ou l’absence des épines postérieures du fémur n°4 n’est pas un critère fiable à 100% :

 

Epines sur fémur 4 : photo de Carole DEROZIER

Ou absence… : photo de Laurent COLINDRE

Epines que l’on peut apercevoir sur l’avant du fémur 4 (photo : Michel BERTRAND)

 

Certaines clés dichotomiques évoquent 1 à 3 épines pour Dysdera crocata et aucune pour Dysdera erythrina. Ce n’est pas le seul critère d’autant qu’une autre espèce, Harpactea rubicunda (C.L. Koch, 1838) très semblable peut être, elle aussi, identifiée dans notre espace régional. Cette dernière possède de 8 à 10 épines sur le fémur 4.

La détermination en passe aussi par l’étude des épines submédianes, apicales et latérales mais également par l’observation à la loupe binoculaire du tarse de la patte-mâchoire, du sternum, de la coloration de l’individu, etc… Le critère le plus précis étant l’étude des pédipalpes chez le mâle, et de la vulve chez la femelle (l’épigyne étant « sclérifiée » la rendant peu intéressante pour la détermination, comme chez toutes les araignées aplogynes). Vous l’aurez compris, le genre Dysdera reste complexe et nécessite une observation multi-critères.

Dans d’autres régions (et particulièrement dans le Sud de la France) la détermination est rendue encore plus difficile puisqu’il existe plusieurs espèces très proches.

Pour aller plus loin :

araneae – Dysderidae

Familles / Dysderidae | Les araignées de Belgique et de France

Vous remarquerez la taille des chélicères. Adaptation à un régime alimentaire à base de Cloportes (généralement dédaignés par les autres araignées). Même si elle n’est pas dangereuse, des cas de morsures ont déjà été décrits. Photo : Michel BERTRAND.

 

Photo : Michel BERTRAND.

Un grand merci à Marina pour ses conseils et à Michel pour ses superbes clichés.

 

Fiche espèce – Zoropsis spinimana (Dufour, 1820) dans le sud de l’Aisne

 

 

Texte et photos : Marina CHAVERNOZ

 

 

 

Zoropsis spinimana est une grosse araignée (jusqu’à 20 mm) plutôt du sud de la France. Néanmoins, depuis plusieurs années, cette dernière remonte jusqu’à Paris où elle va privilégier des endroits chauds comme les maisons.

Elle très reconnaissable grâce au masque de Nosferatu présent sur son céphalothorax. Elle pourrait éventuellement être confondue avec la seule autre représentante du genre, Zoropsis media, mais cette dernière est vraiment méditerranéenne. Un article du monde des insectes nous donne des critères pour les différencier1.

Dans ClicNat2, seules 2 données sont mentionnées, une de 2013 à l’intérieur de l’usine Bic Rasoirs de Longueil Sainte Marie dans l’Oise et la dernière de 2018 dans mon garage à Gandelu dans l’Aisne.

Dans l’INPN3, heureusement, bien plus de citations apparaissent. Ces 2 données, auxquelles il faut ajouter une donnée en Moselle (2013), sont les plus « nordistes » des données répertoriées dans cette base.

La galerie du monde des insectes4 ajoute une autre donnée en Moselle trouvée par la même personne au même endroit en 2014 que la donnée de 2013.

Le faible nombre de données « nordistes » et le fait que dans les quatre cas il ne s’agit que de femelles ne permet pas de conclure totalement à son installation durable sous nos latitudes. Cette araignée escalade très aisément les parois verticales et pourrait très bien arriver dans nos voitures lors de voyages.

Une fois dans, l’œil elle se reconnait facilement, faites enregistrer vos données si vous la voyez !

Liens :

1 – https://www.insecte.org/spip.php?article83

2 – http://obs.picardie-nature.org/?page=fiche&id=4801

3 – https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/234211

4 – https://www.galerie-insecte.org/galerie/repartition.php?gen=Zoropsis&esp=spinimana