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L’escapade des abeilles

ENQUÊTE « PARTICIP’ACTIVE » !

contact Carole Derozier :

secretariat@adepentomo.fr

L’ADEP initie un projet de cartographie

des nidifications de l’abeille mellifère

(Apis mellifera) à l’état sauvage

et donc hors ruche

exploitée par l’apiculture.

Ce projet sera étendu à l’échelle des Hauts-de-France.

Deux types de nidifications

sont concernés :

► Les nidifications

internes :

Ce sont des nids situés dans des espaces relativement clos, par exemple dans des cavités d’arbres, conduits de cheminée, poteaux creux, habitats humains. Ces nids sont majoritairement peu visibles mais se repèrent par l’activité des abeilles.

Des jumelles peuvent être utiles pour les observer, même si ces nids peuvent se situer à des hauteurs très variables. Exemples, in natura :

Nid au ras du sol, dans un tronc, Francières (60) avril 2017 – © Carole Derozier
Nid d’abeilles dans un tronc à hauteur d’homme, Erondelle (80), avril 2017 – © Carole Derozier
Nid en hauteur, La Neuville-Roy (60), mai 2018 – © Carole Derozier

Exemple sur bâtiment :

Fenêtre, Lévignen (60), 14.04.2014 – © Dominique Messin

► Les nidifications

externes :

Ce sont des nids pour lesquels les rayons sont construits à l’air libre, faute de cavités propices, le plus souvent sur les arbres, conifères comme feuillus. Ce type de nidification est voué à l’échec car la colonie ne résistera pas au froid de l’hiver. Ces nids se repèrent à partir de mai et jusqu’en hiver, saison durant laquelle l’ouvrage des abeilles se délitera avec les intempéries.  

Exemples in natura :

Nid dans une haie de jardin, La Neuville-Roy (60), juillet 2021 – © Carole Derozier
Verger, Daours (80), 12.12.2021 – © Emmanuel Vidal

Exemple sur bâtiment :

église de Bouillancy (60), 15.05.2011 – © Dominique Messin

Pour mener à bien un tel projet nous recueillons directement vos observations et vos photos, avec leur localisation et date si possible.

Merci pour vos contributions ! 

(secretariat@adepentomo.fr)

© Emmanuel Vidal

 

Observer les insectes

DISCOURS DE LA MÉTHODE

Ou comment l’on chasse et pourchasse les insectes et autres arthropodes pour les observer ou inventorier

Il existe toutes sortes de méthodes, utilisées par les entomologistes et naturalistes pour provoquer l’occasion de rencontrer leurs chères bestioles ; des procédés les plus aléatoires et hasardeux, du déploiement de moyens actifs, voire hyperactifs aux méthodes plus passives, voire passoires. Nous allons tenter ici d’en dresser un petit inventaire, non exhaustif, à destination des débutants et de tous les curieux de nature.

Illustration Noémie Derozier

LA RECHERCHE « À VUE » DE NUIT, avec une lampe torche ou une lampe frontale ; cette méthode combine l’attraction lumineuse au plaisir de la balade nocturne. De nombreux insectes, attirés par la lumière viennent volontiers se faire observer. Ah… les feux de la rampe !

Illustration Noémie Derozier

► LES FOUILLES PLUS POUSSÉES SUR LE TERRAIN : quand à la mauvaise saison ne volent plus que des feuilles mortes, on peut patienter en attendant le retour des beaux jours en débusquant les petites bêtes jusque dans leur refuge hivernal ; dans les souches, sous les écorces des arbres, dans les grottes et cavités et toutes sortes de cachettes (jusque dans les maisons).

Illustration Noémie Derozier

► LE FILET À PAPILLONS qui peut attraper au vol les papillons bien sûr, mais aussi de multiples familles d’insectes volants. Un « filet de voiture » a même été inventé : fixé sur une voiture, ce grand filet permet de capturer les insectes se déplaçant sur le trajet de la voiture. On peut bien sûr l’utiliser de nuit, l’éclairage des phares de la voiture attirant d’autant plus.

Illustration Noémie Derozier

► LE FILET TROUBLEAU  pour aller chercher les petites bêtes vivant au fond de l’eau ; ce petit filet, fixé au bout d’un manche solide, sera enfoncé dans les herbiers aquatiques et la vase dans lesquels vivent des coléoptères, punaises, larves de libellules, etc.

► LE FILET-FAUCHOIR, plus solide que le filet à papillons, il permet de ratisser les herbes basses en faisant un mouvement de va-et-vient pour y collecter les petites bêtes qui s’y trouvent.

Illustration Noémie Derozier

► LA MÉTHODE DU BATTAGE utilise le parapluie japonais, encore appelé nappe de chasse ; cet objet présente une toile plane sur une armature légère que l’on tient horizontalement sous les branches des arbres que l’on va battre pour en faire tomber chenilles, araignées, punaises et toutes sortes de petites bêtes qui se croyaient bien tranquilles.

Illustration Noémie Derozier

► LES TAMIS ; dispositifs permettant par exemple de filtrer la litière et de la séparer des multiples petits arthropodes cachés dedans. Indispensables pour l’étude des fourmis, par exemple. Certains tamis sont fixés au fond d’un filet-fauchoir pour que les bêtes capturées ne se sauvent pas illico.

► L’ÉLEVAGE (c’est-à-dire le nourrissage de chenilles et autres larves, ou la mise en caisse de bûches contenant des larves de coléoptères xylophages, par exemple) ; vous avez la fibre maternelle ? Alors adoptez une chenille, une larve de coléoptère, de punaise ou autre. Fournissez-lui les conditions nécessaires à sa jeune vie et attendez patiemment la fin des métamorphoses : vous pourrez alors découvrir qui se cachait derrière la jolie petite larve !

Illustration Noémie Derozier

► LA MÉTHODE DITE DE « LA MIELLÉE » ; il s’agit de concurrencer les sources nectarifères par une gourmandise savamment préparée et étalée pour y attirer les insectes, de jour comme de nuit. Chacun y va de sa recette, mêlant bière, confitures, jus de fruits, sucres, fruits avancés, vin rouge, miel et autres mixtures… mais chut ! La recette reste secrète, chacun la sienne ! Cette mixture sucrée peut être introduite dans une bouteille trouée et suspendue dont les insectes ne pourront ressortir. Il est également possible d’attirer certains coléoptères avec… de la truffe, m’sieurs dames, rien que ça !Ou les fourmis avec des rillettes de poisson ! Moins gourmande, mais particulièrement attirante pour les insectes nécrophages (= mangeurs de cadavres) : la pose d’un cadavre de petite bête en voie de décomposition pourra permettre d’observer les indispensables insectes nettoyeurs qui profitent de cette source de nourriture, dans laquelle ils peuvent également pondre leurs larves.

Illustration Noémie Derozier

– LE PIÉGEAGE PAR ATTRACTION LUMINEUSE (piège lumineux sur dispositif vertical, horizontal, pyramidal, cubique, etc.) ; autant d’entomologistes, autant de dispositifs ! Le principe restant de dérouter et détourner les insectes se déplaçant incognito la nuit en les attirant par une lumière spéciale (lampe led ou à UV) qui les incite irrésistiblement à se poser sur la surface réfléchissant la lumière (souvent un drap ou un mur blanc).

Illustration Noémie Derozier

► LE PIÉGEAGE PAR PHÉROMONE ; cette méthode permet de sélectionner d’avance l’espèce que l’on cherche à attirer au moyen d’une phéromone qui lui est propre. L’idée est de disposer un petit tube imprégné d’une imitation chimique de l’odeur émise par la femelle pour attirer les mâles et se reproduire (phéromone). Cette phéromone est mise dans une boîte dans laquelle le mâle va rentrer sans pouvoir en ressortir. On peut aussi utiliser une femelle vierge (c’est-à-dire venant d’éclore) pour attirer des mâles. Cette méthode fut notamment utilisée par Jean-Henri Fabre.

Illustration Noémie Derozier

– LES PIÈGES AU SOL : ce sont des pièges en forme de  gobelet, que l’on enterre au ras du sol, et qui contiennent soit un mélange attractif soit un mélange d’eau saturée de sel et d’un peu de liquide vaisselle permettant de conserver les bêtes qui coulent au fond. Cette méthode permet d’échantillonner les petites bêtes qui se déplacent au sol dans le secteur du piège. Il faut régulièrement venir récolter les insectes et araignées tombés dans le piège.

Illustration Noémie Derozier

► LA MÉTHODE DU PIÉGEAGE PAR COULEURS, dans le même registre, consiste à disposer au sol des récipients vivement colorés (jaune, bleu ou blanc) en fonction des familles d’insectes que l’on cherche à attirer. Un peu de liquide (eau salée pour la conservation + quelques gouttes de liquide vaisselle pour éviter que les insectes flottent à la surface du récipient) permettra de conserver les bêtes jusqu’au retour de l’observateur. Les rubans « tue-mouche » de nos grands-mères utilisaient cette attraction par la couleur, en piégeant non plus avec un liquide, mais avec une glu.

Illustration Noémie Derozier

► LES PIÈGES À INTERCEPTION : il s’agit de dispositifs la plupart du temps verticaux et invisibles (voilage, plastique transparent), situés sur la trajectoire des insectes, qui s’y engouffrent et sont ensuite capturés dans un réceptacle. Ce principe peut être décliné de multiples manières selon les matériaux et récipients utilisés. C’est le principe utilisé par la tente malaise, par exemple.

Etc. ! La plupart des objets décrits peuvent être bricolés par l’amateur et perfectionnés selon ses besoins et expériences, et même combinés entre eux. Par contre, les enfants veilleront à se faire accompagner d’adultes expérimentés, car les rencontres avec les bestioles ne sont pas toujours simples à gérer (frelons, guêpes, chenilles de processionnaires… sans parler des vilaines tiques).

Illustration Noémie Derozier

Pour une bonne pratique, respectueuse des espèces sensibles, l’amateur commencera par les techniques les plus douces, sans prélèvement, afin de perfectionner ses connaissances et de ne pas tuer inutilement les insectes dont chacun a désormais conscience que s’il est utile de les inventorier et de les mieux connaître pour les préserver, il faut également veiller activement à leur conservation et à celle de leurs milieux de vie : ils sont notre bien commun !

On l’a vu, les méthodes sont multiples, mais quelles que soient celles utilisées, le plus efficace est de les varier en fonction de la saison, du matériel à disposition, des milieux prospectés, des bêtes recherchées.

Avec une unique motivation : le plaisir de la découverte !