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Souvenirs de Guyane : « Les marais de Kaw »

Vue aérienne du Marais de Kaw Photo : Regis Bouchu, sous licence CC.

Cette fois, lors de mon 8eme voyage dans ce département lointain, je décide enfin de visiter ces marais réputés.

Nous sommes en partie à résidence au Camp Caïman et nous côtoyons lors des repas, des ouvriers, menuisiers et autres compagnons qui travaillent journellement au village de Kaw, ils y construisent des décors pour un film qui sera tourné en cet endroit. Cela fait longtemps que je voulais visiter ces marais, mais là, le déclic en compagnie de trois autres amis se fait.

Nous contactons un organisateur et nous prenons un petit forfait, le but étant de voir les mythiques caïmans noirs (départ dans l’après-midi, retour dans la soirée)

A l’heure prévue, nous somme à l’embarcadère, je trouve le temps long ! Nous sommes à côté d’un emplacement où poussent de nombreux et vigoureux Moucou-moucou Montrichardia arborescens (L.) Schott, 1854, grande plante palustre. Ceux-là ont des fruits, ils ressemblent à un croisement d’ananas et de pomme de pin. J’entreprends d’en cueillir un pour y gouter, mauvaise idée, le gout et fortement astringent et j’apprendrais plus tard qu’il est toxique. Je cracherais pendant plus d’une demi-heure dans des mouchoirs en papier.

Moucou-moucou Montrichardia arborescens (L.) Schott, 1854 – Photo : R. Boulanger.

Enfin, le bateau arrive, nous embarquons avec six autres personnes dans une grande pirogue et direction le village du même nom, uniquement accessible de cette façon. Il n’est pas très grand mais Il y a tout de même quelques véhicules sur place. Les maisons typiques de Guyane, plutôt petites, portes et fenêtre à claire-voie, toit en tôles d’acier. Les habitants que je trouve fuyants vivraient de chasse et de pêche, mais certains doivent travailler journellement à Cayenne ou autres !

Nous restons une bonne heure sur place avant de reprendre la pirogue, direction le chenal (rivière de Kaw) pour la suite de la visite.

Nous naviguons au milieu de cette voie d’eau bordée partout d’herbacées et de plantes diverses. Nous voyons beaucoup d’oiseaux mais trop loin, sauf des grands hérons blancs, trop nombreux pour moi, ils seraient des prédateurs qui feraient des razzias des petits caïmans qu’ils engloutissent comme de vulgaires poissons. Perchaient sur des arbres morts alentour, nous voyons plusieurs fois l’Hoazin huppé, Ophisthocomus hoazin (Statius Müller, 1776) oiseau quasi préhistorique dont les jeunes ont des griffes aux ailes et l’oiseau possède un système digestif proche des ruminants. De plus, chose rare, les parents ont l’aide de 5 ou 6 assistants, souvent  jeunes de couvés précédentes qui  contribuent à la couvaison et à l’élevage des poussins  au nid.

L’Hoatzin : Opisthocomus hoazin, (Statius Müller, 1776) . Photo : Bill Bouton, sous licence CC

Plusieurs fois, nous observons des Cabiais appelés aussi « Capybara » Hydrochoerus hydrochaeris (Linnaeus, 1766), sorte de très gros rongeurs aquatiques pouvant peser près de 90 kg pour les plus gros. Ils vivent en bande toujours prés de l’eau.

Capybara Hydrochoerus hydrochaeris (Linnaeus, 1766) – Photo : Karoly Lorentey sous licence CC.

Nous parcourons ainsi plusieurs kilomètre au bruit du moteur de l’embarcation, jusqu’à la nuit tombante, puis la pirogue fait demi-tour et nous revenons sur nos pas avec la nuit noire. A la lumière d’un fort projecteur, le guide scrute les bordures droites et gauches pour apercevoir les yeux des caïmans qui brillent la nuit. Plusieurs fois, la pirogues fonce vers la berge et s’arrête enfoncée dans la végétation. Presque à chaque fois, le guide attrape un petit caïman, le plus gros de la soirée fera un mètre vingt tout au plus. De toute façon il n’attrape pas les plus gros. Melanochus niger pouvant mesurer jusqu’à 4 / 5 mètres et peser 1300 kg

Contrairement aux crocodiles africains ou d’Asie, il n’est pas dangereux pour l’homme  qu’il fuit, mais des accidents avec des grands spécimens peuvent arriver en cas de promiscuité.

Lors des arrêts, le petit caïman passe de mains en mains pour les photos souvenirs avant d’être relâché. Il peut mordre mais le guide explique une méthode de maintien efficace. A un moment un poisson attiré par la lumière saute dans la pirogue, c’est un poisson-chien, il n’est pas très grand, 25 cm  mais cette espèce possède une denture impressionnante. Malheureusement, nous n’avons pas le temps de faire une photo, le guide l’a déjà rejeté à l’eau.

Nous apprendrons aussi que toutes les terres que nous voyons depuis l’embarcation dont des interminables pâtures plus ou moins inondées ou sont élevées buffles et zébus appartiennent au même propriétaire terrien, le plus gros d’ « Europe » !

Expérience à faire, mais ce n’est pas mon plus beau souvenir de Guyane.

Gros caïmans, anacondas, jaguars, pourtant présent sur les flyers, nous ne verrons point et nous rentrons à notre lieu de couchage finir la nuit pour dès le lendemain aller vers d’autres aventures.

Merci à Josiane (camp caïman) pour son accueil chaleureux et ses petits plats toujours savoureux.

2ème voyage, ma petite famille en Guyane : « Le Morpho de Florent, le Gecko de Tiphanie« 

Février 2007, cela fait maintenant un an que je suis rentré de mon premier séjour sommes toute décevant à cause de la pluie incessante mais la blessure morale est cicatrisée ! Ce fut ma première expérience et j’en conserve le meilleur. Je sais aussi qu’avec un temps plus ensoleillé cela doit être bien mieux.

L’envie me reprend d’autant qu’un ami serait de la partie. J’espère y joindre d’autres partenaires, mais je ne trouve pas d’écho, finalement, je décide assez facilement ma femme d’y venir, elle aime voyager. Après tout, la Guyane vaut bien la Guadeloupe ou Bali ! Ce sera donc pendant des vacances scolaires, mes enfants Florent 13 ans & Tiphanie 11.5 ans seront aussi du voyage. Quelle date ? Nous hésitons pour les vacances estivales, début de la saison sèche et après renseignement auprès de mon ami Jean-François qui y est retourné avec son fils en août 2006, il nous confirme avoir vu voler des papillons. C’est donc décidé, ce sera en août, et nous serons donc cinq.

Nous sommes encore loin de la date de départ et les préparatifs sont moins stressant que pour mon voyage précèdent car maintenant, je sais ce qui est utile ou non.  C’est donc le 10 aout 2007 que nous arrivons  sur place. Dès la descente de l’avion, à l’entrée du hall de l’aéroport, il règne une odeur caractéristique et inoubliable de chaleur moite, moisissure, bois humide, difficile à définir, mais les yeux fermées, je suis certain de reconnaitre les lieux. Nous récupérons la voiture, une Laguna louée par avance et direction Simamary chez nos hôtes pour cette première partie du séjour. En, chemin, nous faisons le plein de provisions. Mais la voiture et déjà bombé par les cinq occupants et leurs bagages, nous en mettons partout jusque sur les genoux de ma femmes et des enfants.

Après s’être installé chez nos hôtes, Gerald nous invite pour le traditionnel ti’puch. Il a dans son jardin un petit citronnier qui donne des fruits guère plus gros que des balles de ping-pong, mais avec un citron, notre hôte…. fait quatre verres , Le rhum compense ! Les tournées s’enchaînent, et Il faut être persuasif pour quitter la table, prétextant la fatigue et le décalage horaire. Forcément, le matin je suis réveillé de bonne heure, et je collecte dans l’escalier qui mène aux chambres des insectes et papillons dont un énormes Saturnidae (Rechynthis) posé sur une poutre, et qui fera au réveil,  l’étonnement de ma famille.

Pendant que ma femme trie les affaires et prépare les bagages pour la  suite du voyage, nous allons prospecter le long du fleuve Sinnamary pour y collecter quelques papillons ; c’est un enchevêtrement d’herbes hautes avec quelques buissons, c’est marécageux et il s’y trouve nombre de cabanes qui contiennent presque tous un cochon pas toujours prêt d’une habitation sommaire, de toutes façon nous ne voyons personne et compte tenu de la faible faune entomologique nous somme vite de retour à notre base d’autant plus que les moustiques ne nous incitent pas à continuer cette exploration des lieux.

Plus tard,  dans le séjour nous sommes sur la route de Kaw ? moi et mon compère, nous chassons très tôt les Morpho eugenia , uniquement visible un quart d’heure au lever du jour, ensuite nous rejoignons ma famille pour le petit déjeuner. Une fois tout le monde prêt, nous décidons de rejoindre les pistes ouvertes pour une balade de chasse. Nous jetons notre dévolu sur le PK 40. Il  fait grand soleil et nous collectons vite divers papillons, beaucoup d’Héliconïdes dont Heliconius erato (L., 1758) que je trouve splendide, d’autres, ainsi que des insectes divers  et bien sur les fabuleux Morpho. Justement, nous apercevons un grand planeur Morpho hecuba (L., 1771), il vole à 6 / 7 m de haut donc non abordable pour nos épuisette.  Il se dirige vers la fin de piste ou sont resté ma  femme et mes enfants. Florent s’essaie lui aussi à attraper des papillons.  Ma famille est en haut d’un fort dénivelé et nous savons par expérience que les Hecuba maintiennent leur hauteur de vol et donc qu’il sera bien plus bas arrivé en haut de cette cote.

Il est à cinquante bons mètres, mais nous essayons de prévenir mon fils à grands renforts de cri, Florent….. ! Morpho !  À toi !

Nous ne voyons pas la scène à cause de la végétation, mais comme prévu, le papillon débouche devant Florent à deux mètres de haut. Avec la dextérité de sa jeunesse, il donne un coup de filet, le papillon est dedans, il cri de joie. Nous suivions le layon et nous ne sommes pas longtemps à le rejoindre. Nous le trouvons dépité, après avoir sorti le papillon du filet pour le montrer à sa mère, celui-ci dans un violent coup d’aile réussi à lui échapper, mon fil en pleure presque.

Plus tard, il aura d’autres occasions de captures.

 Nous avons séjourné au camp Patawa, les propriétaires sont connus des entomologistes. Moi, je ne les apprécie pas, sans trop d’explication. Lors d’un repas, un groupe est présents, ce sont des amateurs de Cerambycidae et nous discutons un peu avec eux, ils nous indiquent un lieu où sont empilées des grumes (bois balata) et nous disent que nous y collecterons des Callichroma, espèces de jolis longicorne bleu-verts. Nous y allons et effectivement ces insectes sont présent en nombre, nous en collectons une douzaine. j’attrape aussi au vol un gros Elateridae, Chalcolepidius porcatus (L., 1787), ainsi qu’un énorme Euchroma gigantea (L., 1758) – (Buprestidae).

A un moment, je vois sur un tronc, un reptile à ma hauteur, il se croit bien caché par un écran de végétation. Je le saisi avec prestance, c’est un gros gecko vert et noir. Je le confie à ma fille pour des photos. Elle le prend sans hésitation et après quelques clichés, elle le relâche sur l’arbre qu’il gravi à grand vitesse  jusqu’à la frondaison. Cela laissera à Tiphanie un  agréable souvenir.

Après une bonne heure sur place, nous repartons direction Cacao vers d’autres aventures.

Souvenirs de Guyane

Solitude et émerveillement

Lors de mes séjours sous ces contrées lointaines, quand j’en ai la possibilité, j’aime à pied, seul, le matin, à peine le jour levé, pendant quelques heures, prendre les pistes sur plusieurs kilomètres. Je marche doucement, sans bruit, avec ma paire de jumelles en bandoulière, et depuis peu un appareil photo. Parfois, je m’arrête et m’assois sur un tronc tombé là comme un siège providentiel.  Ces morceaux de bois au sol, rapidement dévorés par les termites sont assez rares en forêts tropicales. J’attends, j’observe. C’est un moment privilégié pour découvrir la faune et la flore, de sentir les parfums parfois enivrants des fleurs. De voir courir sur les chemins la liane des passiflores ou de contempler des fleurs communes que l’on retrouve il me semble très chères chez nos fleuristes en métropole. Ou encore, de regarder la variété des arbres et des fruits tombés à terre.

La forêt, bien qu’apaisante n’est pas silencieuse, surtout le matin, le cri des singes hurleurs impressionnant qui ressemble de loin à des gros coups de  vent. Les cris d’oiseaux, toucans, et autres ainsi que les concerts amoureux des batraciens et insectes.

Jeune Singe hurleur (Photo L. Colindre).

On aperçoit des animaux divers. Ils ne sont pas si rares mais il faut s’armer de patience. Soit c‘est au détour d’un layon, soit, traversant devant moi ou se dérobant dans les bas cotés à ma hauteur. Souvent : serpents de différentes espèces, j’ai eu l’immense privilège, quelques kilomètres après l’Auberge des Orpailleurs de croiser un très gros serpent. Je pensais sur le coup à un anaconda, mais après avoir recherché dans des livres, d’après les dessins dont je ne souvenais, il s’agissait d’un boa constrictor de plus de cinq mètres que j’ai essayé, sans succès, de détourner avec mon filet. Plusieurs séjours plus tard, cette fois avec mes compagnons de voyage, nous avons vue lové au soleil à vingt mètre de nous sur une petite plage de sable le long d’une  crique un très grand anaconda.  Une autre fois, un splendide serpent liane tout près de moi dans la végétation et que j’ai pu contempler de longues minutes. On voit aussi beaucoup de lézards, les imposants teju  parfois nombreux se chauffant au soleil sur les pierres affleurantes des pistes, des geckos plus ou moins grands sur les troncs des arbres. A kaw, un gros lézard qui m’a semblait épineux mais que je n’ai pas su déterminer. Parfois une tortue, plusieurs fois des iguanes et, plusieurs sortes de singes dont les sympathiques et curieux « mains jaunes ». Des agoutis qui ne sont jamais très loin des habitations, des hordes de pécaris.

Photo Régis Boulanger.

Dans les arbres, de nombreux oiseaux difficiles à déterminer dont les bruyants toucans. En vol, différents perroquets, surtout Ara chloroptère, beaucoup de perruches de différentes couleurs. Au sol des colonies d’agamis peu farouches qui ressemblent à des pintades.  Loin en forêt, au PK 128 sur la route de l’est, alors que j’étais assis depuis un moment en retrait sur un petit talus, j’ai vu arriver marchant fièrement un rare hocco (gros oiseau noir) sortant d’un petit marécage asséché. Il venait manger des fruits tombés sur la piste à dix pas de moi. Il semblait méfiant, relevant la tête au moindre bruit. Après s’être régalé, au bout d’un bon quart d’heure, il est reparti de la même façon. Il ne saura jamais qu’un humain l’observait alors. Une autre fois, route Jojo prés de Sinnamary, étant assis sur une grande ornière de camion séchée par un soleil ardent, un échassier d’environ quatre-vingt centimètre de haut, de couleur similaire aux poules faisanes sous nos contrées est passé devant moi à moins de trois mètres. Je l’avais vu arriver de loin, marchant sur la piste depuis plus de cinquante mètres avec mon ami le suivant en chassant les papillons à égale distance. Quand il m’a dépassé de trente pas, je me suis levé mais il a continué comme si de rien à progresser vers la fin de la piste. Il est courant de voir des rapaces posés ou en vol et plus rare, des martins chasseurs à l’affut. J’ai aussi eu la chance, à Corossony de voir ce que j’ai déterminé comme étant un hoazin perché à dix mètres de moi et à Kaw encore, de croiser une femelle de tayra (grosse martre) avec trois petits.

J’ai aussi aperçu sur une piste partant de la RN 2, un écureuil identique à ceux de ma forêt  de Compiègne,  peut-être un peu plus petit ! A l’entrée d’un carbet sur la même route, j’ai entrevu,  se faufiler au loin sur un terrain pentu, deux jaguarondis. Mais je n’ai pas croisé à ce jour, malheureusement car je n’ai aucune crainte, la piste du jaguar ou du puma

Sans oublier la petite faune que l’on ne voit que si on y fait attention, batraciens dont les colorées mais discrètes Dendrobates, le spectaculaire crapaud Buffo marinus tapi dans une ornière  pleine d’eau boueuse.

Photo Régis Boulanger.

Crabes d’eau douce dans un petit ruisseau clair, chenilles plus ou moins étranges et colorées, épineuses ou avec des curieuses cornes ou protubérances.

Fourmi Atta. Photo : L. Colindre.

La colonne des fourmis Atta transportant chacune leur morceaux de feuille, celle des légionnaires (Eciton sp) aux impressionnantes mandibules  ainsi que d’autres créatures comme ce genre d’orvet avec seulement des pattes à l’avant. Sans parler des multitudes de papillons et autres insectes qui sont le motif de mes voyages.

Photo Régis Boulanger.
Photo : Régis Boulanger.

Deux matins de suite, environ une heure après l’arrêt du groupe électrogène, alors que nous prenons en silence le petit déjeuner, nous avons eu la visite discrète d’une sympathique mais méfiante moufette (Conepatus semistriatus) qui m’a ramené à l’esprit les dessins animées de Bambi.

D’autres part, sur les kilomètres de bitume qui nous séparent de nos différents lieux de séjour, nous voyons aussi, malheureusement car ils sont souvent écrasés, d’autres animaux, sarigues (pian pour les guyanais) notamment et d’autres, parfois rares comme une fois, vers Tonnegrande  un fourmilier tamanoir ou encore sur la RN2, deux personnes qui chargeaient dans un pickup un ocelot sans doute renversé par une voiture. Pour les quelques dizaines de  kilomètres effectués de nuit sur les routes de ce département, j’ai pu constater que l’on rencontre  beaucoup d’animaux dans les phares, les serpents ne sont pas rares. Je me rappelle que mon fils avec un de ses cousins avaient vu à la lumière de leurs lampes frontales dans une ornière sous la pluie, un reptile qui d’après leurs descriptions me semble être un Amphisbène (serpent à deux têtes)

Lors d’un prochain séjour, je consacrerai plus d’heures nocturnes à confirmer cette impression, peut-être verrais-je d’autres espèces !

L’appel de la nature est grisant, exaltant, comment ne pas avoir envie d’y retourner ?

Photo : Régis Boulanger.

Mon merveilleux criquet et journée prenante, pleine de péripéties

Nous somme en aout 2008 précisément le 14, ce soir-là bien qu’étant à 50 kms à vol d’oiseau de Kourou, nous entendons le tir d’Ariane et même sentis des vibrations de sol. Ensuite quelques minutes plus tard nous avons assisté dans les cieux noirs à la séparation des réservoirs.

Photo : R. Boulanger

Cette nuit-là nous avions prévu une chasse dans une éclaircie marécageuse et prometteuse. Nous avons dîné tôt comme toujours car il se doit que le piège lumineux soit opérationnel dès 18h pour profiter des premiers insectes crépusculaires. Sur la piste, roulant trop vite, je ne peux éviter dans un virage un gros morceau de bois tombé, un des bouts formant un pointe et rentré dans le passage de roue droit de la Laguna et a terminé entre les jambes de mon passager. Plus de peur que de mal sauf au rendu de la location !

Nous arrivons à l’endroit repéré dans l’après-midi, au bout de la piste du PK28 sur la route de Kaw, mais à peine installé, nous sommes déjà assaillis par les moustiques. Étant debout près des lampes, ils nous laissent un peu tranquille mais  c’est une position inconfortable, malgré tout, nous collectons rapidement des odonates intéressants, une belle Hespérides ainsi qu’un papillon de jour assez rare Panacea bleuzeni sans doute dérangé de son support pour la nuit. Mais les agressions de moustiques sont insupportables. Par deux reprises nous nous réfugions dans la voiture, mais ils nous suivent et nous les tuons sur le tableau de bord et l’intérieur du pare-brise à coup de cartes routières. Nous essayons aussi de nous protéger avec des K-way mais ces petits vampires nous piquent tout de même au travers de nos pantalons et ainsi vêtus, avec  la chaleur, il est impossible de chasser correctement. Aussi,  nous abandonnons au bout de 2 heures cette chasse qui devait nous emmener au petit matin. Si nous avions insisté, on aurait retrouvé plus tard nos corps exsangues.

Comme tous les jours, cette journée avait commencé dès le lever du jour pour chasser le fabuleux Morpho Eugenia. Ensuite, nous avons arpenté la piste au Pk 40, trois ou quatre fois dans toute la longueur, collectant de-ci de-là une des neuf espèces de morpho présentent en Guyane, des gracieux heliconides et d’autres papillons et insectes. Avec de la chance un sphinx diurne.

Nous approchons midi et nous sommes sur le retour. A moins de 300 m de notre voiture, filet sur le dos, je presse le pas et je ne suis plus en action de chasse. Mais soudain à ma droite, quinze mètre devant moi ! Un petit éclair rouge-orange attire mon attention. Je me dirige vers l’endroit, mais rien, je me prépare à repartir mais instinctivement avec mon épuisette, je bouge les herbes du bas-côté et là, un superbe criquet s’envole et va se poser huit mètre plus loin, je veux le poursuivre, mais un fossé assez profond me fait obstacle et en voulant le franchir, dans la précipitation, je m’empierge dans les lianes au sol et je tombe lourdement. Je mets un certain temps à me relever et j’ai perdu mes repères, ou est-ce criquet ? S’il et encore là !

J’avance très doucement dans la direction qu’il avait prise et soudain il s’envole à cinquante centimètre de moi, je tente un coup filet, mais je raccroche le haut des herbes et je ne voie plus l’insecte. Je suis dépité car je n’avais jamais vue cette espèce de criquet et je ne l’ai d’ailleurs jamais revu lors de mes voyages suivants. Amer, je fais demi-tour mais je replace ma poche de filet et miracle, l’animal est dedans. Il aurait pu se sauver mais non, il attend sagement. C’est une énorme chance que j’ai réussi à attraper ce criquet dans ces conditions d’autant que j’étais certain de l’avoir raté.

Régis BOULANGER

Avant de prendre le temps de le mettre en sécurité, je serre la poche contre le manche de mon épuisette et je récupère, mon cœur bas la chamade, gros coup d’adrénaline surement.

Au bout de quelques minutes, je le collecte précautionneusement à la main et je le mets dans un bocal.

Ensuite je retraverse sans précipitations le fossé et je rejoins la voiture ou m’attend déjà mon compère. A la vue de ce superbe criquet, il sera admiratif et surement envieux.

Ce superbe et rare criquet se dénomme Aenelacris casternaulti.

Photo : R.B.

Merci à dame nature

Régis Boulanger

Souvenirs de Guyane : quatrième voyage entomologique, l’arrivée en forêt pour la première nuit.

Photo : R.B.

Il est déjà presque 17 h en cette journée du 10 avril 2011. Nous arrivons à l’entrée du PK 32 sur la route de Kaw. Déjà, nous avons derrière nous les longs préparatifs en métropole, les presque neuf heures d’avion, l’arrivée au-dessus de la forêt, moment magique de voir cette immensité verte avec des bouquets d’arbres fleuris. L’atterrissage toujours angoissant et les procédures de débarquement. Location de voiture, pas toujours simple en Guyane! Quelques courses à l’hyper du coin  et enfin, la très mauvaise route étroite et tortueuse depuis Roura. Mais nous voulons être opérationnels pour cette première nuit au drap. En cet endroit, nous avons fait quelques années précédentes des chasses de nuit riches et prenantes.

Nous nous engageons sur la piste. J’avais souvenir d’un espace ouvert ou volaient quantité de papillons dont les merveilleux Morpho et les fascinantes Héliconides mais les arbres se rejoignent maintenant faisant une voute sombre sur les trois quart de la longueur. La végétation racle la carrosserie de la camionnette. J’ai peine à reconnaitre l’endroit mais quelques topographies du terrain et autres indices m’indiquent que nous sommes sur la bonne piste. Enfin, au bout de quelques kilomètres périlleux à cause des grosses branches tombées et des ornières quelquefois profondes ou l’eau ravine, nous entrons dans la « queue de carpe », du moins ce qu’il en reste. Cet espace découvert formant un demi-rond au bout des pistes, créé pour les chargements et manœuvres des camions de grumes mesurait cinquante mètres de diamètre il y a encore quatre ans, il est réduit de moitié par la végétation qui reprend ses droits et des bouquets d’arbustes ont poussé en son centre de-ci de-là. Nous arrêtons le bruyant diesel de notre véhicule. Quel calme !

Photo : R.B.

Après quelque minutes d’adaptation, nous entendons les bruits et cris des animaux, insectes et batraciens surtout. Puis, à espaces réguliers, le cri typique et perçant du piauhau hurleur ou paypayo comme le nomme les autochtones. Il nous rappelle que nous sommes en forêt amazonienne. Pour moi, l’oiseau nous souhaite la bienvenue ! C’est à cet instant que commence vraiment mon séjour

Je repère deux gros rondins de bois, vestige du bucheronnage et qui ont servi jadis de sièges ou de tables. Comme à mon habitude, et comme je le fais  en bord de mer avec les rochers, même si ce n’est pas bien, je veux retourner ces morceaux. J’interpelle mes trois compères. Préparez-vous à attraper un lézard, scorpions ou autres pour les photos en faisant attention aux éventuels serpents !

Sous le premier, rien. Mais sous le second, un énorme ver de terre au frais. Sans hésitation je saisi le lombric mais il commence à rentrer dans un trou avec une force incroyable. Je peine à le retenir et cela dure de longues minutes avant qu’il ne relâche son effort. Enfin je peux le prendre en mains pour la photo, ce spécimen mesure pas loin d’un mètre quand il n’est pas contracté, mais il parait qu’il y en a encore de plus grands !  Au bout de quelques minutes, je le relâche et remets le morceau de bois en place.

Nous déployons le drap de chasse et allumons les lampes, il est dix-huit heures quinze, c’est déjà les prémices du crépuscule. Dans un quart d’heure, les ténèbres seront maitres des lieux.  Nous nous installons le plus confortablement possible pour les douze heures que dure la nuit à cette latitude tropicale et à la lumière du piège nous préparons un diner spartiate, Ti’ punch et cassoulet  froid ! Déjà quelques papillons et deux coléoptères  parsèment le drap blanc…. La nuit sera longue….et presque trois semaines d’aventures nous attendent !

Guyane, je t’aime

Souvenirs de Guyane- Janvier / février 2006 Premier voyage entomologique, marche en forêt

Lors de ce premier voyage très pluvieux, « Il n’a plu qu’une fois mais pendant trois semaines » comme l’a dit en plaisantant mon ami André, il était impossible de chasser certains jours. Il fallait donc trouver d’autres occupations. C’est ainsi que pendant une discussion autour de l’incontournable ti ’punch en soirée, Francis, l’ancien responsable du musée de la nature aux Pripri de Yiyi  nous a invité  à une longue excursion en forêt sur une grande propriété de plusieurs hectares lui appartenant.

Rendez-vous est pris tôt ce matin du trois février, nous partons à pied sous la pluie non sans être muni d’imperméables qui au final se révèleront plus encombrants qu’utiles

Comme dans les films de Tarzan visionnés dans ma jeunesse,  Francis ouvre la route à coups de sabre d’abattis et la colonne des sept aventuriers que nous sommes suit avec un espace de un à deux mètres entre chaque. Je ferme la marche ! Le terrain est accidenté et l’eau ravine la latérite du layon, c’est glissant d’autant que la pluie ne cesse pas. Des gros arbres tombés nous obligent à les contourner et pour certains à des escalades aventureuses voir dangereuses pour les franchir. Impossible de ne pas tomber de temps à autres. C’est éprouvant, d’autant qu’il ne faut absolument pas essayer de se raccrocher à la végétation environnante, certain troncs ou feuilles coupent comme des rasoirs, sans parler des épines, à croire que le bon dieu s’est débarrassé ici de ses boites d’épingles à la fin des six jours de la création du monde !

Parfois une crique plus ou moins large ou profonde nous barre la route, il nous faut chercher un passage, un gué, un tronc pour traverser et à plusieurs reprises, nous tournons en rond, nous revenons sur nos pas, tant  par endroit la configuration du terrain partiellement inondé forme des méandres ou des îles plus ou moins formées

La « jungle » de Francis est belle, la vraie forêt tropicale verte et luxuriante. Mais l’allure de la marche va trop vite car je voudrai collecter de-ci delà une bestiole sans perdre mes compagnons  de vue. Dès qu’un rayon de soleil perce les nuages, les insectes apparaissent. Là, dans une trouée, sur ma droite, à moins de trois mètres, une grosse Pepsis est posée sur le sable mais la végétation dense m’interdit même un écart, encore moins d’essayer sans risque d’attraper ce prédateur des mygales.

Pepsis attaquant une Mygale : Coll & photo : Régis Boulanger

Soudain, nous entendons un bruit inquiétant, surtout pour moi, allergique aux guêpes ! Un essaim d’hyménoptères, je reste un peu en recul, mais Francis nous rassure, pas de danger, ce sont des « taons-lézard » dit–il ! Effectivement, nous traversons la  zone ouverte ou volent des milliers de ces insectes, mais aucun ne nous agressent. En fait c’est plutôt une colonie et c’est la terre sableuse présente en cet endroit qui est la cause de ce rassemblement, ils y ont tous un terrier, leur nid individuel. Ils auraient la réputation de protéger l’homme en chassant les moustiques. Je décide d’en collecter quelque uns pour ma collection mais le terme taon, m’induit en erreur car je saisie un premier spécimen à pleine main et…. je me fais piquer … sans réaction allergique, heureusement ! En fait ce ne sont pas des taons (diptères) mais bien des hyménoptères comme les quatre ailes en témoignent. Il s’agit de Monedula signata (Bembicinae).

Nous arrivons à un endroit curieux où se sont formés des trous ronds dans la roche qui constitue le sol (photo ci-dessus). Ils sont plus ou moins profonds, remplis et recouvert de lentilles d’eau. Certain ne mesurent que quelques dizaines de centimètres de diamètre, mais d’autres dépassent largement un mètre. Un grand manche d’épuisette n’atteint pas le fond, mystère géologique ! Nos deux chasseurs de coléoptères aquatiques Pierre et Daniel se mettent à l’œuvre pour trouver la bête rare dans ces cuvettes naturelles. J’en profite pour chasser aux alentours. Je collecte entre autres des jolis petits fulgores Lystra pulverulenta (Olivier, 1791) avec des prolongations de cire blanche terminant leurs abdomens et je ne manque pas de récupérer dans les coups de troubleau des deux spécialistes ci-dessus nommés des grosses ranatres et des impressionnantes punaises aquatiques de la famille des Belostomatidae.

Lystra pulverulenta (Olivier, 1791) Coll. & photo : Régis Boulanger

Pour revenir au imperméables, certes ils protègent efficacement de la pluie, mais avec la température et la sueur, nous sommes autant trempés et de plus…. on crève de chaud ! Le mieux est encore de se laisser mouiller par la pluie qui au final sèche très vite. Cette balade à durée cinq bonnes heures et nous rentrons sur les genoux.

Gérard notre hôte et déjà revenu de son boulot, la bouteille de rhum et des petits citrons verts trônent sur la table, la fin de journée sera longue et riche des histoires de tout un chacun…..

Merci Francis

Comportement chez le frelon asiatique (Vespa velutina Lepeletier, 1836)

Observation des 18 et 19 juillet 2018

Je savais Vespa velutina (Le frelon asiatique) présent dans le département de l‘Oise depuis plus d’un an mais je ne l’avais pas encore vue chez moi avant cette année. Alors que je préparais un morceau de jardin, j’ai observé un  comportement intéressant concernant sa prédation sur les abeilles. En effet, à côté de la terre que je travaillais, il y avait un grand plan de cucurbitacées, courges et potirons surtout, avec leurs grandes fleurs jaunes (photo ci-dessous) :

Photo : Régis Boulanger.

Les frelons asiatiques volettent assez rapidement au-dessus de ces plantes et plongent dans leurs  grandes fleurs jaunes si un apidae y butine, et s’il s’agit d’un bourdon, le frelon ressort aussitôt et continue sa quête mais si c’est une abeille, acculée et coincée dans le fond étroit de la fleur, elle ressort dans les mâchoires du prédateur qui s’envole. Certes  un peu lourdement mais sans aucun problème. J’ai constaté cela sur deux jours soit en tout trois fois, uniquement le matin avant 11 heures. Hasard !

Est-ce  une spécialisation locale ou un comportement acquis  pour ce vespidae ?

Nota : si la fleur est vide, le frelon passe son chemin sans même marquer un ralentissement, il peut visiter l’ensemble des 15 m² de plans en quelques minutes.

Frelon asiatique (Vespa vetulina), Photo : Dominique MESSIN.

Je n’y ai pas vue de prédation, mais j’ai constaté en un autre endroit du jardin : au-dessus des concombres et cornichons très visités par les abeilles mais dont les fleurs bien plus petites ne permettent pas le même comportement.

Pourquoi le matin ?  Peut-être à cause de la température, car les abeilles eux, travaillent toute la journée !

D’autres part, ces frelons sont présent autour les fleurs des lierres ou butinent beaucoup d’abeilles et les attrapent toute la journée !

Souvenirs de Guyane : Partie 1

Octobre 2017, Les morpho (suivi du chant du Paypayo)

Nous sommes au Pk 48, piste prenant naissance sur la toute de Kaw. Il est onze heures en ce lundi vingt-trois octobre et le soleil commence à peser. Nous chassons les papillons depuis l’aube, avec une nuit au drap de chasse derrière nous.  Mon ami Gilles et mon fils traquent uniquement les splendides Morpho.

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Morpho hecuba Didier Descouens – Own work sous licence CC BY-SA 4.0

Positionné en bordure de piste, je vois de loin arriver un grand planeur (Morpho hecuba). Il est encore à plus de cinquante mètres et Gilles est placé entre moi et le lépidoptère. Mon complice l’aperçoit et commence alors un jeu de duperie fantastique. Mon ami est venu avec toute une série de leurres qu’il a fabriqués en métropole, il s’agit de faux papillons en plaquette de bois recouvert de divers papiers colorés bleu électrique et d’autres matières, toile des ballons de baudruche par exemple. Mais ce qui parait être à l’image des canards en bois, pour certains taillés grossièrement et utilisés par les chasseurs de gibiers d’eau. Le matériel de Gilles est savamment élaboré, il y en a pour toutes les sortes de Morpho et même des différents pour certaine espèce en fonction de l’heure et du comportement de l’insecte. J’ai moi aussi déjà attrapé quelques Morpho rhetenor ou  menelaus avec des faux papillons en carton bleu, mais il devait s’agir de spécimens suicidaires! Revenons à cet hecuba, il arrive maintenant à dix pas de Gilles et à environ cinq mètres de haut et ne semble aucunement sensible aux agissements de mon ami qui fait, il me parait, des demi-moulinets horizontales avec son leurre, l’épuisette dans l’autre main. Le papillon s’avère ne manifester aucun intérêt à ce qui devrait être pour lui un mâle concurrent, il donne un coup d’aile de temps à autre pour maintenir son vol plané et décroche d’un petit mètre de temps en temps pour enfin revenir à sa hauteur de croisière, il passe au-dessus de mon ami et se rapproche de moi. A cette hauteur, je ne peux même pas espérer tenter un coup de filet. Je reste immobile à regarder ce splendide papillon. Gilles n’a pas dit son dernier mot et change de leurre, il se rapproche de moi et agite maintenant l’engin en faisant des mouvements différents et plus amples. Soudain, alors que le lépidoptère est juste à ma hauteur, il décroche de deux mètres en faisant  demi-tour et fonce droit sur Gilles. Un majestueux et ample coup de filet et hop ! Le papillon est pris. Le jeu a duré presque dix minutes et j’aurai parié que ce Morpho continuerait son chemin. On pourra toujours dire que c’est la chance, le hasard, mais Gilles m’en fera plusieurs fois l’expérience. Il maitrise à merveille ce que je considère comme un art… similaire à la tauromachie d’une certaine façon.

Description de cette image, également commentée ci-après
Morpho rhetenor rhetenor – Face dorsale Didier Descouens sous licence CC BY-SA 4.0

Les matins au lever du jour, c’est le Morpho eugenia qui ne vole qu’un quart d’heure, qui est l’objet de nos attentions. Ensuite au fur et à mesure que la journée s’écoule, les espèces se succèdent l’une après l’autres. Nous sommes depuis plus d’une semaine en Guyane, et Gilles tente d’apprendre cet art à mon fils. Deux jours plus tard, alors que le soleil joue à cache-cache avec les nuages, lors des éclaircies, Florent se démène sur la piste pour essayer de faire descendre des Morpho assez abondant en cette deuxième partie de matinée, ce sont cette fois des rhetenor. Il agite son leurre un peu de façon désordonné il me semble et surtout je croie de façon trop ample, mais plusieurs papillons sont déjà venus à lui. Soudain un  volontaire lui descend droit dessus. Florent rate son coup et trébuche, le Morpho fait demi-tour et attaque mon fils par derrière,  Il lui frôle le chapeau. Florent, excédé par la bravoure de l’insecte, le poursuit à la course, mais rapide, le papillon gagnera cette fois la partie.

Vers la fin du séjour, Florent est plus aguerri. Il ne lâche pas Gilles de la journée et les deux compères se font un plaisir immense. Florent aura passé un merveilleux séjour et sans exceller dans la pratique autant que Gilles, ses résultats n’en sont pas moins respectables.

Merci Gilles pour ces moments de ravissement donnés à mon fils.

Le chant du Paypayo

Le puissant chant de cet oiseau mythique des forêts tropicales amazoniennes et plus particulièrement pour ma part de Guyane française, est comme un signe de ralliement, mon chant des sirènes ! Il me manque de l’entendre (au point que je l‘ai mis quelques temps en sonnerie de mon portable). Mais, au-delà du chant très spécifique de cet oiseau, je crois que c’est l’appel de la Guyane qui soit pour moi le véritable attrait de cette mélodie de quelques notes que l’on n’oublie pas.

Appelé Paypayo par les autochtones, son nom vernaculaire est le Piauhau hurleur et Lipaugus vociferans pour son nom latin, c’est un  petit oiseau gris de 25 à 28 cm de l’ordre des Passeriformes et de la famille des Cotingidae qui regroupent aussi les Cop-de-roche, les Cotinga et plus de soixante espèces d’autres oiseaux plus ou moins colorés.

Lipaugus vociferans - Screaming Piha; Manaus, Amazonas, Brazil.jpg
Piauhau hurleur (Lipaugus vociferans) Hector Bottai – Own work photo sous licence CC BY-SA 4.0
chant de l’oiseau : XC105496 · Piauhau hurleur · Lipaugus vociferans, sous licence CC Patrick INGREMEAU

Il chante haut dans la  futaie, et lors de mes séjours dans ce département français, muni de jumelles et d’un appareil photo, malgré plusieurs approches silencieuses difficiles et parfois longues car il s’entend de loin, je n’ai jamais eu la chance de le voir étant même parfois au-dessous de son perchoir. Il faut dire que la végétation luxuriante annule presque tout espoir de l’apercevoir dans les frondaisons.

Parfois, deux ou trois mâles dans un même secteur jouent de concert et se répondent à espaces réguliers. Mais, bien que perçants et atypiques, ces cris ne sont pas dérangeants. Le matin, ils attendent que le soleil inonde la forêt et que l’air se réchauffe avant de lancer les premiers cris, bien après les toucans, qui eux, à peine le jour levé, se régalent bruyamment des baies de wassei ou palmiers açaï

J’ai hâte de mon prochain rendez-vous avec cet oiseau….

A Gérard, Michel, Jean-Bernard … amis perdus !

Régis Boulanger

Régis Boulanger et Nephila clavipes, PK 40 Route de Kaw Guyane Française.