Photo D. GEYSTOR sous Licence CC BY NC (in insectes.org)
Le 20 Mai 2024, une après-midi sans pluie m’a amené jusqu’à Braine. Entre un étang et un chemin qui mène jusqu’au abords de la rivière la Vesle, j’ai fauché les herbes diverses et variées. C’est ainsi que dans mon filet fauchoir j’ai photographié une punaise que je n’avais pas encore rencontrée : Raglius alboacuminatus.
Ce Rhyparochromidae, dont j’ai constaté qu’il était cité seulement deux fois sur la base de données Clicnat dans le sud de l’Aisne, se nourrit de graines au sol et il a régulièrement été observé près de Lamiaceae. Les adultes ayant passé l’hiver sous de l’écorce mettent le nez dehors dès les premiers jours ensoleillés du printemps. Les œufs sont déposés par un ou deux sur les détritus végétaux ou sur le sol ( source J. Péricart ).
Abia fasciata (Linnaeus, 1758)
Photo : N. Vansteene
Le 25 Mai 2024, profitant d’une journée ensoleillée, je me suis rendu à Billy-sur-Aisne, afin d’inventorier l’entomofaune de la ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique), présente sur la commune. Sur le chemin du retour, quelques dernières observations à vue me font m’arrêter devant un Symphyte immobile sur une feuille. En examinant la photo, et après recherche, je fini par me dire qu’il s’agit d’une espèce de la famille des Cimbicidae. Son aspect particulier me font vite trouver l’ espèce : Abia fasciata.
Citée seulement 2 fois sur Clicnat, mais difficile de dire qu’elle soit rare, peut-être un peu discrète. On trouve sa larve généralement sur le chèvrefeuille ou la symphorine.
Voici une sélection de quelques Saltiques communes, présentes en région, pour lesquelles il est bon de savoir si leurs identifications peuvent être envisagées sur simple photo ou s’il nécessite obligatoirement un examen précis sous binoculaire.
Ballus chalybeius (Walckenaer, 1802)
Petite espèce de 3 à 4 mm se trouvant sur la végétation basse. La femelle a un céphalothorax gris et un abdomen brun roux avec des taches noirâtres. Les pattes antérieures sont rougeâtres, les postérieures sont claires avec des traits et des anneaux. Le mâle est globalement noirâtre. La présence d’un trait noir sur la patte IV (1) s’arrêtant au tibia évitera la confusion avec B. rufipes dont le trait se poursuit sur le tarse et le métatarse.
Dendryphantes rudis (Sundevall 1833)
Araignée de 5 à 6 mm, habituée des résineux, la femelle de couleur rousse-verdâtre a deux taches blanches triangulaires sur l’abdomen, ainsi qu’une bande claire sous les yeux. Le mâle plus uniforme possède lui une ligne claire au-dessus des yeux.
Evarcha arcuata (Clerck, 1758)
Espèce commune de 6 à 7 mm, la femelle de coloration variable, beige à brun, a sous les yeux une double bande blanche. L’abdomen a une fine bande médiane noire sur l’avant et deux doubles taches latérales noires sur l’arrière accompagnées d’une petite tache blanche. Les pattes sont peu annelées. Le mâle est globalement noir avec aussi deux bandes blanches sur la face oculaire, des pattes noires avec des poils blancs sur les faces internes. Cette espèce préfère les milieux humides et herbeux. Si la femelle ne présente pas des motifs bien nets, l’identification peut s’avérer hasardeuse.
Evarcha falcata (Clerck, 1758)
Espèce forestière, ici il est préférable de laisser de côté la femelle qui peut trop se confondre avec d’autres. Le mâle typique présente des nuances de noir, beige et blanc crème. Parfois une barre sombre traverse le prosoma sur les plus jeunes. Le mâle ne dépasse pas 5 mm.
Heliophanus
Genre d’araignées de 3 à 6 mm affectionnant les plantes basses et les fourrés. Elles ont un corps sombre contrastant avec des pattes jaune-verdâtre claires parfois striées de noir. Chez les deux sexes on trouve ordinairement une fine ligne de soies blanches à l’extrémité antérieure de l’abdomen. Certaines espèces arborent d’autres macules blanches sur l’abdomen. Les mâles sont davantage irisés ou à reflets métalliques. Quatre espèces ont été identifiées en région, les photos en font l’illustration. Le passage à la loupe binoculaire s’avère nécessaire.
Marpissa muscosa (Clerck, 1758)
Espèce plus grande que ses cousines, 6 à 10 mm. Son aspect velu, son abdomen longiligne et ses couleurs mimétiques la rende facile à reconnaître. On la rencontre sur les écorces, les palissades, les piquets…
Myrmarachne formicaria (De Geer, 1778)
Habitus très différent des autres saltiques, cette espèce a l’apparence d’une fourmi, d’où son nom. Le céphalothorax est cassé en deux parties, l’avant est noir et le reste brun. Sur l’abdomen une couronne sombre est fréquente chez la femelle. Les pédipalpes sont aplatis. Chez le mâle, l’abdomen est souvent plus sombre et les pédipalpes démesurés, le fémur antérieur est noir. On la retrouve dans les plantes basses des sites ensoleillés et sous les pierres.
Pseudeuophrys
Deux espèces dans notre région, de 3 à 5 mm, souvent sur les murs, toitures et parfois à l’intérieur des maisons. Poils bruns, roux et beiges, pattes bien annelées. Le critère du céphalothorax blanc chez P. lanigera est encore trop hasardeux pour distinguer cette dernière de P. erratica, une capture pour examen est conseillée pour éviter les erreurs.
Salticus
Genre représenté par trois espèces en région, 5 à 6 mm, 3 à 4 mm pour S. zebraneus. Salticus scenicus se retrouve principalement sur les murs et palissades tandis que S. cingulatus et S. zebraneus évolue plutôt sur les troncs des résineux. Araignées noires et blanches, les mâles portent de fortes chélicères. S. scenicus présente des motifs en chevrons sur son abdomen, les pattes sont peu annelées. Les motifs abdominaux sont légèrement différents pour S. cingulatus. Quant à S. zebraneus les motifs peuvent être fortement estompés. La proximité des aspects oblige à un prélèvement pour identifier à coup sûr les individus.
Le Dimanche 19 avril 2020 au matin, je sors dans mon jardin pour en faire le tour comme il m’arrive fréquemment de le faire, surtout avec le soleil généreux du moment. De suite je vois un grand papillon se diriger vers un coin ou j’ai laissé pousser des phacélies. Pensant d’abord à un Machaon, en m’approchant de l’individu qui vient de se poser sur les fleurs, je m’aperçois qu’il s’agit d’un Flambé (Iphiclides podalirius). Je cours chercher mon appareil et j’ai le temps de l’immortaliser avant qu’il finisse par redécoller et continuer sa route.
Le Flambé, jusqu’ici cité plutôt dans le sud de l’Aisne et de l’Oise, vient de faire un bond vers le nord jusqu’en soissonnais où peut-être il deviendra plus fréquent à la faveur du climat plus clément de ses derniers temps.