Fiche espèce : Rheumaptera hastata (Linnaeus, 1758) – Artoise.

Par Maurice DUQUEF.

Fiches des espèces remarquables

Rheumaptera hastata (L.,1758)

(Lepidoptera, Geometridae)

Redécouverte de Rheumaptera hastata, par J. F. Delasalle, M. Duquef, M. Fournal et D. Pruvot, le 20 mai 2017 lors de l’étude d’une réserve biologique intégrale de l’ONF par l’ADEP (Aisne 02), dans ses environs immédiats, le lépidoptère Geometridae Rheumaptera hastata a été capturé volant au soleil dans une zone de bouleaux. Cette espèce n’avait pas été vue en Picardie depuis 1974 ! (Forêt d’Ourscamp, Oise, M. Duquef). Ce papillon, dont la chenille se nourrit dans les régions de plaine sur les bouleaux, est en voie de disparition dans tout l’ouest de la France. Seules vont survivre les populations de montagne (dont les chenilles vivent sur les myrtilles et les rhododendrons).

Photo : Yann Duquef.

Le lendemain deux ou trois autres individus ont été rencontrés en début de journée. Ce papillon ne vient pas à la lumière. Le réchauffement climatique est une réalité tragique pour les espèces de faune froide survivant encore en Thiérache.

Photo : Luc Plateaux.

Exposition entomo de Glisy 2017

Maurice DUQUEF, entomologiste reconnu pour ses connaissances des espèces picardes observées depuis plus de 60 ans ainsi que ses connaissances Guyanaises, a exposé des papillons et coléoptères à la salle des assemblées de Glisy 8 rue neuve les 13 et 14 mai de 10h à 18h prolongée au lundi matin 15 mai pour l’école de Glisy. 

Une chance de voir de très anciennes collections de papillons que l’on n’observe malheureusement plus (ou très rarement) de nos jours et sur la spécificité des recherches de certaines espèces (différentes techniques de recherches, milieux à explorer, etc.).

De belles et intéressantes rencontres ont eu lieu tout au long du week-end. Les magnifiques panneaux toilés du GDEAM (Montreuil-sur-Mer) ont eu un grand succès auprès du public.

Photos : Maurice Duquef.

Fiche espèce : Agabus melanarius Aubé, 1837

Par Jean-Hervé YVINEC

 Fiches des espèces remarquables

Agabus melanarius Aubé, 1837

(Arthropoda, Hexapoda, Coleoptera)

                Dans notre base de données sur les trois forêts de l’Oise l’espèce a été observée à Ourscamp, (2016), un individu par M. Carreira et de Laigue (2015), JH Yvinec Leg, 2 ex. Elle y est donc classée comme « Rare » tant du point de vue occurrence qu’abondance. Cette espèce est considérée comme patrimoniale dans deux des trois référentiels et AR dans celui de la région parisienne (Queney 2016). L’auteur la cite de trous d’eau alimentés par infiltration ou par source mais aussi d’ornières. Elle est présente dans 11 des 291 localités et une fois sur 11 dans l’un des sites à forte diversité, précisément dans l’ensemble Forêt de Compiègne et Laigue. Deux données anciennes existent pour la Forêt d’ Ourscamp d’une ornière herbue (1994), J.C. Bocquillon leg., et d’une ornière inondée, (2008), 1 ex (Queney 2016). Ce même spécialiste la cite de Laigue (1998).

En dehors de ces citations elle n’est guère connue que la Forêt d’Hallate lors des prospections et de l’inventaire de 2008 par F. Arnaboldi, de Reilly et de la Forêt de Hez-Froidmont (Queney 2016). Pierre Queney signale l’absence de l’espèce au sud de paris dans son catalogue. Jean-François Elder nous a communiqué quelques données de l’Aisne (forêt domaniale de Retz, 2002, 3 ind., forêt domaniale de Saint-Gobain, 2002, 5 ind et Cessières, 2001, 2 ind.

Plus au nord, D. Lohez note l’espèce Rare et ne la connaît que de deux forêts, une dans le Pas de Calais, Forêt de Desvres et une dans la Somme, Forêt de Crecy 1 ex (2016). Dans un article de 1987, P. LEBLANC et H. BRUNEEL note dans l’Oise : Orry-la-Ville, mai 1963, coll . Angelini. Département confirmé par la capture le 17 mai 1985 en forêt de Malmifait près de Marseille-en -Beauvaisis de cinq exemplaires (H.BRUNEEL leg.). Les deux auteurs confirment sa présence très ancienne du département du Nord à Fives, noté par A. De NORGUET en 1863 et qui demandait confirmation, ce qui fut fait en 1984 :

– forêt de Trélon, 26 ex. (1984) et 17 ex.(1984) ;

– en 1985, 41 individus (H.B.leg.) dans différents secteurs de la forêt de Trélon : ce qui semble montrer que cette espèce est bien implantée dans cette région (Leblanc et Bruneel 1987).

Nilsson et Holmen considèrent qu’il s’agit d’une espèce d’Europe centrale et du nord, depuis la France de l’est et l’Ouest de l’Angleterre. Leblanc et Bruneel ont montré qu’en France l’espèce était cantonnée au nord et a l’est ainsi qu’au Massif central, au Doubs à La Haute-Saone et à la Bourgogne. La carte de répartition réalisé à partir de la liste des découvertes que F. bameul avait collationné et qu’ils ont abondé est très explicite et montre qu’en France cette espèce est en limite sud d’aire de répartition.

Son milieu de prédilection, selon Franck Bameul, semble être les flaques, ornières étangs ou mares peu profonds, le plus souvent alimentés, dans les forêts sombres de Feuillus et de conifères. Le fond des pièces d’eau doit être vaseux et couvert de feuilles mortes décomposés. La présence des espèces serait conditionnée par le taux élevé d’acides humiques ( issu de la décomposition de l’humus et des feuilles). Une végétation associée de sphaignes, characées … y est associée. Ceci en fait une espèce de grandes forêts et de tourbières.

 

Pièces génitales.

Texte & photos : J-H. Yvinec

Prospection ADEP : Compte rendu sortie « Artoise » du 19/04/2017

Météo froide avec gelée matinale, vent froid pas trop sensible en forêt, sauf sur le carrefour Alexandre, mais journée ensoleillée.

Miguel, Gilles, Ambre, J-Hervé,Thierry et Carole (Daniel prend la photo).

Guenael Hallart nous a accueillis hier pour la première sortie Artoise avec deux de ses jeunes collègues du CPIE, Ambre et Thibaud. Nous avons exploré l’Artoise le matin près du pont à coté du carrefour Alexandre puis sommes remontés vers le nord où un second pont donne accès à la rivière, avant d’aller reconnaître le ruisseau du Brugnon.

Nous avons commencé les observations par la rivière juste en amont du pont. Gilles a fait bénéficier tout le monde de son savoir en matière d’appréciation qualitative d’une rivière et d’IBGN.

Daniel a, quant à lui, prospecté la zone et mis la main sur quelques Elmidae et Hydraenidae. Les premières observations sous binoculaires donnent  3 Elmis aenea, 1 Oulimnius tuberculatus, 3 Limnius volckmari et 11 Hydraena sans doute gracilis (confirmé). Cette espèce est noté « Assez Rare » dans le catalogue Queney 2016 pour le bassin parisien.

Hydraenidae

11 Hydraena gracilis Germar, 1824

Elmidae

3 Elmis aenea ( Müller, 1806 )

3 Limnius volckmari ( Panzer, 1793 )

1 Oulimnius tuberculatus ( Müller, 1806 à

Jean-Hervé a trouvé une canette vide sur le talus de la route avec à l’intérieur les cadavres en décomposition de trois campagnols roussâtres (détermination Guenael) ainsi qu’une série de Silphidae que Thierry a récoltés malgré une odeur nauséabonde.

Dans cette petite bouteille de bière trouvée au bord de la route près du pont ont été découverts  :

Famille des Silphidae

Oiceoptoma thoracicum (Linnaeus, 1758)

Nicrophorus vespilloides Herbst, 1783

Thanatophilus sinuatus (Fabricius, 1775)

Famille des Geotrupidae

Trypocopris vernalis (Linnaeus, 1758)

Daniel puis Gilles ont fait des observations intéressantes dans une « tourbière » le long de l’Artoise (avec potentiellement  une très bonne espèce d’Agabus). La gouille herbeuse est pointée avec la flèche noire. Le premier examen des tubes permet a Daniel de signaler qu’il y a en fait deux très bonnes espèces : 1 Agabus affinis et 1 Agabus melanarius. Les deux espèces sont assez rares (AR) dans le catalogue Queney 2016 pour le bassin parisien avec 6 observation sur 291 localisations pour le premier et 11/291 observations pour le second. Le référentiel à dire d’expert de Daniel Lohez pour le nord de la France montre que les deux sont rares (R) au nord du bassin parisien. Une fiche espèce est fournie pour la seconde en annexe. La première méritera elle aussi une fiche de présentation car elle a été retenue dans le catalogue du Bassin parisien parmi les dix espèces à protéger (sur 280) avec donc une valeur patrimoniale forte en raison de son affinité avec l’habitat vulnérable de type tourbière. Elle serait donc à protéger impérativement car liée à un milieu particulier vulnérable (Queney 2016, page 23).

Dytiscidae

 

  • 1 Agabus affinis ( Paykull, 1798 )
  • Nbx Agabus bipustulatus ( Linnaeus, 1767 )
  • 1 Agabus melanarius Aubé, 1837
  • 1 Ilybius chalconatus ( Panzer, 1796 ) ( Thierry, sous la mousse )
  • Nbx Hydroporus gyllenhalii Schiödte, 1841
  • 7 Hydroporus memnonius Nicolai, 1822
  • Nbx Hydroporus nigrita ( Fabricius, 1792 )
  • 2 Hydroporus palustris ( Linnaeus, 1761 )
  • 4 Hydroporus planus ( Fabricius, 1782 )
  • 5 Hydroporus pubescens ( Gyllenhal, 1808 )

Hydrophilidae

5 Hydrobius fuscipes ( Linnaeus, 1758 )

2 Laccobius bipunctatus ( Fabricius, 1775 )

Jean-Hervé a pêché des Anacaena et des Helophorus dans les trous de bottes entre la tourbière et la rivière, puis dans une « gouille » boueuse un peu plus à l’intérieure de la parcelle.

Il est ensuite allé reconnaître une zone tourbeuse un peu en amont toujours dans le secteur 1 où se trouvent deux chablis avec une mini mare. Daniel et Gilles y sont allés après la pause déjeuner.

Secteur 1 – dépression tourbeuse 2

Daniel et gilles ont exploré cette zone qui se trouve plus à l’intérieur de la parcelle avec un chablis qui a généré une sorte de mare peu profonde et des zones de sphaignes. Leurs observations sont complémentaires et permette de dégager une liste assez riche.

  • 6 Agabus guttatus ( Paykull, 1798 )
  • 1 Ilybius montanus ( Stephens, 1828 )
  • 4 Ilybius chalconatus ( Panzer, 1796 )
  • Nbx Hydroporus gyllenhalii Schiödte, 1841
  • 1 Hydroporus memnonius Nicolai, 1822
  • 1 Hydroporus nigrita ( Fabricius, 1792 )
  • 1 Hydroporus planus ( Fabricius, 1782 )

Helophoridae

 

  • 1 Helophorus brevipalpis Bedel, 1881
  • Helophorus obscurus   4
  • Helophorus flavipes     3
  • Helophorus aequalis   1
  • Helophorus grandis   2

Hydrophilidae

 

  • 3 Anacaena globulus ( Paykull, 1798 )
  • 3 Hydrobius fuscipes ( Linnaeus, 1758 )

Thierry a fait une moisson de carabiques dans la zone tourbeuse.

Secteur 1 en amont du pont, zone tourbeuse.

Sous la litière de feuille :

Famille des Carabidae

Elaphrus cupreus Duftschmid, 1812

Bembidion dentellum (Thunberg, 1787)

Bembidion latinum Netolitzky, 1911

Loricera pilicornis (Fabricius, 1775)

Platynus assimilis Paykull, 1790

Dans la carrie rouge d’un tronc au sol :

Famille des Carabidae

Carabus auronitens Fabricius, 1792

Cychrus caraboides (Linnaeus, 1758)

Pendant ce temps Carole et Miguel et Thierry se sont concentrés sur la zone de confluence Artoise Ruisseau de Fourchamp et en particulier les annexes hydrauliques qui se présentaient comme des bouts de fossés en contact avec le ruisseau.

Carole a récolté à proximité immédiate du ruisseau quelques araignées et carabes (à déterminer) et observé un Rhagium mordax caché sous une écorce :

Jean-Hervé a prélevé dans une fontaine sur le côté de la route et forme un petit écoulement dans le fossé quelques coléoptères et une espèce de Velia. Il est regrettable que le bac de la fontaine soit percé à la base et ne retienne pas l’eau, car sinon il serait beaucoup plus intéressant (à remettre en service ?). Carole a collecté quelques araignées et fourmis en fauchant un peu ; puis elle a continué au niveau du carrefour Alexandre. Thierry a observé marchant sur le Chemin des Faux un Silphidae : Phosphuga atrata (Linnaeus, 1758).

Au Niveau du pont dans le ruisseau De Fourchamp, Jean-Hervé a observé une larve de grosse libellule (probablement Cordulegaster boltonii d’après Gilles) :

Deux espèces de Gerris se trouvaient dans la même zone calme juste en aval du pont sur le Ru de Fourchamp, dont le grand Aquarius paludum paludum (Fabricius, 1794). Le soleil réchauffant l’atmosphère, plusieurs Aglia tau (Lépidoptère, Saturniidae) furent observés, voltigeant rapidement entre les troncs. Seuls papillons observés avec Anthocharis cardamines, en raison d’une météo significativement rafraichie depuis une dizaine de jours.

Nous avons eu un contact avec le propriétaire des terrains au niveau de la deuxième zone reconnue, au niveau du pont en aval de la frontière. Il nous a autorisés à patauger dans la rivière mais le secteur semblait peu propice aux coléoptères. Nous y avons retrouvé la larve de plécoptère, Perla marginata :

Enfin, sur ce même site la capture d’une espèce d’éphéméroptère a fait bondir Gilles qui ne la voyait que pour la 4ème fois de sa vie : l’ Ephemerellidae Torleya major. Il est intéressant de noter que Guenael Hallart avait déjà trouvé Torleya major sur l’Artoise en 2015, (Détermination par G. Coppa dans les deux cas). Un autre collecteur (Jean-Julien Lepeut) l’a aussi découverte à Origny-en-Thiérache.

Le propriétaire a confirmé qu’il y avait bien eu une forge anciennement ici. Ce qui pouvait se déduire de la présence d’une retenue d’eau sur les cartes de Cassini et d’état-major du XIXe siècle. La forge a disparu, ce qui n’est pas plus mal pour l’Artoise car elle devait réchauffer l’eau. Un gros effort de replantation a été fait, en enlevant les résineux mais il est dommage d’avoir replanté, entre autres, du chêne rouge d’Amérique.

Gilles signale que comme le subodorait Guénael le ruisseau du Brugnon, que nous avons prospecté en dernier, recèle le plus gros potentiel en biodiversité. En effet, en ne prenant en compte que ce que nous avons vu jusqu’ici des deux côtés (Artoise et Brugnon), ce ru présente un lit plus diversifié avec des zones de gravillons et sables plus propices que le lit assez minéral grossier de l’Artoise. Gille note qu’il est rare de trouver sur un ruisseau (Brugnon) les 3 familles de Perloidea: Perlidae, Perlodidae et Chloroperlidae.

C’est un peu moins rare sur un cours d’eau de plus de 5 mètres de large, ce qui est loin d’être le cas ici.

 

Et nous n’avons pas vu le secteur avec cascades dont parlait Guénael car nous avons juste investigué de part et d’autre du pont qui passe sous la route de la prise Milot. Miguel et Daniel se sont consacrés à la rivière et ont trouvé quelques Elmidae essentiellement dans les gravillons. Daniel a relevé 1 Elmis aenea, 5 Limnius volckmari et 2 Hydraena sans doute gracilis. Cette espèce est noté assez rare d’après Queney 2016 avec 8 observation sur 291 sites. Elle est jusqu’ici absente du référentiel Nord, Pas-de-calais et Somme de Daniel Lohez. Elle était en revanche déjà connue de l’Aisne puisque ce département regroupe 6 des 8 citations du bassin parisien (les deux autres sont dans l’Oise).

Hydrophilidae

 

  • 1 Anacaena globulus ( Paykull, 1798 )

Hydraenidae

 

  • 2 Hydraena gracilis Germar, 1824

Elmidae

 

  • 1 Elmis aenea ( Müller, 1806 )
  • 5 Limnius volckmari ( Panzer, 1793 )

 

Jean-Hervé en a profité pour rechercher des insectes dans la zone tourbeuse en arrière. Les trous semblaient très profonds bien qu’avec une couche d’eau peu importante sauf dans un cas (30 cm) qui a livré le plus d’insectes. Ils ont été déterminés par Daniel :

Dytscidae

 

  • 1 Agabs bipustulatus ( Linnaeus, 1767 )
  • 4 Hydroporus gyllenhalii Schiödte, 1841
  • 1 Hydroporus nigrita ( Fabricius, 1792 )

Helophoridae

 

  • 4 Helophorus obscurus Mulsant, 1844

Hydrophilidae

 

  • 2 Anacaena globulus ( Paykull, 1798 )
  • 7 Anacaena lutescens ( Stephens, 1829 )
  • 2 Hydrobius fuscipes ( Linnaeus, 1758 )

Jean-Hervé a aussi exploré un peu et sans succès la zone du Brugnon juste avant le pont.

Gilles de son coté, tronçons juste en aval du pont (ci-dessus), a mené ses recherches tant dans la rivière que dans des gouilles (ci-dessous) dans la zone coté droit.

Coléoptères

Hydraena assimilis 1

Hydraena gracilis   8

Limnius volckmari     8

Elmis aenea   5

Plecopteres

Isoperla oxylepis 3

Flaque voisine du ruisseau

Agabus melanarius   4

Hydrobius fuscipes   1

 

Tous les autres invertébrés n’ont pas été prélevés. Mais Gilles trouve que le ruisseau est aussi de très bonne qualité.

Mini-mares ou « gouilles » voisines du ruisseau en aval du pont.

La journée s’est terminée par la dégustation du gâteau de Chimay que Carole, toujours attentionnée, nous avait confectionné. Désolé j’ai pas pris la photo (pouvais pas trop occupé à me régaler) ! Accompagné de chocolat bio en plus !

 

En conclusion : La récolte des Elmidae dans l’Artoise n’a pas été exceptionnelle mais, Daniel pense que sur un autre tronçon de la rivière plus ouvert et avec un substrat plus adapté le résultat pourrait être bien meilleur. Et les mini cascades du ruisseau du Brugon devraient être très intéressantes. Toutefois mon expérience Le grand regret de Daniel et sans doutes des autres « aquaticiens » est de ne pas avoir passé davantage de temps dans la mini tourbière en bordure de route car à la prochaine visite, il ne restera sans doute plus beaucoup d’eau à cet endroit. Nous espérons que Guenael aura un ou plusieurs endroits identiques à nous proposer. Et c’est bien le cas et nous attendons avec impatience la carte avec pointé dessus ces tourbières ou zones tourbeuses. Nous n’avons pas trouvé Deronectes platynotus signalé de ce secteur par Jean-François Elder. Ce sera peut-être pour la prochaine fois, aidés par son expérience.

Texte et photos : Jean-Hervé Yvinec, Président de l’ADEP.

Syrphes : Portrait de pollinisateurs 2017

 

 

 

Portrait de pollinisateurs 2017 – Photos: © Martin C D Speight – Texte: Martin C D Speight – Version Française: Cédric Vanappelghem

 

Photo ci-dessus : Sphiximorpha subsessiilis cette espèce forestière, rarement vue, se développe au stade larvaire dans les coulées de sèves sur le tronc des vieux arbres, et en particulier ceux des peupliers (Populus sp.)

 

Ces portraits ne sont pas ceux d’abeilles, mais ceux de mouches, de syrphes européens pour être précis. Sur le terrain, les syrphes sont petits et peuvent passés inaperçus. Dans les portraits, vous les voyez plus grands que dans la nature et pouvez donc les examiner à loisir. Vous êtes invités à envoyer ces protraits à qui vous voulez, amis ou collègues. Le rôle des syrphes dans la pollinisation n’est pas aussi connu que celui des abeilles, mais elles jouent pourtant leur rôle, certes un peu différent. Ils sont des pollinisateurs importants pour différents arbres fruitiers mais également des cultures, comme celle du Colza. Ils pollinisent également des plantes sauvages, notamment des plantes rares qui ne sont pas visitées par les abeilles. Les syrphes peuvent être trouvés dans une grande gamme d’habitats terrestres et aquatiques continentaux. Au stade larvaire, un tiers d’entre eux se nourrissent de pucerons ou de petites chenilles, ils sont reconnus pour être des auxiliaires de culture et en particulier du blé d’hiver. Un autre tiers se nourrit des plantes en minant les feuilles, la base des tiges, les racines, les rhizomes, les bulbes ou les tubercules des plantes herbacées. Le reste des syrphes se développent en se nourrissant de micro-organismes comme des bactéries, le plus souvent en vivant dans l’eau ou dans des situations très humides. Tous les adultes, sans aucune exception, se nourrissent de nectar et de pollen. Ils visitent une grande variété de plantes que ce soit des arbres, arbustes ou plantes herbacées, incluant les plantes qui ne produisent que du pollen (et pas de nectar) comme les graminées, les laîches, les chênes ou les coquelicots. Les noms des espèces présentées sont donnés dans les petits textes qui se trouvent après ces portraits.

 

ILS GRANDISSENT DANS L’EAU :

 

Lejogaster metallina* (en haut à gauche), Eristalis abusiva* (en haut à droite), Riponnensia splendens* (au centre), Helophilus pendulus* (en bas à gauche), Sericomyia silentis* (en bas à droite)

Comme les libellules ou les éphémères, ces syrphes passent la majeure partie de leur vie sous l’eau. Leurs larves n’ont pas de lamelles branchiales comme les libellules mais respirent de l’air. Les larves d’Eristalis, d’Helophilus et de Sericomyia utilisent un tube périscopique qui débouche à la surface de l’eau comme un tuba. Ce tube périscopique est à l’origine de leur nom « larves queues de rat », ils peuvent atteindre une longueur de 1 mètre. Helophilus pendulus est particulièrement commun et bien distribué, il peut être trouvé à peu près partout, notamment dans les jardins où il se développera dans les pièces d’eau.

 

DES BOURDONS ? NON DES SYRPHES

Pocota personata (au centre), Criorhina berberina*(à gauche), Eristalis intricaria*(à droite)

Des espèces mimétiques de bourdons sont trouvées dans au moins 10 genres de syrphes. Seule une espèce possède une larve qui vit dans les nids de bourdons, Volucella bombylans. Les autres ont des écologies différentes. Les larves de Pocota personata vivent dans des cavités d’arbre remplies d’eau, le plus souvent assez haut dans des arbres sénescents. Au contraire, les larves de Criorhina vivent dans des racines pourries des arbres vivants ou dans les cavités basses des troncs d’arbres. Eristalis intricaria a un stade larvaire aquatique se développant dans la boue riche en matière organique des mares peu profondes, en paysage non forestier. Les espèces de Criorhina volent tôt en saison quand les ressources alimentaires sont rares, elles dépendent fortement de la floraison des bosquets de Saule (les fleurs mâles en particulier).

 

GOURMANDS DE PUCERONS

 

Sphaerophoria scripta*(en haut), Baccha elongata*(à gauche), Heringia heringi*(à droite), Xanthogramma pedissequum (en bas)

Les pucerons ou autres petits insectes vivant sur les plantes sont une ressource alimentaire très commune chez les larves de syrphes. Lors de sa phase larvaire, un syrphe va consommer plusieurs centaines de pucerons. Certaines espèces se spécialisent alors que d’autres pondent leur œufs sur n’importe quelle colonie de pucerons. Les larves de Sphaerophoria scripta, une espèce qui se déplace beaucoup, sont généralistes et se développent dans les cultures. Baccha elongata ne dépose ses œufs qu’à proximité des colonies de pucerons sur des buissons ou dans le sous-bois voire sur de hautes herbes, un peu à l’ombre. Les larves de Heringia heringi sont des prédateurs spécialisés des pucerons formant des galles ou enroulant les feuilles et des Psylles, vivant sur les arbres fruitiers comme les pommiers, les cerisiers ou les poiriers. Les larves de Xanthogramma sont spécialisées sur les pucerons élevés par les fourmis sur les racines dans le sol.

 

LES HABITANTS DU MONDE SOUTERRAIN

Eumerus ovatus (en haut à gauche), Eumerus tarsalis (en haut à droite), Eumerus olivaceus (en bas à gauche), Eumerus ornatus (en bas à droite)

Presque toutes les espèces d’Eumerus vivent sous la surface du sol dans des racines, bulbes, tubercules ou rhizomes. Les plantes géophytes sont très diversifiées en zone méditerranéenne, tout comme les espèces de ce genre. Le vol en zig-zag d’Eumerus ovatus est impossible à suivre, car les yeux humains sont inévitablement attirés par la pilosité argentée de l’abdomen qui reflète la lumière, disparaissant aussitôt que l’insecte change de direction.

 

MAXIMUM ET MINIMUM

 

Milesia crabroniformis (la grande), Paragus haemorrhous*(la petite)

Milesia craboniformis est la plus grande des espèces de syrphes d’Europe, jusque 25 mm de long et Paragus haemorrhous est l’une des plus petites, atteignant à peine 3,5 mm. La larve du petite Paragus haemorrhous se nourrit de pucerons dans les cultures d’artichauts et de fèves en zone méditerranéenne ; elle accomplit son cycle biologique en quelques semaines. A l’inverse, les larves de Milesia craboniformis vivent dans le bois pourrissant dans les cavités à la base des vieux chênes. Leur développement larvaire dure plus d’une année. Milesia craboniformis vole tard en saison, elle visite typiquement les fleurs de Lierre grimpant, souvent en compagnie du Frelon européen (Vespa crabo) qu’elle imite à la fois en apparence et en comportement.

 

LES VEGETARIENS

Merodon avidus (en haut), Cheilosia orthotricha (à gauche), Portevinia maculata*(à droite)

Les larves de Merodon avidus minent les bulbes des petites liliacées comme les espèces du genre Ornithogalum. Celles de Cheilosia orthotricha minent la base des tiges florifères de la Pétasite (Petasites hybridus), alors que celles de Portevinia maculata minent les bulbes de l’Ail des ours (Alium ursinum). Les adultes de Portevinia maculata fréquentent les feuilles de cette même plante ainsi que les fleurs, on voit rarement ce syrphe sur d’autres fleurs. Cette espèce joue vraisemblablement un rôle dans la pollinisation de l’Ail des ours.

 

CELLES DE LA FERME

Melanostoma mellinum*(en haut), Eristalinus sepulchralis*(à gauche), Rhingia campestris*(à droite), Episyrphus balteatus*(en bas)

Melanostomma mellinum est l’une des rares espèces de syrphes à se maintenir dans les prairies de fauche intensives, elles sont également présentes dans les pâtures et les prairies de fauche extensives. Les adultes sont spécialisés dans l’exploitation des fleurs ne produisant que du pollen, les plantes anémophiles, en particulier les graminées. Ils sont des pollinisateurs spécialisés du plantain (Plantago sp.). Les larves d’Eristalinus sepulchralis se développent dans les eaux chargées par les effluents agricoles d’origine animale (fumier). Les larves de Rhingia campestris se développent dans les bouses de vaches, l’adulte possède un rostre et des pièces buccales très longs lui permettant de se nourrir dans quasiment toutes les fleurs. Episyrphus balteatus est une espèce dont la larve se nourrit de pucerons, elle peut être très abondante dans les champs de céréales, où elle est considérée comme un auxiliaire de culture significatif. La larve est également typiquement trouvée dans les cultures de cassis. Les femelles de cette espèce hiverne en Europe centrale et de l’ouest dans différents endroits comme les massifs de Lierre grimpant. Elles font partie des premières espèces à apparaître à la fin de l’hiver.

 

CELLES DU JARDIN

Syritta pipiens*(en haut), Syrphus ribesii*(à gauche), Merodon equestris*(à droite)

Les larves de Syritta pipiens sont trouvées dans les tas de compost ou toute autre accumulation de débris végétaux un peu humide, elle est ainsi abondante dans les jardins. Les rosiers, la plupart des buissons et les grandes herbes sont l’habitat où la larve de Syrphus ribesii se nourrit de pucerons. Merodon equestris s’est largement propagé en Europe où la jonquille a été introduite dans les jardins et les parcs urbains, les larves se nourrissant des les bulbes de cette plante. Elle est ainsi nommée Mouche des narcisses, en référence au nom scientifique des jonquilles (Narcissus sp.).

PRESQUE DISPARUE

Psarus abdominalis (à gauche), Sphiximorpha petronillae (à droite)

Psarus est l’unique genre de la tribu des Psarini et Psarus abdominalis en est l’unique espèce. Elle est endémique à l’Europe, dans l’état des connaissances actuelles. Dans le passée, Psarus abdominalis était connu de la Suède à la Yougoslavie, mais il a disparu de la majeure partie du continent au moment où les chevaux ont été remplacés par des engins motorisés. Psarus est une espèce forestière, aujourd’hui associée avec les forêts de chêne exploitée pour le bois de chauffage. Quand les chevaux intervenaient, l’exploitation de la forêt se faisait à la main. Quand cette exploitation a été mécanisée, les coupes à blanc sont devenues la norme et les microclimats forestiers ont disparu. Durant les 50 dernières années, Psarus abdominalis a été trouvé dans moins de 10 localités en Europe, pour la plupart au nord de la Grèce. Pourtant Psarus existait bien avant que l’exploitation extensive des forêts crée un habitat favorable. Il est possible que Psarus occupe également des forêts de chêne sujettes au feu. Beaucoup d’effort sont aujourd’hui consentis pour éviter les feux de forêts, les espèces dépendants des feux de forêts sont ainsi un groupe très menacé. Aujourd’hui, il y a trop d’inconnu sur l’écologie de Psarus pour lui assurer une survie sur le long terme. Sphiximorpha petronillae a été décrit en 1850 à partir d’un seul spécimen trouvé en Italie, seul deux exemplaires supplémentaires ont été découverts dans les 150 années suivantes. Très récemment, une population a été découverte dans une forêt de chênes dans le Nord Est de la Grèce. Les larves des Sphiximorpha se développent dans de petites cavités remplies de sève fermentée de vieux arbres. Les mâles de Sphiximorpha petronillae attendent, immobile, sur les troncs de chênes creux, que les femelles apparaissent. Malgré leurs couleurs brillantes, ils deviennent presque invisibles lorsqu’ils sont immobiles. S’il est dérangé S. petronillae peut émettre un bourdonnement fort et très semblable à celui d’une guêpe et relève ses ailes comme une menace, ce qui maximise sa ressemblance aux guêpes du genre Polistes. Cet insecte des vieilles forêts reste un des syrphes les plus menacés d’Europe, mais il n’est inclus dans aucune liste nationale ou internationale requérant la protection d’espèces.

 

L’EQUIPE DU BOIS MORT

Temnostoma meridionale (en haut), Sphegina sibirica*(à gauche), Xylota sylvarum*(à droite)

Les arbres pouvant se développer librement et mourir naturellement sont très rares en Europe, du fait de l’exploitation commerciale des forêts. La plupart des espèces de syrphes liés aux vieux arbres, sont de fait rares. Une minorité d’entre eux peuvent se développer dans des arbres tombés ou abattus, ou dans des souches, ils sont trouvés dans la plupart des forêts. Les larves des espèces de Temnostoma, comme Temnostoma meridionale, perce des galeries dans des troncs de chênes ou d’autres essences feuillus, quelques années après que l’arbre ait été abattu ou soit tombé. La larve de Sphegina sibirica vit derrière l’écorce des conifères récemment abattus. Depuis les années 80, cet insecte s’est propagé depuis la Russie et la Scandinavie vers le sud et l’ouest de l’Europe. Aujourd’hui il est connu d’Irlande et du centre de la France. Les larves de Xylota sylvarum se développent dans les racines et les souches de feuillus ou de conifères, pourries par les champignons. L’adulte est spécialisé dans la collecte de pollen à la surface des feuilles (piégé par le vent dans la pilosité), ou sur certaines fleurs comme les Renoncules (Ranunculus sp.) ou le Framboisier (Rubus idaeus).

 

PARENTS PROCHES

Volucella inflata (en haut à gauche), Volucella pellucens*(en haut à droite), Volucella bombylans*(en bas à gauche), Volucella zonaria (en bas à droite)

Les larves de Volucella inflata vivent dans l’humus d’arbre, mais les larves de toutes les autres espèces du genre vivent dans les nids d’insectes sociaux. Volucella pellucens vit avec les guêpes sociales (Vespula sp.), V.bombylans avec les bourdons (Bombus sp.) et V.zonaria avec le Frelon européen (Vespa crabo) ou la Guêpe commune (Vespula vulgaris). Les larves sont pour partie prédatrices sur les larves de leurs hôtes et sur les débris accumulés à la base du nid pour le reste. Volucella inflata vole tôt en saison et peut être aperçue sur les fleurs de Fusain d’Europe (Eunonymus europeaus) et d’Aubépine (Crataegus sp.). Les autres espèces de Volucella volent plus tard et aiment biens les fleurs de buissons comme le Buddleia (Buddleia sp.).

 

LE TRICHEUR

Microdon myrmicae*: adult (à gauche), larve (en bas à droite), puparium (en haut à droite)

Les larves de Microdon vivent dans les nids de fourmis, se nourrissent des larves de fourmis la nuit quand les fourmis sont quasiment inactives. Ce mode de développement larvaire très particulier est permis notamment par la production d’une odeur identique à celle des fourmis, ne permettant pas à ces dernières de détecter les larves. La forme des larve est également particulière, quand elles sont immobiles dans un tunnel de la fourmilière, elle sont comme une bosse sur laquelle les fourmis marchent sans se rendre compte de quoi que ce soit.

Les femelles de Microdon voulant pondre à l’entrée des nids de fourmis doivent avoir la bonne odeur, sinon elles pourraient être taillées en pièce par les fourmis. Les taxonomistes ont d’abord rangé les espèces de Microdon dans les mollusques car la larve ressemble à de petites limaces, imaginez la consternation quand la petite limace a éclos pour donner naissance à une mouche. Les larves de Microdon myrmicae vivent dans les nids des mêmes espèces que celles qui abritent les larves des certaines azurés (Maculinea sp.). Les larves des deux insectes peuvent se développer ensemble dans un même nid. Aujourd’hui, M.myrmicae est largement confiné aux marges des zones humides où ces fourmis peuvent maintenir de grosses populations dans les touffes de laîches et de mousses. Les espèces de Microdon ne se nourrissent pas sur les fleurs, mais elles sont reconnues pour être des pollinisateurs spécialisés de certaines orchidées (le genre Ophrys), qui imite l’habitus des femelles de Microdon. Les mâles des espèces de Microdon essayent de se reproduire avec ces orchidées, c’est à ce moment-là que les pollinies se fixent sur les mâles.

*Espèces se trouvant en Irlande. A l’exception de Sphiximorpha petronillae, toutes les espèces représentées sont connues de France. En Belgique, les espèces suivantes ne sont pas présentes : Eumerus ovatus, Eumerus tarsalis, Leucozona inopinata, Merodon avidus, Milesia crabroniformis, Sphiximorpha subsessilis et Temnostoma meridionale . Psarus abdominalis a aujourd’hui disparu.

Diffusion avec l’aimable autorisation de Cédric Vanappelghem.

Nous remercions Damien TOP pour la diffusion de ce super document.

Et pour en savoir plus :

www.biodiversityireland.ie/pollinatorplan

Poster « Syrphes » dans le cadre du programme SAPOLL :

Poster « Syrphes »

Apprendre à chasser Thamnurgus varipes (Coleoptera, Curculionidae scolitinae).

Texte et photos : Jean Claude Bocquillon.

Dans le bulletin n°23 de décembre 2013 de L’ENTOMOLOGISTE PICARD (« Les Thamnurgus Eichhoff de Picardie. Une chasse subtile » p 34). une description de cette chasse était succinctement donnée. Une malencontreuse inversion de l’illustration accompagnant cet article sur une des planches de ce bulletin montrait Teucrium scorodonia en lieu et place de Euphorbia amygdaloides, plante hôte de cet insecte.

Hier 29-01-2017, j’ai rencontré cette euphorbe en forêt de Chantilly, visiblement dépérissante au milieu d’un groupe bien portant, et cela me permet d’illustrer de façon plus précise les indications figurant dans l’article. On peut voir en particulier les trous dans la tige rouge et l’aspect des feuilles de la plante attaquée, pendantes et non horizontales.

 

 

 

La relève est déjà là !

Lors de notre réunion mensuelle du 28/01/2017, nous avons eu le plaisir d’accueillir parmi nous de très jeunes recrues, déjà bien préparées à prendre la relève !

La fille de Marina, Lucile nous a présenté les « animaux en danger » avec de très belles photos et la fille de Martin, Juliette avec la présentation d’une boîte à insectes très colorée.

Alors de la part de tous les membres de l’ADEP nous vous disons : bravo les filles !

Photos : M Chavernoz. Diffusion avec l’aimable autorisation des parents.

observation septentrionale inhabituelle

Thysanoplusia orichalcea : visible en Indonésie, au Sud de l’Asie, en Afrique, Australie, Sri Lanka ou Nouvelle Zélande, ce papillon de nuit de la famille des Noctuidae, sous-famille des Plusiinae, est un migrateur très occasionnel dans le nord de l’Europe.

C’est donc une espèce très peu observée jusqu’ici en France, principalement sur le pourtour méditerranéen et la côte atlantique, d’août à novembre. Il est erratique à l’intérieur des terres.

Il y avait vraisemblablement fort peu de chances de l’observer en région Hauts-de-France où il n’avait jamais été noté, jusqu’à août 2016 où il a été vu dans l’Oise, attiré par la lampe à vapeur de mercure :

 

Vous retrouverez cette observation détaillée dans le prochain Bulletin de l’ADEP, « l’Entomologiste Picard », avec une autre observation peu commune d’une seconde Plusiinae : Chrysodeixis chalcites.

Scytodes thoracica : une araignée étonnante.

Difficile de se tromper sur son identification si l’on y prête un temps soit peu attention. Cette petite araignée noire et brune (3 à 6 mm) présente sur le céphalothorax circulaire, des arabesques noires caractéristiques (cf photo jointe), un abdomen rond et des pattes annelées. Elle ne possède « que » 6 yeux contrairement à la majorité des araignées.

Autre caractéristique : elle est haplogyne (c’est-à-dire que la femelle est dépourvue d’épigyne). Mais ce n’est pas tout. Cette espèce ne construit pas de toile. Nocturne, elle se déplace très lentement sur les murs (à l’intérieur des habitations) à la recherche de proies. C’est une araignée « cracheuse » qui lance un savoureux mélange « poison-colle » sur ses proies.

Dans notre périmètre géographique, c’est la seule espèce de son Genre. Dans le Nord, elle a coutume à rentrer dans les habitations (dans le Sud, on la trouve plutôt sous les pierres). Si elle est signalée dans l’Oise, l’Aisne et la Somme, sa répartition est encore incomplète : n’hésitez pas à nous signaler sa présence.

Clichés : L.Colindre.

Question d’antennes

 

 

 

Papillons de jour ou papillons de nuit ?

 

Chez les Lépidoptères, on parle de papillons de jour ou de papillons de nuit. Pour les distinguer, on peut gager que les papillons de jour (Rhopalocères) volent le jour et les papillons de nuit (Hétérocères) volent la nuit… enfin presque !

Car si les papillons de jour volent bien le jour, il arrive également à de nombreuses espèces de papillons de nuit de voler en journée ou en soirée. Parmi les hétérocères actifs le jour, on peut citer : Autographa gamma, Chiasmia clathrata ou encore Macroglossum stellatarum :     

           

Alors pour les distinguer, les couleurs vives des Rhopalocères et les couleurs ternes des Hétérocères nous guideront-elles ? Pas davantage ! De nombreux hétérocères sont richement colorés, telles les écailles :

     

Pour faire la différence, c’est relativement simple, il faut regarder les antennes. Les papillons de jour (Rhopalocères) ont une petite boule au bout des antennes (rhopalo = massue) :

Tandis que les papillons de nuit (Hétérocères) ont des antennes aux formes variées (= hétéro) telles que plume, fil ou peigne :

 

Maculinea et Myrmica : une relation indispensable papillon-fourmi.

Avertissement : Le texte utilise une multitude de répétitions : « Myrmica » et « Maculinea » indispensable à la compréhension du phénomène biologique. Par avance toutes nos excuses auprès de nos lecteurs !

Définition :

  1. Fourmi :

Le genre Myrmica regroupe aujourd’hui 23 taxons français depuis la découverte d’une nouvelle espèce pour la France en 2016. En Picardie, il a été répertorié 7 espèces. Souvent appelées « fourmis rouges », c’est un groupe homogène en coloration et en taille (env. 5 mm).

Gyne (à droite) et ouvrières Myrmica. Photo : L.C.

2. Papillon :

Le genre Maculinea (ou Phengaris) regroupe 4 espèces françaises de papillons (Lépidopètres / Rhopalocères). Ces papillons sont gravement menacés en France comme en Europe avec une perte estimée à 55% des populations en 22 ans (« The European Grassland Butterfly Indicator : 1990-2011 European Environment Agency, 2013 »). En Picardie nous connaissons 2 espèces :

  • M. arion (L. 1758) l’Azuré du serpolet connu dans l’Aisne exclusivement.
  • M. alcon (Denis & Shiffermüller, 1775) qui se divise en deux écotypes :
    • M. alcon « rebeli » (Hirschke, 1904) l’Azuré de la croisette. Aisne et Oise.
    • M. alcon « alcon » (Denis & Shiffermüller, 1775) l’Azuré des mouillères. Aisne et Oise.

Biologie :

Leur biologie nécessite non seulement la présence d’une plante-hôte (Gentiana) pour s’alimenter mais aussi (et c’est là leur particularité), d’une « fourmi-hôte ». La chenille terminant en effet sa nymphose dans une fourmilière.

Ponte Maculinea rebeli sur Gentiana cruciata, Photo : T. GERARD.

Au troisième stade, la chenille se laisse choir de sa plante-hôte. Une fois au sol et incapable de se déplacer (Als et al, 2001), les fourmis du genre « Myrmica » vont la transporter jusqu’au nid. La chenille « myrmécophile » dispose d’une molécule permettant d’imiter l’odeur (hydrocarbures) des Myrmica. Ce leurre (parmi d’autres, L. Passera et al, 2016) va permettre à l’insecte de se faire « adopter ». Sans ce subterfuge, la chenille se ferait tuer par les hyménoptères. Une fois prise en charge et installée dans le nid, elle bénéficiera de la protection des fourmis et sera alimentée par les ouvrières (Elmes et al, 1991), ou, selon l’espèce, dévorera le couvain (Thomas & Elmes, 1998).

Il semble que chaque espèce de Maculinea soit associée à un certain nombre d’espèces de Myrmica, mais, localement une espèce de Maculinea se spécialise sur une espèce particulière de Myrmica. Les études réalisées dans les Pyrénées sur M. alcon écotype « rebeli » montrent que certaines populations utilisent Myrmica schencki Viereck, 1903 et d’autres Myrmica sabuleti Meinert, 1861. Mais, si les chenilles utilisant M. schenki sont « prises en charge » dans un nid de M. sabuleti (et vice-versa), les chenilles meurent. Il y a donc bien adaptation locale du papillon à une espèce particulière de Myrmica. Dans chaque station il y a une espèce de Myrmica avec laquelle une espèce donnée de Maculinea aura plus de chances de se développer. Toutes les Myrmica d’un site en revanche ne peuvent pas jouer le rôle d’hôte. Par conséquent, dans les stations où plusieurs espèces de Myrmica coexistent, la chenille mourra si elle est ramassée par une autre espèce de Myrmica que son hôte « attitré ».

Globalement, Maculinea alcon écotype « alcon » utilise surtout Myrmica scabrinodis Nylander 1846, Maculinea alcon écotype « rebeli » utilise surtout Myrmica schencki Viereck, 1903 et Maculinea arion utilise principalement Myrmica sabuleti Meinert, 1861 (Thomas et al, 1989, P. Dupont, 2011).

Maculinea rebeli (Photo : T. Gérard)

Maculinea arion (Photo : T. Gérard)

Maculinea arion (Photo : T. Gérard)

La survie de la population de Maculinea dépend donc de nombreux paramètres :

    1. de la densité absolue des nids de l’espèce de Myrmica-hôte ;
  • de la proportion de ces nids par rapport aux autres espèces de Myrmica ;
  • de la présence de la plante-hôte pour les premiers stades de développement de la chenille ;
  • de la présence de fourmis-hôtes à proximité des plantes-hôtes.
  • de plan de sauvegarde d’habitats favorables.

Avant la mise en place d’un PNA (Plan National d’Action) en faveur des Maculinea, les études se concentraient plus particulièrement sur la plante-hôte. Aujourd’hui le travail passe d’avantage par l’identification des fourmis-hôtes compte tenu d’une meilleure connaissance de la systématique myrmécologique. Ainsi, en collaboration avec le Conservatoire des Espaces Naturels de Picardie (CENP), plusieurs études entrant dans ce cadre ont étés initiées pour la Picardie (la toute première dans l’Oise, T. Cheyrezy & L. Colindre, 2015) ou sont en cours.

Il est crucial de connaitre :

  1. les potentialités d’une station pour assurer la survie des populations de Papillons ;
  2. la présence, la répartition de fourmis du genre Myrmica ;
  3. le cortège de fourmis associé (bien qu’approximatif car les prélèvements du dispositif sont trop sélectifs) afin d’apprécier la compétition interpécifique.

Le rôle de l’ADEP étant de garantir l’identification des espèces de fourmis et de collaborer à la transmission des données vers la base nationale ANTAREA.

L’indispensable relation « tripartite » : plante-papillon-fourmi pour leur survie et lié à l’indispensable relation « tripartite » : botaniste-lépidoptériste-myrmécologue pour leur sauvegarde.

Outil d’aide à l’identification des Myrmica :

http://webissimo.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Antarea_Myrmica_DREALr_cle7f8b73.pdf

Remerciements :

A Thibaut GERARD pour ses clichés.

Bibliographie :

Als T.D., Nash D.R. & Boomsma J.J. (2001). Adoption of parasitic Maculinea alcon caterpillars (Lepidoptera : Lycaenidae) by three Myrmica ant species. Anim. Behav.62, 99-106 p.

Dupont P. (2011), PNA 2011-2015 en faveur des Maculinea. Document validé par la Commission faune du CNPN du 21 Octobre 2010, 138 p.

Duquef M, Fournal M. & Pruvost D. (2004) La Picardie et ses Papillons, Tome 1, les Rhopalocères, ADEP avec la participation du CSNP, 248p.

Elmes, G W , JC Wardlaw & J A Thomas (1991). Larvae of Maculinea rebeli, a large-blue butterfly, and their Myrmica host ants : wild adoption and behaviour in ant nests. J. Zool. (London) 223 : 447-460.

Passera L. & Wild A. (2016) : Formidables fourmis, Ed Quæ 160 p.

Thomas J A G W Elmes, J C Wardlaw & M Woyciechowski (1989). Host specificity among Maculinea butterflies in Myrmica ant nest. Oecologia 79 :452-457.

Thomas, J A & G W Elmes (1998). Higher productivity at the cost of increased host-specificity when Maculinea butterfly larvae exploit ant colonies through trophallaxis rather than by predation. Ecological entomology 23 (4) : 457-464.

Nos milieux : l’Artoise : une rivière labellisée.

 

Si les insectes sont le point central de notre site internet, nous avons également le devoir de présenter les biotopes régionaux de grande valeur écologique qui nous entourent. Pour cette première, je vous propose de nous intéresser quelques instants à la rivière l’Artoise.

Située dans l’Aisne, en Thiérache, elle prend sa source en Belgique près de Chimay et coule sur 19 km. Elle délimite d’ailleurs la frontière entre les deux pays sur 9 km. La Belgique et la France comptent environ 5 km de bras d’eau chacun. Elle prend fin et se jette dans le Gland en forêt domaniale de Saint-Michel, massif forestier de 2 940 ha.

Si cette rivière est si importante, elle le doit en partie à son caractère « sauvage » et à la qualité de ses eaux. Sinueuse, bien oxygénée, elle accueille une variété importante d’animaux remarquables : poissons, amphibiens, oiseaux sans oublier les invertébrés déjà mis en avant lors d’inventaires initiés par le CPIE de l’Aisne, l’OPIE, l’ONF, l’ADEP… Ce lieu est encore relativement préservé des altérations anthropiques mais nécessite une protection sur le long terme.

C’est pour cette raison qu’elle bénéficie depuis l’été 2016 du premier label « rivière sauvage » pour le bassin Seine-Normandie. Il est intéressant aussi du fait du caractère transfrontalier du bassin, ce qui nécessitera sans doute des coopérations futures. La Labellisation a été portée par la Fédération de l’Aisne pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique. Sur sept autres rivières sauvages françaises labellisées pour l’instant, elle est l’unique rivière au Nord de la France.

Elle bénéficie également d’une zone de protection d’une partie de son bassin versant coté français via la « RBI » (Réserve Biologique Intégrale) sur 75 ha permettant de mieux la protéger des activités humaines. L’Office des Forêts est en train de réaliser ou d’initier des inventaires scientifiques pour en établir son plan de gestion.

Bibliographie entomologique ADEP disponible :

–Barbut J.- Berhamel S.-Duquef M. (2001) – Pungelaria capreolaria Denis et Schiffermuller en Picardie. L’Entomologiste Picard, année 2001.

–Bocquillon J.C. (2014) – Schizotus pectinicornis L. en Picardie. Les montagnards sont là… L’Entomologiste Picard, N° 25, année 2014.

Mais aussi :

–Hallart G & Le Doaré J. (2016) – Addition à la faune des Plécoptères de France : Amphinemura borealis (Morton, 1894), Plecoptera, Nemouridae – Ephemera, 2014 (2016), Vol. 16 (2) : 93-96

 

Pour en savoir plus : http://www.rivieres-sauvages.fr/

 

 

Remerciements à G. Hallart pour ses photos.

 

Inventaire des Syrphes au Marais de Reilly (60)

 

 

 

Les Syrphes sont des Diptères dont l’étude est actuellement impulsée en France par un groupe inter-réseaux associant Réserves Naturelles de France et les Conservatoires d’espaces naturels en tant qu’indicateur de la qualité des milieux. La prise en compte de ces diptères dans l’analyse de l’intégrité écologique  d’un milieu (notion exprimant la capacité d’accueil d’un milieu et qui rend compte de sa fonctionnalité) a été permise notamment grâce au Docteur Martin C.D. Speight et sa base de données sur les syrphes européens appelée Syrph the Net (StN).

Ces insectes ont été identifiés comme bon indicateur de l’intégrité écologique d’un site pour les raisons suivantes:

– la majorité des espèces peuvent être facilement identifiables.

– l’écologie de 95 % des espèces françaises est connue (habitats occupés, alimentation des larves, traits de vie).

– il existe une base de données où figure plus de 900 espèces et les informations concernant leur écologie (période de vol, développement de larves, types d’habitats, de micro-habitats occupés…).

– contrairement à d’autres groupes d’insectes, les syrphes sont présents sur une large gamme de types d’habitats. Les informations écologiques disponibles attestent d’un haut degré de fidélité écologique de nombreuses espèces. Les syrphes peuvent fournir des informations sur toutes les strates verticales d’un milieu, des zones racinaires de graminées à la canopée des arbres en forêt.

– les trois groupes trophiques sont présents chez les larves de syrphes : espèces zoophages, phytophages et saprophages. Cette particularité, au sein de la même famille, permet de couvrir les trois groupes trophiques fondamentaux d’un écosystème.

– en terme d’échantillonnage, il existe une méthode standardisée de collecte des syrphes par l’utilisation du piège Malaise.

– le temps de génération des différentes espèces (de 8 semaines à 2 ans), couplé à leur mobilité rapide et aux différents habitats occupés, font des Syrphidae un groupe qui donne des informations sur des changements à court (saisons) et à long termes des conditions du site.

 

Cette base de données Syrph the Net développée par le Docteur Martin C.D Speight permet donc d’évaluer de manière standardisé l’intégrité d’un habitat/d’un site par rapport à un état de référence suivant le principe ci-dessous :

Les espèces au rendez-vous, exprimées en pourcentage des espèces prédites, indiquent l’intégrité écologique de l’habitat ou de la station étudiée selon certains seuils. Les espèces expliquées (pourcentage des espèces au rendez-vous sur les observées) renseignent sur la qualité de la prédiction (description préalables des habitats + codage StN) et la représentativité des habitats du site à l’échelle des paysages. L’analyse des traits de vie des espèces manquantes permet d’identifier les caractéristiques non présentes des habitats et ainsi identifier les axes de gestion à développer/améliorer (manque de bois morts, de vieux arbres, dysfonctionnement hydrique…).

Cette méthode repose donc sur une analyse comparative simple et une bonne connaissance de la biologie des espèces de syrphes.

 

Ainsi, en 2016, 3 tentes Malaise ont été posées par le Conservatoire d’espaces naturels de Picardie sur le site de Reilly le 29 avril 2016. Ces tentes ont été retirées le 20 octobre 2016.  Bien que les conditions climatiques n’aient pas été idéales en début d’année (froid et pluie), ce piégeage passif a permis d’identifier 2382 individus pour 80 espèces. Parmi ces espèces, toujours d’après Speight (2015), 6 espèces seraient en déclin en Europe : Calliprobola speciosa, Cheilosia rufimana, Chrysotoxum elegans, Chrysotoxum verrali (photo ci-dessous), Microdon analis, Xanthogramma stackelbergi et 4 espèces seraient en déclin en France : Cheilosia rufimana, Chrysotoxum verrali, Parhelophilus frutetorum, Xanthogramma stackelbergi.

 

De plus, deux espèces sont dites « utiles pour l’identification des forêts d’importance internationale dans le domaine de la protection de la nature » d’après Speight (1989). Il s’agit de Brachyopa bicolor et de Calliprobola speciosa. On notera aussi la découverte d’une nouvelle espèce pour la Picardie Xylota abiens.

 

L’analyse de ces espèces pour l’intégrité écologique des milieux sera réalisée en 2017 avec un complément d’inventaires en début d’année afin de « compenser » le printemps non propice aux syrphes de 2016.

 

Pour finir, les punaises, araignées et coléoptères capturés par les tentes Malaise ont été triés et envoyés aux spécialistes régionaux pour détermination. A l’heure de la rédaction de ce bilan, une partie des punaises a été déterminée (par C. MOREL) ainsi qu’une partie des coléoptères (par J.C. BOCQUILLON).

photo CEN Picardie