Les Ammophiles (Hymenoptera, Ammophilinae)

 

Les Ammophilinae sont des Hyménoptères apocrites de la famille des Sphecidae. L’insecte ne passe pas inaperçu car sa forme fuselée, sa « taille de guêpe », ses couleurs vives (rouge et noir) sont caractéristiques. Les ammophiles sont d’une taille modeste : entre 12 et 35 mm, les femelles étant plus grandes que les mâles. Il existe environ 200 espècesdécrites dans le monde.

En France, moins de 10 espèces sont connues (Bitsch et al., 1997) :

  • Ammophila campestris (partout en France)
  • Ammophila heydeni heydeni (moitié sud de la France et Bretagne)
  • Ammophila heydeni rubriventris (ssp Corse uniquement)
  • Ammophila hungarica (Sud et Est de la France)
  • Ammophila laevicollis (Pourtour méditerranéen)
  • Ammophila modesta (Sud)
  • Ammophila pubescens (Partout en France mais observations sporadiques Nord/Sud). Belgique.
  • Ammophila sabulosa (partout en France)
  • Ammophila terminata (Ouest, Méditerranée, Est mais identifié sur Paris).

La base ClicNat (http://www.clicnat.fr/?page=fiche&id=11907) propose sur son site uniquement Ammophila sabulosa, l’espèce certainement la plus communément rencontrée.

A moins que cette dernière espèce ne soit tout simplement confondue avec d’autres : A. sabulosa, A. campestris, A. pubesens, A. terminata (espèces aux pattes noires) et A. heyderi (espèce à pattes rouges) sont donc potentiellement observables dans notre périmètre. Outre la couleur des pattes, la coloration du tergite n°3 et la forme de la 3ème cellule cubitale sont des critères complémentaires. Il reste cependant compliqué d’en tirer une simple conclusion sur photo (C. Villemant, com. pers. 2018).

Pour rencontrer l’adulte (phytophage) il faut scruter les fleurs de thym, scabieuses, centaurées. La période de vol la plus propice : juin à septembre.

L’espèce est surtout connue par sa biologie : elle accumule des chenilles paralysées dans son nid qu’elle creuse au sol, pond un œuf, puis rebouche l’entrée parfois en utilisant un caillou pour damer le sol à ce niveau. Jean-Henri Fabre a beaucoup écrit à ce sujet. La larve va s’alimenter de la chenille paralysée mais encore vivante. Les proies sont habituellement composées de chenilles, d’Hétérocères, d’Hesperidés et de Tentrèdes.

Afin de décrire ce comportement dont j’ai été le témoin cet été, je vous propose de le faire en image. L’insecte est farouche mais avec un peu de patience, l’Ammophile (ayant trouvé sa proie), revient vite sur les lieux de son méfait, observe, repart puis revient à nouveau.

 

L’insecte emporte la proie paralysée bien plus grosse que lui.

Positionnement de la chenille « ventre en l’air », face à la loge.

La proie est tirée au fond.

L’Ammophile rebouche consciencieusement la loge.

ni vu, ni connu… le cycle peut (re)commencer.

 

Bibliographie :

Bitsch, J. & J. Leclercq. 1993. Faune de France 79. Hyménoptères Sphecidae d’Europe Occidentale, volume I. Fédération Française des Sociétés de Sciences Naturelles, Paris, 325 pp.

Bitsch, J., Y. Barbier, S.F.Gayubo, K. Schmidt & M. Ohl. 1997. Faune de France. Hyménoptères Sphecidae d’Europe Occidentale, volume II. Fédération Française des Sociétés de Sciences Naturelles, Paris 1997. 429 pp., 76 planches, 154 cartes.

Fabre, J-H. Souvenirs entomologiques , Etude sur l’Instinct et les Mœurs des Insectes, Tome 2 réédition Sciences nat, 1986.