Mon merveilleux criquet et journée prenante, pleine de péripéties

Nous somme en aout 2008 précisément le 14, ce soir-là bien qu’étant à 50 kms à vol d’oiseau de Kourou, nous entendons le tir d’Ariane et même sentis des vibrations de sol. Ensuite quelques minutes plus tard nous avons assisté dans les cieux noirs à la séparation des réservoirs.

Photo : R. Boulanger

Cette nuit-là nous avions prévu une chasse dans une éclaircie marécageuse et prometteuse. Nous avons dîné tôt comme toujours car il se doit que le piège lumineux soit opérationnel dès 18h pour profiter des premiers insectes crépusculaires. Sur la piste, roulant trop vite, je ne peux éviter dans un virage un gros morceau de bois tombé, un des bouts formant un pointe et rentré dans le passage de roue droit de la Laguna et a terminé entre les jambes de mon passager. Plus de peur que de mal sauf au rendu de la location !

Nous arrivons à l’endroit repéré dans l’après-midi, au bout de la piste du PK28 sur la route de Kaw, mais à peine installé, nous sommes déjà assaillis par les moustiques. Étant debout près des lampes, ils nous laissent un peu tranquille mais  c’est une position inconfortable, malgré tout, nous collectons rapidement des odonates intéressants, une belle Hespérides ainsi qu’un papillon de jour assez rare Panacea bleuzeni sans doute dérangé de son support pour la nuit. Mais les agressions de moustiques sont insupportables. Par deux reprises nous nous réfugions dans la voiture, mais ils nous suivent et nous les tuons sur le tableau de bord et l’intérieur du pare-brise à coup de cartes routières. Nous essayons aussi de nous protéger avec des K-way mais ces petits vampires nous piquent tout de même au travers de nos pantalons et ainsi vêtus, avec  la chaleur, il est impossible de chasser correctement. Aussi,  nous abandonnons au bout de 2 heures cette chasse qui devait nous emmener au petit matin. Si nous avions insisté, on aurait retrouvé plus tard nos corps exsangues.

Comme tous les jours, cette journée avait commencé dès le lever du jour pour chasser le fabuleux Morpho Eugenia. Ensuite, nous avons arpenté la piste au Pk 40, trois ou quatre fois dans toute la longueur, collectant de-ci de-là une des neuf espèces de morpho présentent en Guyane, des gracieux heliconides et d’autres papillons et insectes. Avec de la chance un sphinx diurne.

Nous approchons midi et nous sommes sur le retour. A moins de 300 m de notre voiture, filet sur le dos, je presse le pas et je ne suis plus en action de chasse. Mais soudain à ma droite, quinze mètre devant moi ! Un petit éclair rouge-orange attire mon attention. Je me dirige vers l’endroit, mais rien, je me prépare à repartir mais instinctivement avec mon épuisette, je bouge les herbes du bas-côté et là, un superbe criquet s’envole et va se poser huit mètre plus loin, je veux le poursuivre, mais un fossé assez profond me fait obstacle et en voulant le franchir, dans la précipitation, je m’empierge dans les lianes au sol et je tombe lourdement. Je mets un certain temps à me relever et j’ai perdu mes repères, ou est-ce criquet ? S’il et encore là !

J’avance très doucement dans la direction qu’il avait prise et soudain il s’envole à cinquante centimètre de moi, je tente un coup filet, mais je raccroche le haut des herbes et je ne voie plus l’insecte. Je suis dépité car je n’avais jamais vue cette espèce de criquet et je ne l’ai d’ailleurs jamais revu lors de mes voyages suivants. Amer, je fais demi-tour mais je replace ma poche de filet et miracle, l’animal est dedans. Il aurait pu se sauver mais non, il attend sagement. C’est une énorme chance que j’ai réussi à attraper ce criquet dans ces conditions d’autant que j’étais certain de l’avoir raté.

Régis BOULANGER

Avant de prendre le temps de le mettre en sécurité, je serre la poche contre le manche de mon épuisette et je récupère, mon cœur bas la chamade, gros coup d’adrénaline surement.

Au bout de quelques minutes, je le collecte précautionneusement à la main et je le mets dans un bocal.

Ensuite je retraverse sans précipitations le fossé et je rejoins la voiture ou m’attend déjà mon compère. A la vue de ce superbe criquet, il sera admiratif et surement envieux.

Ce superbe et rare criquet se dénomme Aenelacris casternaulti.

Photo : R.B.

Merci à dame nature

Régis Boulanger