Les atteintes aux landes sèches du Bois de Tillet portées au cours du siècle dernier les laissent dans un état de conservation défavorable. Leur remise en état nécessite un programme de restauration important, guidé par une notice de gestion adaptée. Une partie de ces travaux sera réalisés dans le cadre des mesures de compensation environnementale liée la mise en deux fois deux voies de la RN2.
Nous portons à votre connaissance le diagnostic entomologique complet réalisé par l’ADEP sur une partie de l’année 2019.
Pour connaître la biodiversité entomologique présente, la ville de Crépy-en-Valois a commandé à l’ADEP un inventaire faunistique entrant dans le cadre du projet d’ABC (« Atlas de la Biodiversité dans les Communes ») et centré sur trois groupes d’insectes : les lépidoptères (Papillons), les orthoptères (Criquets, Grillons, Sauterelles) et les odonates (Libellules).
ADELSKI A., COLINDRE L., DEROZIER C. & PAGOT C. (2018) Inventaire des arthropodes du Parc de Géresme et de la pelouse des remparts, Crépy-en-Valois (Oise, 60) Atlas de la Biodiversité Communale, 34 p.
Le Dimanche 19 avril 2020 au matin, je sors dans mon jardin pour en faire le tour comme il m’arrive fréquemment de le faire, surtout avec le soleil généreux du moment. De suite je vois un grand papillon se diriger vers un coin ou j’ai laissé pousser des phacélies. Pensant d’abord à un Machaon, en m’approchant de l’individu qui vient de se poser sur les fleurs, je m’aperçois qu’il s’agit d’un Flambé (Iphiclides podalirius). Je cours chercher mon appareil et j’ai le temps de l’immortaliser avant qu’il finisse par redécoller et continuer sa route.
Le Flambé, jusqu’ici cité plutôt dans le sud de l’Aisne et de l’Oise, vient de faire un bond vers le nord jusqu’en soissonnais où peut-être il deviendra plus fréquent à la faveur du climat plus clément de ses derniers temps.
Connaissez vous les « larves à queue de rat » ? Les Diptères, Syrphidae avant d’être adultes, pondent dans l’eau, y compris dans des milieux « sales », eutrophisés (photo ci-dessous).
Mais aussi : les mares temporaires, les eaux croupies, les abreuvoirs à bovins, les récupérateurs d’eau, etc.
Cet appendice est très long et fonctionne comme un « tuba » pour respirer sous l’eau.
Une fois leur cycle terminé, les larves s’en vont nymphoser non loin pour devenir de belles mouches nectarifères, et devenir comme ça :
Il existe d’autres Syrphes présentant cette caractéristique : les Helophilus : mais la larve reste plus petite ainsi que les Diptères Stratyiomidae.
Je reconnais que ce reportage n’a rien de « ragoutant » mais reconnaissez de votre côté qu’il s’agit là d’une singulière particularité ! D’autre part ces larves possèdent un atout de taille : elles participent à la dégradation de la matière organique et les adultes à polliniser. Deux bonnes raisons de ne pas les tuer.
Tout a une utilité dans la nature ! Il suffit de trouver laquelle !
Remerciements à Damien TOP pour ses précisions sur les Syrphes.
La recherche des punaises dans le département de l’Oise prend bien des chemins. Battage par parapluie japonais, fauchage au filet fauchoir, piégeage divers, observation à vue… Nombreuses sont les techniques et chacune est efficace sur différentes familles de punaises.
La connaissance des habitudes hivernales de certaines pour les rechercher spécifiquement peut s’avérer très utile voir même rendre leur découverte très facile. C’est partant de ce constat que la proposition de rechercher une espèce bien particulière avait été faite il y a maintenant presque trois ans par le biais d’une note dans le bulletin de l’association. « Le tigre du platane » Corythucha ciliata (Say, 1832) présente en effet une particularité comportementale le rendant aisé à détecter en période froide. IL se rassemble fréquemment et en grand nombre sous les écorces des platanes (Platanus sp). Ces écorces étant naturellement déhiscentes, elles constituent des cachettes faciles d’accès pour les punaises et faciles à l’examen pour l’entomologiste qui cherche à cibler spécialement cette toute petite espèce de la famille des Tingidae.
Le département de l’Oise est actuellement le seul des trois départements de Picardie a avoir fait l’objet d’un début de recherche systématique. Les résultats sont assez éloquents et évoquent dès à présent une présence pérenne et systématique sur tous les supports arborés adaptés en milieu urbain. Même le platane unique perdu au milieu d’un parc urbain peut héberger ne serait-ce qu’un individu ce qui est suffisant pour attester de la présence de l’animal.
Chaque déplacement en ville peut donc faire l’objet d’une rentabilisation: vous voyez un platane, vous examinez quelques belles écorces sur le point de se détacher. Si l’écorce se détache partie basse en première alors rares sont les tentatives infructueuses.
Désormais une quarantaine de mentions circonstanciées ont été produites dans le département. Une recherche plus poussée permettra sans aucun doute de multiplier fortement ce résultat. A vos platanes !
Amateur de photo et de nature, l’apparition de petits APN de qualité m’a permis de m’intéresser à la flore et à la faune du jardin et de la maison.
Bien sûr, légender ces photos m’est apparu indispensable. De là, des demandes d’identification sur le forum « Le Monde des insectes » puis mon inscription à l’ADEP.
Très vite, l’envie d’inventorier la flore et la faune présente m’est venue et j’ai vite été étonné par la diversité de celles-ci ! Toute la famille a été mise à contribution, avec énormément d’efficacité, surtout pour les araignées…
Le lieu : une maison dans un village de l’Oise (60), complètement ceinte de murs, avec un petit jardin devant et derrière, un ru à proximité et des forêts de chaque côté.
Le bilan des observations porte sur une dizaine d’années. Parmi ces observations, il y a certainement un certain nombre d’espèces «importées » (bois de chauffage, récoltes de champignons, voitures, etc).
Le résultat brut est étonnant, à ce jour, plus de 1600 taxons différents.
Les déterminations dans les cas compliqués, ont été faites par des spécialistes, notamment membres de l’ADEP, ou participants des forums « Le Monde des insectes » et « Diptera.info » ; un grand merci à eux, sans qui ce document ne pourrait exister.
Voici un bref aperçu des observations :
Des résultats plus approfondis seront publiés dans un futur bulletin de l’ADEP.
Une dernière « chasse » lumineuse pour cette fin d’année a été organisée par l’ADEP afin de parfaire notre connaissance sur les hétérocères présents sur le site du Bois de Tillet (F.D. de Rêtz, Oise 60).
C’est Carole qui, fonction de la météo du jour, a rapidement organisé cette dernière séance d’inventaire et que nous remercions ici. Thibaud Daumal a répondu présent et est venu parfaire le dispositif d’une troisième lampe.
A cette saison le soleil décline rapidement mais les températures restent encore douces (17°C lors de notre arrivée à 20 h 45 et 13°C à 0 h 00). Peu de lune mais une brise malvenue…
Cette mobilisation a permis de recenser une petite quarantaine d’espèces dont 7 sont d’intérêt ou liées au milieu landicole.
Sur l’invitation de notre collègue et ami, Thibaud Daumal, une visite du coteau de Lataule a été organisée cet été. Situé dans l’Oise, à quelques kilomètres de la commune de Gournay sur Aronde, ce magnifique « larris » calcaire (non conventionné) de plusieurs hectares, abrite nombre d’espèces d’intérêt patrimonial.
C’est sous le regard malicieux d’un renard et sous les regards amusés des participants, que nous avons Josiane Chatelain (ABMARS/ADEP), Dominique Potier (ABMARS), Eric Cagniache (Sté Linéenne) et moi-même, suivi Thibaut et emprunté le sentier d’accès menant sur le point culminant dévoilant une vue sympathique des lieux.
Après quelques temps, plusieurs espèces retiendront notre attention :
Nous avons vu un minimum de 20 individus adultes (potentiellement jusqu’à 50 individus sur toute la zone ?). Ce qui est de loin le record observé sur le site.
Nous n’avons vu et entendu que 2 mâles. C’est très faible par rapport à d’habitude sur ce site et probablement lié à la canicule de la semaine dernière. Les 2 seuls chanteurs étaient côté nord de la butte, ce qui est assez original et probablement significatif.
Ces trois espèces sont sur la liste rouge européenne de l’UICN (2016), la liste rouge régionale de la faune menacée de Picardie (2016). Ce sont donc des espèces déterminantes de l’inventaire ZNIEFF.
Ce papillon est inscrit sur la liste rouge européenne de l’UICN (2010), la liste rouge des Rhopalocères de France métropolitaine (2012). Espèce déterminante de l’inventaire ZNIEFF mais notée comme commune dans le livre des Rhopalocères Tome 1 (Adep, Duquef et al. 2004). A surveiller donc…
Un espace patrimonial comme celui-ci, situé au cœur du plateau Picard n’est pas légion et recèle du potentiel… Il mériterait certainement une surveillance et des visites régulières afin de parfaire notre connaissance. Nul doute que certaines espèces pourraient encore créer des surprises.
Oxycarenus lavaterae, ou punaise du tilleul, est originaire du bassin méditerranéen. Depuis les années 1980 l’espèce a entamé une spectaculaire progression vers le nord, sans doute liée au réchauffement climatique qui permet sa survie hivernale. Le trait le plus typique de son comportement est le regroupement de centaines ou de milliers d’individus entassés et serrés les uns sur les autres sur des troncs de tilleuls dès l’automne pour hiverner.
A l’heure où de nombreux organismes rendent des rapports sur la perte de la biodiversité à travers le monde, où les scientifiques confirment cet effondrement du vivant, que les associations locales de France constatent ce phénomène chaque jour sur le terrain, nous continuons à prendre des mesures inutiles et destructrices pour notre flore et notre faune.
Si la fauche des bas-côtés est parfois nécessaire dans les endroits stratégiques afin d’assurer la sécurité routière, elle ne l’est pas, sous prétexte que la « mauvaise » herbe fait « sale » ! Elle détruit de manière considérable notre entomofaune, et pas que…
Les accotements sont des « puits de vie » et un refuge pour insectes, reptiles et micromammifères.
J’ai pu voir des fauches mécaniques cet été dans les Alpes (photo ci-dessous) jusqu’en pleine forêt ! Du grand n’importe quoi ! Cette flore gêne qui ?! Elle est pourtant indispensable à la biologie des insectes (pollinisateurs), au développement des chenilles, etc… La diminution de cette biomasse entomologique ne profite pas non plus aux principaux prédateurs que sont les oiseaux. Il ne faut pas alors s’étonner de voir diminuer de manière inquiétante leur population à leur tour…
!!!
Les plantes des bords de route, utiles aux insectes de tous ordres, ne peuvent accomplir leur cycle biologique complet (fleurs, graines) si elles sont systématiquement fauchées : appauvrissement de la biodiversité végétale et par conséquent des espèces inféodées aux plantes disparues.
Les fauches de nos bas-côtés ne doivent plus être AUTOMATIQUES. Elles permettraient aux services de l’Etat de gagner du temps pour d’autres tâches, d’y gagner économiquement (moins de machines et par conséquent moins de carburant). L’arrêt de ces pratiques permettrait d’éviter une hécatombe de notre biodiversité locale, le tout, dans un cercle vertueux.
Un exemple : ce papillon, le demi-deuil Melanargia galathea (Linnaeus, 1758) , découpé par l’engin mécanique porte malheureusement bien son nom…