On entend beaucoup parler des guêpes en cette année si particulière. On entend beaucoup de choses sur elles, parfois vraies, souvent fausses…
Un article de presse très intéressant paru dans « 20 minutes » intitulé : Prolifération de guêpes : « Le confinement n’a rien à voir, et l’hiver doux pas beaucoup plus ». tire au claire les particularités par la voix de Quentin Rome, entomologiste au Museum National d’Histoire Naturelle :
Si le dimorphisme sexuel est marqué, la livrée du mâle ne passe pas inaperçue. Zébrée longitudinalement de noir et blanc, cette petite Salticidé (5 à 7 mm) se trouve sur les écorces (ici sur un tronc d’arbre bien exposé).
Pseudicius encarpatus mâle, Photo LC
L’espèce semble peu commune avec seulement 3 observations picardes (base ClicNat). Le mâle de la photo a été observé à Pierrefonds fin mai 2020.
Femelle Photo : Luc Gizart sous licence CC site www.internet insecte.org
Citer une espèce nécessite de respecter la règle de nomenclature zoologique. Le nom d’une espèce est décrite selon : le genre, l’espèce et l’autorité. Exemple :
Formica rufa Linné, 1758
Le genre : « Formica » qui regroupe plusieurs espèces de mêmes caractéristiques anatomiques, « l’espèce » : rufa et enfin, « l’autorité » : qui est le nom de la personne qui a décrit l’espèce suivi de l’année de sa description.
Mais attention : l’utilisation des parenthèses pour l’autorité est codifiée. Si l’autorité apparait entre parenthèses, cela signifie que l’espèce a été transférée de genre depuis sa description. Dans le cas contraire, il n’y en aura pas comme dans notre exemple ci-dessus.
Pour l’espèce Lasius niger, qui a été décrite comme « Formica nigra » par Linné lui-même en 1758 puis redirigée vers le genre Lasius postérieurement. L’autorité est donc entre parenthèses.
Lasius niger (Linné, 1758)
Si cela peut paraître complexe (voir complètement inutile, comme certains le disent) c’est une des règles du code international de nomenclature zoologique.
Ainsi vous n’aurez plus de questionnement quand vous verrez apparaitre à la fois les deux formes dans les listes d’espèces présentées ici ou là sur ce site, dans les articles scientifiques, le bulletin de l’Adep ou autres.
Connaissez vous les « larves à queue de rat » ? Les Diptères, Syrphidae avant d’être adultes, pondent dans l’eau, y compris dans des milieux « sales », eutrophisés (photo ci-dessous).
Milieu de la découverte : une fosse à lisier où stagne une eau des plus sales qui soit !
Mais aussi : les mares temporaires, les eaux croupies, les abreuvoirs à bovins, les récupérateurs d’eau, etc.
Cet appendice est très long et fonctionne comme un « tuba » pour respirer sous l’eau.
Une fois leur cycle terminé, les larves s’en vont nymphoser non loin pour devenir de belles mouches nectarifères, et devenir comme ça :
Syrphe du genre Eristalis Photo LC
Il existe d’autres Syrphes présentant cette caractéristique : les Helophilus : mais la larve reste plus petite ainsi que les Diptères Stratyiomidae.
Je reconnais que ce reportage n’a rien de « ragoutant » mais reconnaissez de votre côté qu’il s’agit là d’une singulière particularité ! D’autre part ces larves possèdent un atout de taille : elles participent à la dégradation de la matière organique et les adultes à polliniser. Deux bonnes raisons de ne pas les tuer.
Tout a une utilité dans la nature ! Il suffit de trouver laquelle !
Remerciements à Damien TOP pour ses précisions sur les Syrphes.
Dans la revue de l’ARC (Agglomération de la Région de Compiègne) bulletin annuel 2020 est paru un encart page 27 : Notons la distribution de 2000 pièges à frelons asiatiques. Nous voulions revenir sur ce point. Un article très instructif réalisé dernièrement et paru dans le dernier bulletin de l’ADEP, nous apprend que sur 365 arthropodes piégés, on comptait seulement 16 frelons asiatiques ! Je vous laisse donc le soin de multiplier ces chiffres par 2000… La lutte contre le frelon asiatique ne doit pas faire oublier que bien d’autres insectes pollinisateurs sont sacrifiés (158 hyménoptères, 126 diptères etc) prouvant que l’alcool n’éloigne pas les abeilles….Il n’est donc pas nécessaire de faire plus de mal et déconseillé de pratiquer ce piégeage.
Une observation « numérique » (Gazé, Aporia crataegi) par L COLINDRE
Phaeostigma notata, la « mouche-serpent » (Raphidiidae) par L COLINDRE
Découverte de Lithurgus cornutus en Hauts-de-France (Hymenoptera, Apoidae, Megachilidae) par D. TOP et D. BOYS
Une petite route fleurie en Thiérache (Hyménoptera, Apoidae) par E. VIDAL
Contenu de pièges pour frelons asiatiques, Vespa vetulina par M. BERTRAND
Première constatation de la reproduction de Zoropsis spinimana dans l’Oise (Araneae, Zoropsidae) par M T’Flachebba
Opilions de Picardie, quelques observations, note 2 (Arachnida, Opiliones) par E VIDAL
Une minuscule « araignée sauteuse » en Picardie, Talavera inopinata et autres esepèces compagnes thermophiles (Araneae, Salticidae) par N VANSTEENE et E VIDAL
Découverte de l’araignée Theridion harmsi dans la Somme (Araneae, Theridiidae) par M CHAVERNOZ
Les Anthaxia des genêts en Picardie (Coleoptera, Buprestidae) par J.-C BOCQUILLON
Découverte d’Exocentrus punctipennis et Pogonocherus decoratus en Picardie maritime (Coleoptera, Cerambycidae, Lamiinae) par D FACON
Calamobius filum, un insecte en expansion dans le Nord de la France et en Europe (Coleoptera, Cerambycidae) par D FACON
Une dernière « chasse » lumineuse pour cette fin d’année a été organisée par l’ADEP afin de parfaire notre connaissance sur les hétérocères présents sur le site du Bois de Tillet (F.D. de Rêtz, Oise 60).
C’est Carole qui, fonction de la météo du jour, a rapidement organisé cette dernière séance d’inventaire et que nous remercions ici. Thibaud Daumal a répondu présent et est venu parfaire le dispositif d’une troisième lampe.
Thibaud en pleine installation. Photo LC.
A cette saison le soleil décline rapidement mais les températures restent encore douces (17°C lors de notre arrivée à 20 h 45 et 13°C à 0 h 00). Peu de lune mais une brise malvenue…
Allumage. Photo LC.Carole en pleine détermination. Photo LC
Cette mobilisation a permis de recenser une petite quarantaine d’espèces dont 7 sont d’intérêt ou liées au milieu landicole.
Catocala faxini, (La Lichénée bleue) une espèce déterminante ZNIEFF. Photo LCLe Sphinx du liseron (Agrius convolvuli), commun mais toujours impressionnant au drap ! Photo LC
Quelques chenilles dont :
Chenille de la Noctuelle de la Myrtille (Anarta myrtilli). Sur la liste rouge de Picardie, espèce déterminante ZNIEFF. Cliché : James Lindsey sous licence CC BY-SA 3.0
Originaire d’Asie, l’espèce s’est rapidement répandue en Europe de l’Est dès 2003 (Bull. SV, 2018) : Hongrie, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Ukraine, Serbie, etc. et maintenant l’Europe de l’Ouest : Italie, Pays-Bas, Allemagne, Autriche, Belgique (en 2013), France dès 2017 (Legrand, 2017).
La première donnée confirmée dans l’Oise nous provient de notre collègue J.-L. Hercent à Villers St Paul (Oise, 60) en 2018, puis l’espèce est redécouverte cette année par M. T’Flachebba toujours dans l’Oise.
En Italie, les études démontrent que le transport routier est bien l’une des principales causes de dispersion rapide de l’insecte dans le pays. Des ormes défoliés ont été observés dans les zones de stationnement d’autoroute où les véhicules (voitures et camions) s’arrêtent souvent en transit en provenance d’Europe centrale (Zandigiacomo et al, 2011).
Imago. Cliché : Thomas Legrand, photo sous licence CC BY NC
L’espèce est multivoltine et produit probablement au moins quatre générations par an. Sa reproduction est donc rapide et les larves sont nombreuses (Zandigiacomo et al, 2011). Ces dernières, exclusivement phytophages, s’attaquent aux populations d’ormes (Ulmus).
Larve. Stephan M. Blank (2009) photo sous licence CC BY SA 3.0
La graphiose de l’orme qui a atteint l’Europe depuis les années 70 a déjà éliminé une grande partie des ormes adultes. Nul doute que les jeunes populations subsistantes d’ormes lisses ou blancs (Ulmus laevis Pall., 1784) et d’ormes champêtres (Ulmus minor Mill., 1768) encore présentes dans nos régions, n’avaient pas besoin de ça…
Le « zig-zag » d’où est tiré le nom vernaculaire, évoque les dessins caractéristiques que réalisent les larves (= fausses chenilles) en s’alimentant (cf. photo ci-dessous).
Cliché de Mathieu T’Flachebba
Ci-dessus, détail de la photo sous contraste qui permet de mieux voir la forme caractéristique de la découpe.
Il s’agit d’un insecte que nous pouvons facilement identifier lors de nos inventaires du moins au stade larvaire. A ce jour, les informations sur sa dispersion sont fragmentaires et nous ne connaissons pas encore l’impact de cet hyménoptère invasif sur les ormes. L’espèce est saisissable dans la banque de données ClicNat, ce qui permettra rapidement de mieux appréhender le phénomène.
A suivre…
Remerciements à Mathieu T’Flachebba pour l’utilisation de sa photo.
Bibliographie et sites internet :
ZANDIGIACOMO P, CARGNUS E, VILLANI A. (2011) – First record of the invasive sawfly Aproceros leucopoda infesting elms in Italy. Bulletin de Insectology 64 ( 1): 145-149.
LEGRAND T, (2017) – Nouvelle espèce invasive pour la France, La Tenthrède zigzag de l’orme AprocerosleucopodaTakeuchi, 1939 (Hymenoptera, Tenthredinoidea, Argidae). Bulletin de la Société Entomologique du Nord de la France, n°365 –4ème trimestre 2017, pp. 10-12
Pour l’acheter et le recevoir, merci de vous adresser directement au secrétariat de l’association via l’adresse suivante :
secretariat@adepentomo.fr
Au sommaire de ce numéro :
Variabilité et risques de confusion chez Grammoptera ruficornis (F. 1781) et Grammoptera abdominalis (Stephens, 1831), (Coleoptera, Cerambycidae) par D. Facon.
Observations de diptèresSyrphidae, Stratiomyididae et Asilidaedans l’Aisne (02) par C Vanppelghem.
Une épeire verte bien rare (Araneae, Araniella) par N. Vansteene (=Araniella inconspicua (Simon, 1874)).
Observation du fourmilion Distoleon tetragrammicus dans l’Aisne par N. Vansteen.
Une punaise méridionale s’installe dans le soissonnais par N. Vansteen (= Holcogaster fibulata).
Quelques observations sur Sceliphron curvatum F. Smith, 1870 par J.-C. Bocquillon.
Note sur le statut et l’écologie de Temnothorax interruptus (Schrenck, 1852) (Hymenoptera, Formicidae) par L. Colindre.
Huit araignées nouvelles pour la France découvertes en Haut-de-France (Arachnida, Araneae) par E. Vidal.
Première observation de Mecostethus parapleurus (Hagenbach, 1822) dans le département de l’Oise et la région Haut-de-France (Insecta, Orthoptera) par A. Adelski.
Monchy-Humières en lumière par C. Derozier & C. Pagot. (= hétérocères, Oise 60).
Contribution à la connaissance du patrimoine naturel picard : synthèse de relevés lépidoptérologiques dans la Somme, l’Oise et l’Aisne (Lepidoptera Rhopalocera & hétérocera) par G.C. Luquet.
Etude des lépidoptères du département de l’Aisne (02) par A. Pucci.
Contribution au recensement du genre Carabus en Picardie (suite) par A. Pucci.
Cinq espèces de Coccinellides redécouvertes en Picardie par J.-P. Coutenceau.
Encore des buprestes en Picardie ! par P. Antheaume.
Deux intéressantes captures estivales dans la Vallée de l’Automne (Oise 60) : Leptura quadrifasciata L. & Cryptocephalus primarius Har. par J.-C. Bocquillon.
Conservation de la diversité entomologique. Compte rendu de la journée d’études du 6 mars 1993 par J.-C. Bocquillon.
Deux espèces de fourmilions recensées en Vallée de l’Automne par J.-C. Bocquillon.
Une prospection nocturne en bordure du camp de Sissonne (Aisne 02) par G. Lecocq.
Des scorpions dans l’Oise ? par P. Buchart
Eco-éthologie de différents bourdons (Bombus sp) par B. Himpens.
De drôles de petites formes par P. Dusquesne.(= insectes Cynipidae, hyménoptères ténébrants).
L’épeire fasciée dans le département de la Somme (80) par G. Dron (=Argiope bruennichi (Scopoli, 1772), épeire frelon).
Nouvelles données sur les araignées de la Somme (80) par F. Sueur.
Deux nouvelles stations pour l’épeire fasciée par M. Duquef.(=Argiope bruennichi (Scopoli, 1772), épeire frelon).
Brève note sur les Orthoptères de Picardie par F. Sueur.
Programme Vallée de l’Oise (extrait) avec l’aimable autorisation de son Directeur O. Hernandez par le CENP.
Journée caniculaire au camp de Sissonne (Aisne 02) par M. Fournal.
Insectes protégés sur le territoire national et en région Ile-de-France par l’OPIE.