Tous les articles par Laurent Colindre

Observation d’un Antherophagus sur la trompe d’un Bourdon !

Par Allan BARRIER & Nathalie GRATIEN

Le 25 mai, alors que nous prospections dans un massif d’Iris pour vérifier la présence de Mononychus punctumalbum (Charançon des Iris), à l’École de la Forêt, à Phalempin, où nous travaillons, nous avons trouvé un Bourdon sur une fleur semblant se nettoyer la trompe avec insistance. En regardant de plus près, une sorte de boule marron y était collée et ne semblait pas vouloir se décrocher. Étonnés par la scène, nous avons donc pris quelques photos, pensant tout d’abord qu’il s’agissait d’un parasite externe comme un acarien, par exemple.

En regardant les photos sur ordinateur par la suite, nous avons découvert que c’était un Coléoptère.

Étant novices en entomologie, nous avons fait quelques recherches dans des livres et sur Internet, mais sans grand succès. Heureusement, la rencontre avec des membres de l’ADEP nous a apporté la réponse : il s’agit d’Antherophagus.

Les recherches sur la biologie de ce genre ne furent pas simples non  plus…

De la famille des Cryptophagidae, il existe 3 espèces d’Antherophagus en Europe (A. pallens, A. silaceus, A. similis) identifiables par la forme de leur pronotum et leur pilosité. Nous ne nous risquerons donc pas à aller jusqu’à l’espèce.

Ce sont des espèces phorétiques hautement spécialisées avec des larves se développant parmi les détritus dans les nids de Bourdons.

Les adultes, floricoles, se nourrissent de pollen et de nectar. Les femelles s’attachent aux Bourdons en visite (sur les pattes, les antennes ou la trompe) pour être transportées jusqu’au nid et pondre dans les détritus dont se nourrissent leurs larves.

Des mâles ont également été découverts dans les nids qui servent certainement de lieu d’hivernage, mais peut-être aussi de lieu de reproduction.

Nous continuons nos prospections et espérons trouver encore des scènes insolites comme celle-ci !

Sortie ADEP : « Recherche des coléoptères saproxyliques du Mont Ganelon »

Dimanche 15 mai 2022.

Les coléoptères « saproxyliques » se définissent comme des insectes effectuant un cycle de vie dans la décomposition du bois mort. De ce fait, ils participent à la dégradation et au bon état de la forêt et de tout autre habitat. Il faut distinguer les insectes saproxyliques (ou saproxylophages) qui détériorent le bois « mort » des insectes ravageurs qui eux, s’attaquant au bois « sain ».

« Les insectes coléoptères, riches de 2663 espèces attachées à 74 familles en France, et qui dominent le cortège saproxylique avec les champignons, constituent­ ainsi un groupe indicateur fréquemment utilisé dans le monde forestier » (source MNHN, 2019).

L’état de conservation des milieux forestiers passent donc par une connaissance de la biodiversité et plus précisément de ce groupe « phare ».

Thierry et Jean-Hervé à la recherche de Coléoptères saproxyliques au pied d’un vieil arbre.

Pour l’évaluer, l’ADEP est missionnée pour effectuer une série d’observations et de déterminations. Des points géographiques spécifiques sont étudiés à l’échelle régionale. Quelques pièges ont été mis en place pour capturer les espèces crépusculaire et nocturnes. Ces méthodes de piégeage le sont sur des durées précises, sont encadrés dans le cadre de l’étude en cours et n’impacte pas les populations globales.

Contrôle d’un piège vitre sous un arbre mort.

Le piège vitre permet de récolter les insectes volants autour de l’arbre.

Pose d’un piège à interception.

Le piège à interception est une méthode permettant de pouvoir récupérer les individus se développant à l’intérieur du tronc d’un arbre creux et de récupérer les adultes émergeant à la fin de leur cycle larvaire.

Sphindus dubius : photo J. H. Yvinec
Agathidium-dicoideum Photo J. H. Yvinec

Parution : Les Abeilles et Guêpes du Loiret

Hyménoptères Sphéciformes par Romain Le Divelec, Jean-David Chapelin-Viscardi et Alain Larivière. Une coédition de la revue L’Entomologiste et de la Société pour le Muséum d’Orléans et les Sciences (So.MOS). Publié en 2022.

Un ouvrage de référence
• Un aperçu de la faune historique et un état des lieux de la faune contemporaine dans le département
• Une synthèse de plus de 17 000 observations loirétaines
• Fruit de 7 années de travail d’analyse, d’illustration et de rédaction

181 espèces traitées :
• Une fiche par espèce
• Macrophotographies d’au moins une espèce par genre
• Une analyse des communautés des grands ensembles écologiques loirétains

Un beau livre :
• Format à la française 16 × 24 cm
• 368 pages
• Plus de 280 figures couleurs (diagrammes, clichés d’insectes in natura, de spécimens de référence ou d’habitats)

Cet ouvrage est une somme de connaissances sur les Hyménoptères Sphéciformes du Loiret. A la croisée des chemins entre Guêpes et Abeilles, ce groupe d’insectes méconnu se révèle intéressant à bien des égards. A la fois pollinisatrices et chasseuses, certaines espèces participent activement à la régulation d’insectes dommageables aux plantes cultivées, notamment des Pucerons.

Un important travail de prospection a été mené dans le département depuis plusieurs dizaines d’années et 181 espèces ont été recensées à ce jour. Toutes sont présentées ici, afin de fournir au lecteur un maximum d’informations sur leur fréquence, leur biologie, leur écologie et leur période d’activité. Certaines espèces restent toutefois encore à découvrir. Une analyse des ensembles écologiques loirétains est également proposée dans l’ouvrage. Les Sphéciformes exotiques sont abordés et les espèces présentant un intérêt patrimonial sont mises en exergue pour une meilleure prise en compte de la biodiversité dans les actions d’aménagement et de gestion du territoire.

Cet ouvrage permettra enfin au non-spécialiste de se familiariser avec ces Guêpes discrètes, aux formes et aux couleurs diverses mais surtout aux mœurs passionnantes.

La publication de ce livre a été rendue possible grâce au soutien de la Société d’exploitation des réseaux d’assainissement (SERA – SUEZ Eau France), la Ville d’Orléans, le Conseil départemental du Loiret, la Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) Centre – Val de Loire, le réseau thématique de recherche EntomoCentre et la région Centre – Val de Loire.

Tarif de 25€ TTC (port en sus) pour les membres de la So.MOS et les abonnés de la revue L’Entomologiste (à jour de leur cotisation / abonnement).

Prix de l’ouvrage : 30 € TTC (port en sus)
L’ouvrage est à se procurer auprès de la Société pour le Muséum d’Orléans et les Sciences (So.MOS) : télécharger le bon de commande

Sortie ADEP à Bienville (Oise)

Une bien belle journée pour découvrir les milieux humides et secs de Bienville qui s’est déroulée dimanche 1er mai 2022.

Photo : LC

Carole, Jean-Hervé, Joël, Thierry et Laurent se sont concentrés sur les insectes saproxyliques, fourmis et tous ceux qui souhaitaient tomber dans les parapluies japonais !

Sous les yeux experts de nos collègues. Notez l’index et la détermination de Carole à ce moment précis ! Photo LC.
Sous le regard médusé d’une « araignée-crabe » Photo : LC
Beauté du paysage. Photo LC
Les entomologistes en action ! Photo LC

La journée se soldera par de nombreuses découvertes. Patience, nous reviendrons vers vous pour les résultats définitifs… mais en avant-première déjà deux belles découvertes :
– un Syrphe devenu très rare : Sphiximorpha subsessilis, dans les Syrphidae. Une découverte pour le département de l’Oise et des données datant d’avant l’an 2000 pour la Somme et l’Aisne. C’est une espèce patrimoniale liée aux vieux boisements.
– deux chenilles d’une belle et rare Noctuelle, trouvées sur chêne bien sûr : Dicycla Oo (le Double-Zéro).

Dicycla Oo (le Double-Zéro). Photo : Carole Derozier.
Une écoute religieuse du spécialiste des Coléoptères !Photo CD
Sphiximorpha subsessilis Photo : CD

Merci à Jean-Hervé pour l’organisation de cette journée.

Chartèves : un « spot » de biodiversité dans le Sud de l’Aisne à préserver !

Chartèves est situé sur un coteau de la vallée de la Marne à environ quinze kilomètres au Nord de Château-Thierry (sud de l’Aisne). C’est au début des années 2000, qu’une Réserve Naturelle Régionale (le coteau de Chartèves) a été créée. Un sentier surplombant la vallée permet aux promeneurs d’y découvrir une biodiversité exceptionnelle.

Herpétofaune, avifaune, entomofaune, etc. tout est réunis ici. Un milieu phare encore épargné par la plantation de la vigne…

Vue sur le coteau de Chartèves, du bord de la Marne. LC
Vallée de la Marne
Coteau de Chartèves

Photos : L Colindre.

Petite faune de nos jardins et villages

Voici un bulletin n° 32 « hors série » consacrée à l’entomofaune que nous pouvons trouver dans notre jardin ou village. Il s’adresse aux profanes, aux enfants et à tous les curieux de nature !

Pour recevoir un exemplaire « papier » n’hésitez pas à contacter l’ADEP, vous le recevrez directement par voie postale au prix de 5 euros (+ frais de port).

Bonne lecture !

Etre avec les abeilles

 Ciné-rencontre le samedi 18 septembre à 20h en présence d’Emmanuel Vidal de l’ADEP (Association des Entomologistes de Picardie)

A Compiègne, Cinéma Majestic, Place J. Tati

Bande-annonce :https://www.jupiter-films.com/film-etre-avec-les-abeilles-108.php

Plusieurs dizaines de personnes pour cette séance sur la vie des abeilles, les ruchers, les problématiques apicoles, les néonicotinoïdes, etc.

Emmanuel à donc du intervenir (seul) pour répondre aux multiples questions. Ces dernières, majoritairement ciblées sur l’apiculture. Le débat a eu l’avantage de faire prendre conscience de l’intérêt majeur des insectes pollinisateurs et de leur protection.

Mante religieuse

S’il y a bien un insecte connu par le plus grand nombre, il s’agit bien de la mante religieuse (Mantis religiosa). Il existe plusieurs espèces en France. Dans le Nord de la France seule notre fameuse « religieuse » est présente. En Picardie, nos trois départements lui offrent gîtes et couverts et il n’est plus rare de la voir dans les milieux chauds et secs, y compris dans nos jardins.

Mante religieuse, Photo L Colindre

Comme venue d’une autre planète, elle est parée d’une tête triangulaire rotative et flanquée de longues pattes ravisseuses souvent jointes (d’où la symbolique de son patronyme). L’insecte –volant- de 50 à 70 mm surprend toujours l’entomologiste qui la trouve sur son chemin. Encore faut-il voir l’animal qui se confond comme aucun autre dans son environnement. Son manteau vert (parfois grisâtre) et son immobilité lui assurent souvent une discrétion salutaire face aux prédateurs et l’observateur peu attentif passera très souvent devant l’insecte sans même s’apercevoir de sa présence !

Mante religieuse Photo L Colindre.

C’est surtout en septembre, époque de la ponte des femelles gravides à l’abdomen bien rempli de la future génération, que l’observation est la plus régulière. Mais il n’est pas rare d’en voir entre juin et octobre.

Ponte d’une femelle sous un nez de marche, Bienville 60 Photo L Colindre.

Ci-dessus, cette femelle observée sous un nez de marche d’une maison dans l’Oise (05 septembre 2021) qui finit son cocon (visible à droite de l’image), appelé « Oothèque » (sorte de « mousse » liquide qui durcit à l’air libre et dans lequel environ 200 à 300 œufs protégés émergeront en juin l’année prochaine).

« Vieille » oothèque. On y observe les loges ouvertes au centre. Photo : L. Colindre.

Quelques photos de Mantes que vous ne verrez pas en Picardie (pas encore !)

Ameles decolor. Provence 2014 Photo L Colindre.
Empusa pennata (le Diablotin). Provence 2014 Photo L Colindre.

Comportement atypique d’une grande sauterelle verte, Tettigonia viridissima (L., 1758).

Nous pouvons observer sur la photo ci-dessous, l’oviscape de cette femelle en position de ponte. Rien d’étonnant pour un adulte, mais ici, il s’agit d’une larve de grande sauterelle verte (bien qu’à un stade avancé du développement larvaire)… Remarquez la taille réduite des ailes qui dépasseront au stade imago, les genoux et l’abdomen.

Un comportement précoce (et inné) ?

Photos : L Colindre – Béthisy St Martin (60) le 27/06/2021.