Cette fois, lors de mon 8eme voyage dans ce département lointain, je décide enfin de visiter ces marais réputés.
Nous sommes en partie à résidence au Camp Caïman et nous côtoyons lors des repas, des ouvriers, menuisiers et autres compagnons qui travaillent journellement au village de Kaw, ils y construisent des décors pour un film qui sera tourné en cet endroit. Cela fait longtemps que je voulais visiter ces marais, mais là, le déclic en compagnie de trois autres amis se fait.
Nous contactons un organisateur et nous prenons un petit forfait, le but étant de voir les mythiques caïmans noirs (départ dans l’après-midi, retour dans la soirée)
A l’heure prévue, nous somme à l’embarcadère, je trouve le temps long ! Nous sommes à côté d’un emplacement où poussent de nombreux et vigoureux Moucou-moucou Montrichardia arborescens (L.) Schott, 1854, grande plante palustre. Ceux-là ont des fruits, ils ressemblent à un croisement d’ananas et de pomme de pin. J’entreprends d’en cueillir un pour y gouter, mauvaise idée, le gout et fortement astringent et j’apprendrais plus tard qu’il est toxique. Je cracherais pendant plus d’une demi-heure dans des mouchoirs en papier.
Enfin, le bateau arrive, nous embarquons avec six autres personnes dans une grande pirogue et direction le village du même nom, uniquement accessible de cette façon. Il n’est pas très grand mais Il y a tout de même quelques véhicules sur place. Les maisons typiques de Guyane, plutôt petites, portes et fenêtre à claire-voie, toit en tôles d’acier. Les habitants que je trouve fuyants vivraient de chasse et de pêche, mais certains doivent travailler journellement à Cayenne ou autres !
Nous restons une bonne heure sur place avant de reprendre la pirogue, direction le chenal (rivière de Kaw) pour la suite de la visite.
Nous naviguons au milieu de cette voie d’eau bordée partout d’herbacées et de plantes diverses. Nous voyons beaucoup d’oiseaux mais trop loin, sauf des grands hérons blancs, trop nombreux pour moi, ils seraient des prédateurs qui feraient des razzias des petits caïmans qu’ils engloutissent comme de vulgaires poissons. Perchaient sur des arbres morts alentour, nous voyons plusieurs fois l’Hoazin huppé, Ophisthocomus hoazin (Statius Müller, 1776) oiseau quasi préhistorique dont les jeunes ont des griffes aux ailes et l’oiseau possède un système digestif proche des ruminants. De plus, chose rare, les parents ont l’aide de 5 ou 6 assistants, souvent jeunes de couvés précédentes qui contribuent à la couvaison et à l’élevage des poussins au nid.
Plusieurs fois, nous observons des Cabiais appelés aussi « Capybara » Hydrochoerus hydrochaeris (Linnaeus, 1766), sorte de très gros rongeurs aquatiques pouvant peser près de 90 kg pour les plus gros. Ils vivent en bande toujours prés de l’eau.
Nous parcourons ainsi plusieurs kilomètre au bruit du moteur de l’embarcation, jusqu’à la nuit tombante, puis la pirogue fait demi-tour et nous revenons sur nos pas avec la nuit noire. A la lumière d’un fort projecteur, le guide scrute les bordures droites et gauches pour apercevoir les yeux des caïmans qui brillent la nuit. Plusieurs fois, la pirogues fonce vers la berge et s’arrête enfoncée dans la végétation. Presque à chaque fois, le guide attrape un petit caïman, le plus gros de la soirée fera un mètre vingt tout au plus. De toute façon il n’attrape pas les plus gros. Melanochus niger pouvant mesurer jusqu’à 4 / 5 mètres et peser 1300 kg
Contrairement aux crocodiles africains ou d’Asie, il n’est pas dangereux pour l’homme qu’il fuit, mais des accidents avec des grands spécimens peuvent arriver en cas de promiscuité.
Lors des arrêts, le petit caïman passe de mains en mains pour les photos souvenirs avant d’être relâché. Il peut mordre mais le guide explique une méthode de maintien efficace. A un moment un poisson attiré par la lumière saute dans la pirogue, c’est un poisson-chien, il n’est pas très grand, 25 cm mais cette espèce possède une denture impressionnante. Malheureusement, nous n’avons pas le temps de faire une photo, le guide l’a déjà rejeté à l’eau.
Nous apprendrons aussi que toutes les terres que nous voyons depuis l’embarcation dont des interminables pâtures plus ou moins inondées ou sont élevées buffles et zébus appartiennent au même propriétaire terrien, le plus gros d’ « Europe » !
Expérience à faire, mais ce n’est pas mon plus beau souvenir de Guyane.
Gros caïmans, anacondas, jaguars, pourtant présent sur les flyers, nous ne verrons point et nous rentrons à notre lieu de couchage finir la nuit pour dès le lendemain aller vers d’autres aventures.
Merci à Josiane (camp caïman) pour son accueil chaleureux et ses petits plats toujours savoureux.
2ème voyage, ma petite famille en Guyane : « Le Morpho de Florent, le Gecko de Tiphanie«
Février 2007, cela fait maintenant un an que je suis rentré de mon premier séjour sommes toute décevant à cause de la pluie incessante mais la blessure morale est cicatrisée ! Ce fut ma première expérience et j’en conserve le meilleur. Je sais aussi qu’avec un temps plus ensoleillé cela doit être bien mieux.
L’envie me reprend d’autant qu’un ami serait de la partie. J’espère y joindre d’autres partenaires, mais je ne trouve pas d’écho, finalement, je décide assez facilement ma femme d’y venir, elle aime voyager. Après tout, la Guyane vaut bien la Guadeloupe ou Bali ! Ce sera donc pendant des vacances scolaires, mes enfants Florent 13 ans & Tiphanie 11.5 ans seront aussi du voyage. Quelle date ? Nous hésitons pour les vacances estivales, début de la saison sèche et après renseignement auprès de mon ami Jean-François qui y est retourné avec son fils en août 2006, il nous confirme avoir vu voler des papillons. C’est donc décidé, ce sera en août, et nous serons donc cinq.
Nous sommes encore loin de la date de départ et les préparatifs sont moins stressant que pour mon voyage précèdent car maintenant, je sais ce qui est utile ou non. C’est donc le 10 aout 2007 que nous arrivons sur place. Dès la descente de l’avion, à l’entrée du hall de l’aéroport, il règne une odeur caractéristique et inoubliable de chaleur moite, moisissure, bois humide, difficile à définir, mais les yeux fermées, je suis certain de reconnaitre les lieux. Nous récupérons la voiture, une Laguna louée par avance et direction Simamary chez nos hôtes pour cette première partie du séjour. En, chemin, nous faisons le plein de provisions. Mais la voiture et déjà bombé par les cinq occupants et leurs bagages, nous en mettons partout jusque sur les genoux de ma femmes et des enfants.
Après s’être installé chez nos hôtes, Gerald nous invite pour le traditionnel ti’puch. Il a dans son jardin un petit citronnier qui donne des fruits guère plus gros que des balles de ping-pong, mais avec un citron, notre hôte…. fait quatre verres , Le rhum compense ! Les tournées s’enchaînent, et Il faut être persuasif pour quitter la table, prétextant la fatigue et le décalage horaire. Forcément, le matin je suis réveillé de bonne heure, et je collecte dans l’escalier qui mène aux chambres des insectes et papillons dont un énormes Saturnidae (Rechynthis) posé sur une poutre, et qui fera au réveil, l’étonnement de ma famille.
Pendant que ma femme trie les affaires et prépare les bagages pour la suite du voyage, nous allons prospecter le long du fleuve Sinnamary pour y collecter quelques papillons ; c’est un enchevêtrement d’herbes hautes avec quelques buissons, c’est marécageux et il s’y trouve nombre de cabanes qui contiennent presque tous un cochon pas toujours prêt d’une habitation sommaire, de toutes façon nous ne voyons personne et compte tenu de la faible faune entomologique nous somme vite de retour à notre base d’autant plus que les moustiques ne nous incitent pas à continuer cette exploration des lieux.
Plus tard, dans le séjour nous sommes sur la route de Kaw ? moi et mon compère, nous chassons très tôt les Morpho eugenia , uniquement visible un quart d’heure au lever du jour, ensuite nous rejoignons ma famille pour le petit déjeuner. Une fois tout le monde prêt, nous décidons de rejoindre les pistes ouvertes pour une balade de chasse. Nous jetons notre dévolu sur le PK 40. Il fait grand soleil et nous collectons vite divers papillons, beaucoup d’Héliconïdes dont Heliconius erato (L., 1758) que je trouve splendide, d’autres, ainsi que des insectes divers et bien sur les fabuleux Morpho. Justement, nous apercevons un grand planeur Morpho hecuba (L., 1771), il vole à 6 / 7 m de haut donc non abordable pour nos épuisette. Il se dirige vers la fin de piste ou sont resté ma femme et mes enfants. Florent s’essaie lui aussi à attraper des papillons. Ma famille est en haut d’un fort dénivelé et nous savons par expérience que les Hecuba maintiennent leur hauteur de vol et donc qu’il sera bien plus bas arrivé en haut de cette cote.
Il est à cinquante bons mètres, mais nous essayons de prévenir mon fils à grands renforts de cri, Florent….. ! Morpho ! À toi !
Nous ne voyons pas la scène à cause de la végétation, mais comme prévu, le papillon débouche devant Florent à deux mètres de haut. Avec la dextérité de sa jeunesse, il donne un coup de filet, le papillon est dedans, il cri de joie. Nous suivions le layon et nous ne sommes pas longtemps à le rejoindre. Nous le trouvons dépité, après avoir sorti le papillon du filet pour le montrer à sa mère, celui-ci dans un violent coup d’aile réussi à lui échapper, mon fil en pleure presque.
Plus tard, il aura d’autres occasions de captures.
Nous avons séjourné au camp Patawa, les propriétaires sont connus des entomologistes. Moi, je ne les apprécie pas, sans trop d’explication. Lors d’un repas, un groupe est présents, ce sont des amateurs de Cerambycidae et nous discutons un peu avec eux, ils nous indiquent un lieu où sont empilées des grumes (bois balata) et nous disent que nous y collecterons des Callichroma, espèces de jolis longicorne bleu-verts. Nous y allons et effectivement ces insectes sont présent en nombre, nous en collectons une douzaine. j’attrape aussi au vol un gros Elateridae, Chalcolepidius porcatus (L., 1787), ainsi qu’un énorme Euchroma gigantea (L., 1758) – (Buprestidae).
A un moment, je vois sur un tronc, un reptile à ma hauteur, il se croit bien caché par un écran de végétation. Je le saisi avec prestance, c’est un gros gecko vert et noir. Je le confie à ma fille pour des photos. Elle le prend sans hésitation et après quelques clichés, elle le relâche sur l’arbre qu’il gravi à grand vitesse jusqu’à la frondaison. Cela laissera à Tiphanie un agréable souvenir.
Après une bonne heure sur place, nous repartons direction Cacao vers d’autres aventures.